Témoignages "Cela interroge" : l'inquiétude des Américains face à la violence omniprésente lors de la campagne pour la présidentielle 2024

Ryan Routh, soupçonné d'une tentative d'assassinat contre Donald Trump, la semaine dernière à West Palm Beach en Floride, comparaît pour la deuxième fois, lundi. Rarement une campagne aura été marquée par un tel niveau de violence.
Article rédigé par Claude Guibal
Radio France
Publié Mis à jour
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Meeting de Kamala Harris, la candidate démocrate à l'élection présidentielle, le 20 septembre 2024 dans le Wisconsin. (DANIEL DESLOVER / MAXPPP)

Sur la scène de Cobb Energy Center d'Atlanta, en Géorgie, cet État du sud des États-Unis qui est l'un des pivots essentiels lors de cette élection présidentielle américaine, Kamala Harris fait son entrée applaudie par la foule, le 20 septembre.

Dans la salle, ses supporters et les agents du Secret Service, là, près de la scène, au fond de la salle. Et puis, ici, au milieu du public, le shérif, là des policiers, dehors des snipers, qui se font discrets. Le lieu et l'heure du rassemblement ont été tenus secrets quasiment jusqu'à la dernière minute. 

Pour la politologue Andra Gillespie, les États-Unis sont entrés dans une phase inquiétante. "On n'a jamais eu une élection présidentielle où un des candidats échappe à deux tentatives d'assassinat, et ce, en si peu de temps, pointe-t-elle. On doit s'interroger sur la facilité avec laquelle on peut acquérir une arme aux États-Unis ? Cela interroge aussi sur la maladie mentale, mais aussi sur la question de la violence politique… Pourquoi les gens pensent-ils que le meilleur moyen de vaincre leurs ennemis politiques est de pointer une arme sur eux ? Qu'on en soit arrivé à ce niveau est certainement un constat très triste", conclut la politologue. 

Tiffany, elle, est en colère. Cette démocrate n'en revient pas que Donald Trump n'ait pas bougé ses positions sur le contrôle des armes pour autant. "Quel genre de pression ç'a pu lui mettre ? On essaie de le tuer, et il fait comme si de rien n'était ? Si quelqu'un vous faisait ça, vous ne voudriez pas que ça change ? Vous ne voudriez pas mettre des limites à quelqu'un qui peut ça contre vous ?"

Des citoyens "inquiets pour la suite" 

À Atlanta, ville de Martin Luther King, assassiné en 1968 à Memphis, un centre est dédié aux principes de la non-violence. Luis Gardenal est venu en visiter le musée. Depuis l'attaque contre Donald Trump en Pennsylvanie en juillet, il ne veut plus aller à des meetings politiques. "J'étais au boulot quand ça s'est produit. Vous savez, c'est comme ceux qui se souviennent où ils étaient le 11 septembre. Je me suis dit : ‘C'est pour de vrai, ça ?’ Et puis quand il y a eu la deuxième tentative d'assassinat, je me suis dit qu'en fait, ce n'était pas un incident isolé. Et je pense que ça pousse à ce qu'il y en ait d'autres, et c'est ce qui m'inquiète pour la suite". 

Lorena, sa femme, ne sait plus que penser. 

"À un moment je me suis dit : ‘Est-ce que la violence n'est pas la solution ?' Ça a envoyé un message fort et déterminé."

Lorena, une habitante d’Atlanta

à franceinfo

"C'est effrayant d'y penser et de se demander, par exemple, est-ce que je veux ça ?, poursuit Lorena. Bien sûr que non. Vous ne voulez pas tuer qui que ce soit, mais bon sang, c'était un message fort…" Lorena s'arrête, puis fait une grimace gênée, comme embarrassée par ses propres contradictions. 

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