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Primaires démocrates aux Etats-Unis : comment Joe Biden a réussi son coup lors du "Super Tuesday"

Après plusieurs défaites, l'ancien vice-président de Barack Obama a fait un retour spectaculaire dans la course à l'investiture démocrate. Même si rien n'est encore joué, cette victoire permet à Joe Biden de s'installer dans un duel avec Bernie Sanders. 

Article rédigé par franceinfo
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Le candidat à la primaire démocrate, Joe Biden, s'exprime depuis Los Angeles après le Super Thuesday, le 3 mars 2020. (IMAGE PRESS AGENCY / NURPHOTO / AFP)

Il était donné politiquement mort il y a encore seulement deux semaines. Joe Biden a effectué, mardi 3 mars, lors du "Super Tuesday"un retour fracassant dans la course à l'investiture démocrate. L'ancien vice-président de Barack Obama a devancé son grand rival Bernie Sanders dans neuf Etats : au Texas, en Virginie, en Caroline du Nord, en Alabama, en Oklahoma, dans le Tennessee, en Arkansas, dans le Minnesota et le Massachusetts. Un Grand Chelem dans les Etats du sud du pays.

"Il y a à peine quelques jours, les médias et les commentateurs avaient déclaré la mort de cette candidature", a réagi un Joe Biden remonté à bloc. "Et bien je suis là pour le dire : nous sommes bien vivants", a-t-il ajouté sous les hourras et les applaudissements de ses supporteurs. Donnant un accent personnel à ces résultats, il a dédié ses victoires "à tous ceux qui ont été mis à terre, ignorés, laissés pour compte".

Cette remontée spectaculaire ne signifie pas pour autant que l'affaire est pliée : Bernie Sanders a remporté la Californie qui compte le plus grand nombre de délégués et la primaire n'est pas terminée. 

Il a profité de sa bonne dynamique

Après des résultats décevants dans l'Iowa, le New Hampshire et le Nevada, Joe Biden a remporté, samedi 29 février, très largement la primaire en Caroline du Sud avec 48,4% des voix. Un résultat sans appel qui lui a permis de combler partiellement le retard pris sur son adversaire, Bernie Sanders, après les trois premiers scrutins. L'ancien bras droit de Barack Obama était le favori dans cet Etat, où les Noirs, chez qui il est très populaire, représentent plus de la moitié de l'électorat démocrate. 

"En Caroline du Sud, Joe Biden a pu compter sur le soutien de James Clyburn, élu démocrate influent à la Chambre des représentants et le soutien de l’électorat noir, important dans cet Etat du sud", rappelle La Croix.

Il a bénéficié d'un calendrier plus favorable

Les Etats du "Super Tuesday" sont tombés à pic pour l'ancien vice-président d'Obama. "Joe Biden, c'est quand même un centriste, assure Nicholas Dungan, membre de l'Atlantic Council et de l'Institut des relations internationales et stratégiques (Iris). Les Etats du 'Super Tuesday' sont des Etats plus conservateurs que ceux qui ont déjà voté lors de la primaire." 

Bernie Sanders a gagné des Etats très à gauche comme la Californie et le Vermont mais le radicalisme de gauche voire le socialisme de Bernie Sanders n'est pas la tasse de thé de tous les démocrates.

Nicholas Dungan

à franceinfo

Effectivement, la remontée spectaculaire de Joe Biden s'explique par la sociologie différente de l'électorat de ce "Super Tuesday". "Joe Biden l'emporte parce qu'on arrive enfin sur un terrain qui lui est plus favorable : les Etats du Sud, où les Afro-Américains représentent une part importante de l'électorat", décrypte Lauric Henneton. Pour ce spécialiste des Etats-Unis, "le récit de l'élection aurait été très différent si les primaires avaient démarré dans l'Alabama ou la Virginie au lieu de l'Iowa et le New Hampshire, des Etats majoritairement blancs".

Il a cartonné chez l'électorat noir

C'est sans doute le point qui explique le mieux la remontée de Joe Biden : sa très grande popularité parmi l'électorat afro-américain. Le candidat démocrate l'avait d'ailleurs martelé pour tenter de dépasser ses deux premiers piteux résultats, début février, dans l'Iowa et le New Hamsphire : "Nous n'avons pas encore entendu les membres les plus engagés du parti démocrate : les Afro-Américains". Puis en Caroline du Sud, après sa première victoire dans cet Etat où les Noirs représentent une majorité des électeurs démocrates, il avait salué le "cœur" du parti démocrate. 

Le président des Etats-Unis, Barack Obama, et son vice-président, Joe Biden, le 20 janvier 2017. (J. SCOTT APPLEWHITE / AFP)

"La popularité de Joe Biden auprès des Afro-Américains s'explique de deux façons, analyse Lauric Henneton. Evidemment, parce qu'il est l'ancien vice-président de Barack Obama et donc son successeur. 'Voter Biden, c'est voter pour un troisième mandat d'Obama', comme le dit si bien mon collègue Jean-Eric Branaa [un specialiste de la politique américaine]."

La popularité de Joe Biden s'explique aussi par le fait que l'électorat noir est assez pragmatique et centriste. Joe Biden semble plus rassurant que Bernie Sanders, perçu comme un vote risqué.

Lauric Henneton

à franceinfo

"Joe Biden capitalise sur deux électorats fiables : les Noirs et les plus de 35 ans, qui ont un bon taux de participation", ajoute-t-il. 

Il a rassemblé les démocrates modérés 

Outre un électorat qui lui est plus favorable, Joe Biden a pu compter sur le ralliement et le soutien de plusieurs figures de la politique américaine. Sa victoire en Caroline du Sud a ainsi déclenché en quelques heures une dynamique extraordinaire, provoquant l'abandon des candidats modérés Pete Buttigieg et Amy Klobuchar. Et leur ralliement derrière sa candidature, avec l'autre ex-candidat Beto O'Rourke, ainsi qu'une cascade d'élus dont l'influence locale peut se montrer décisive.

Se posant en rassembleur, il leur a attribué en partie ses bons résultats mardi soir. "Les désistements de Buttigieg et Klobuchar, annoncés juste avant le 'Super Tuesday' ont permis aux électeurs modérés de se reporter sur Biden", commente Lauric Henneton. "C'est une forme de 'vote utile' : l'aile modérée s'est rassemblée derrière un unique candidat et se trouve plus solide face à Bernie Sanders", conclut-il. Dans la foulée du "Super Tuesday", le milliardaire Michael Bloomberg, autre grand modéré, a d'ailleurs annoncé qu'il abandonnait et se ralliait à Joe Biden.

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