Présidentielle américaine : Jill Stein, la candidate écolo qui drague les électeurs de Bernie Sanders
Ignorée des grands médias outre-Atlantique, Jill Stein a lancé sa deuxième campagne présidentielle. Cette fois-ci, la candidate écologiste espère bien convaincre les déçus du parti démocrate. Elle s'est confiée à francetv info.
Si vous vous intéressez de près ou de loin à la succession de Barack Obama à la présidence des Etats-Unis, vous avez forcément entendu parler de Donald Trump, d'Hillary Clinton, de Ted Cruz ou de Bernie Sanders. Mais Jill Stein, ça vous dit quelque chose ? Sans doute pas ! Contrairement aux mastodontes des primaires américaines, les caméras des grands médias sont rarement braquées sur elle, la "petite" candidate. Très à gauche pour les Etats-Unis, Jill Stein doit se contenter de la presse alternative, ou de quelques maigres minutes d'antenne sur CNN. L'écologiste n'est pourtant pas une nouvelle venue de la politique : c'est la deuxième fois qu'elle se présente à l'élection présidentielle.
En 2012, face au démocrate Barack Obama et au républicain Mitt Romney, elle avait déjà défendu les couleurs du Parti vert américain, pour finir à la quatrième place de l'élection avec seulement 469 501 voix, soit 0,36% des suffrages. Pas suffisant pour la décourager. "Je ne dis pas que je vais gagner, reconnaît-elle, interrogée par francetv info. Je ne retiens pas mon souffle, mais nous devons aller aussi loin que possible." Mais cette année, avec l'émergence d'"outsiders" comme Donald Trump et Bernie Sanders, elle croit pouvoir toucher davantage d'électeurs : "Cela montre que les Américains veulent autre chose."
En campagne contre "les puissances de l'argent"
Médecin de formation, Jill Stein s'est lancée dans la politique en 2002, lors de l'élection du gouverneur du Massachussetts, où elle avait déjà affronté le milliardaire Mitt Romney.
"Au début de ma carrière, en tant que jeune mère, j'étais très inquiète face à l'épidémie d'asthme, de cancers, de diabètes, de troubles de l'apprentissage, se souvient-elle. Je ne voulais pas juste donner des comprimés, alors je me suis impliquée pour essayer de traiter les causes de ces problèmes. Après avoir travaillé pendant près de quinze ans sur ces sujets, après avoir essayé de collaborer avec des élus, j'ai bien vu qu'ils ne travaillent pas pour nous, mais pour les puissances de l'argent."
Je me dis qu'au lieu de pratiquer la médecine clinique, je pratique la médecine politique.
Pour soigner son pays, Jill Stein propose son remède : "Un plan d'urgence pour l'emploi, un peu comme le New Deal qui nous a sorti de la Grande dépression". En convertissant les Etats-Unis aux énergies renouvelables et à l'agriculture durable, l'écolo veut radicalement transformer l'économie américaine. "Cela permettrait de renverser le cours du changement climatique et de rendre obsolètes les guerres du pétrole", assure-t-elle.
"Les mouvements sociaux sont bloqués par l'establishment"
Le discours n'est pas si éloigné de celui des partis écologistes européens, mais reste peu audible de l'autre côté de l'Atlantique. "Les mouvements sociaux sont bloqués par l'establishment politique, argumente Jill Stein. En gros, vous avez deux partis, le parti démocrate et le parti républicain, qui sont soutenus par les mêmes entités prédatrices : les grandes banques, les groupes pétroliers, les groupes pharmaceutiques, les groupes d'armement… La révolution ne se fera pas à l'intérieur de partis contre-révolutionnaires."
Dans son viseur : Wall Street. Un point commun avec un certain Bernie Sanders. Encore marginal il y a quelques mois, le sénateur indépendant du Vermont est parvenu à populariser son combat contre les inégalités économiques. Mais sans parvenir à convaincre suffisamment d'électeurs pour l'instant : le "socialiste", comme il se décrit, devrait certainement perdre l'investiture démocrate au profit d'Hillary Clinton. "Les démocrates sabotent les 'rebelles'", juge de son côté Jill Stein.
L'histoire le montre : toutes les campagnes qui sont allés à l'encontre du complexe militaro-industriel de Wall Street ont été et seront marginalisées.
Une main tendue à Bernie Sanders et à ses supporters
"En coulisses, ils font pire que les républicains, dénonce-t-elle. Ils donnent l'impression d'être gentils mais sous l'administration Obama, l'exploitation d'énergies fossiles a explosé, l'extraction est devenue délirante. Au moins sous Bush, il y avait une vraie résistance. Là sous Obama, tout le monde a été un peu endormi." Mais si l'écologiste ne porte pas le parti démocrate dans son cœur, elle n'est pas inattentive à l'évolution de Bernie Sanders : "Certains de ses soutiens vont finir par nous rejoindre", prédit-elle.
Depuis quelques semaines, elle multiplie les appels du pied en leur direction. Le 21 avril, elle a adressé une lettre ouverte (en anglais) à Bernie Sanders afin de lui proposer une "collaboration" pour "repousser les frontières du système jusqu'à un endroit où la révolution pourra véritablement prendre racine" : "Vous avez prouvé que, dans l'Amérique en mouvement d'aujourd'hui, un programme progressiste et proche du peuple couvert par les médias et les débats télévisés peut se répandre comme une trainée de poudre et ébranler les fondations de l'establishment politique, qui semblaient invulnérables juste quelques mois plus tôt." En courtisant les électeurs pas décidés à voter Hillary Clinton, elle espère enfin faire entendre sa voix.
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