Présidentielle américaine : trois erreurs qui ont peut-être coûté la victoire à Hillary Clinton
Programme ordinaire, excès de confiance et communication maladroite ont peut-être participé à la défaite de la candidate démocrate.
L'équipe de campagne de Hillary Clinton peut se poser des questions. Comment la candidate démocrate, donnée largement gagnante par tous les sondages pendants des mois, a-t-elle laissé la victoire à Donald Trump, dans la nuit du 8 au 9 novembre ? Les erreurs du camp démocrate n'expliquent pas tout, mais ont contribué à susciter la défiance des électeurs.
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Elle n'a jamais rompu avec Barack Obama (sans être Barack Obama)
Tout au long de sa campagne, Hillary Clinton a marché dans les pas de Barack Obama. Réduire les inégalités, faire payer les plus riches, continuer à intervenir à l'étranger… Malgré quelques emprunts à son rival des primaires Bernie Sanders, l'ex-secrétaire d'Etat a proposé un programme très ordinaire, taillé pour assurer la continuité plutôt que le changement, pendant que Donald Trump multipliait les propositions-chocs. "Le message le plus fort de la campagne Clinton est qu'elle était exceptionnellement qualifiée pour devenir présidente", analyse le Guardian.
Mais n'est pas Obama qui veut. En misant sur son expérience de la vie politique et sur la popularité du président sortant, au bilan pourtant mitigé, Hillary Clinton n'a pas réussi à susciter l'enthousiasme des électeurs. "Barack Obama avait remporté l'élection grâce à une campagne pleine d'espoir, son talent d'orateur et sa présence charismatique", rappelle le Globe and Mail (en anglais).
Les huit années de présidence Obama ont ensuite été marquées par une communication excessivement cool. Mais ces qualités font défaut à Hillary Clinton. Elle a beau être ambitieuse, intelligente, déterminée, et soutenue par des superstars comme Beyoncé et Lady Gaga, cela ne suffit pas à faire oublier son image de femme froide et calculatrice, éloignée des préoccupations des Américains. Et ses pantsuits n'y ont rien changé.
Elle s'est montrée trop confiante sur l'issue de l'élection
La plupart des sondages la donnaient gagnante jusqu'à la veille du vote et l'immense majorité de la presse la soutenait. Il était tentant pour Hillary Clinton de se voir déjà assise dans le Bureau ovale à la Maison Blanche. Mais cet excès de confiance lui a probablement coûté un bon nombre de voix.
"Signe de l'extraordinaire confiance dans sa position en tête de la course et de sa détermination à punir Donald Trump", selon le New York Times, la candidate démocrate a choisi de mener campagne dans des Etats traditionnellement conservateurs, plutôt que de sécuriser les bastions démocrates. Afin d'humilier son adversaire, Hillary Clinton a notamment dépensé plusieurs millions de dollars en publicité dans l'Arizona, l'Indiana et le Missouri, pour y être en fin de compte largement battue.
Obsédée par un adversaire agressif qui a donné le rythme de la campagne à coups de déclarations-chocs, d'insultes et de promesses intenables, Hillary Clinton en a oublié de soigner un électorat qu'elle croyait acquis. L'électorat latino, afro-américain et les jeunes n'ont pas été aussi emballés que ce que le camp démocrate espérait, explique CNN, qui fonde son analyse sur un sondage réalisé à la sortie des urnes. Auprès de ces trois catégories, Hillary Clinton recule de 5 à 6 points par rapport à Barack Obama en 2012, selon CNN.
Elle a tardé à dire la vérité
"Y a-t-il une seule histoire, réelle ou imaginée, que la campagne de Clinton ne puisse pas empirer ?", s'interrogeait l'analyste politique Jon Ralston, le 11 septembre 2016.
Is there a story, real or imagined, that the Clinton campaign can't make worse?
— Jon Ralston (@RalstonReports) September 11, 2016
Ce jour-là, Hillary Clinton quitte inopinément les commémorations des attentats de New York et manque de tomber en montant dans son véhicule. Son équipe attend plusieurs jours avant d'annoncer que la candidate souffre d'une pneumonie. Une erreur de communication grossière, qui apporte de l'eau au moulin de Donald Trump : il prétend depuis le début de la campagne que son adversaire cache une grave maladie.
La même erreur a été commise dans l'affaire des e-mails, relancée à intervalles réguliers par les déclarations du patron du FBI. "Si Clinton avait simplement dit 'je suis désolée' et expliqué tout ce qu'elle savait, nous n'en parlerions sûrement plus dix-huit mois plus tard", analyse le Washington Post. C'est une mauvaise habitude chez les Clinton, "un penchant pour le secret plutôt que pour la transparence", qui a probablement contribué à priver la candidate de la confiance des électeurs.
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