Etats-Unis : les parlementaires démocrates font un sit-in pour obtenir un vote sur les armes à feu
Ils exigent depuis jeudi de voter une loi prévoyant notamment d'examiner les antécédents des acheteurs d'armes à feu.
Soutenus par Barack Obama, des parlementaires démocrates ont organisé un inhabituel sit-in au Congrès américain, mercredi 22 juin. Objectif : protester contre le refus de la majorité républicaine de voter des restrictions sur la vente d'armes à feu, dix jours après la sanglante attaque d'Orlando. Plusieurs parlementaires se sont assis sur le sol moquetté de l'hémicycle des représentants. Ils ont exigé que la session parlementaire se poursuive jusqu'à ce que les républicains acceptent de procéder à un vote. L'émission BBC Breakfast en a diffusé les images sur Twitter.
Politicians have been staging a sit-in protest in the US Congress over gun control https://t.co/hVvB8fxkK5https://t.co/6u8K4coRmi
— BBC Breakfast (@BBCBreakfast) 23 juin 2016
Voici une autre vidéo diffusée par le site Politico.
Après avoir occupé la tribune pendant plus de quinze heures, ces parlementaires ont vu, tôt ce matin, la séance ajournée jusqu'à vendredi, sans avoir obtenu gain de cause.
Une image insolite
"Nous devons occuper l'hémicycle de la Chambre jusqu'à ce qu'on puisse agir", a déclaré John Lewis, élu noir de Géorgie et figure du mouvement des droits civiques dans les années 1960, avant de s'asseoir avec plusieurs de ses collègues. L'un d'eux a d'ailleurs publié une photo de ce geste spectaculaire dans une institution généralement respectueuse du protocole.
I'm on the House floor with @repjohnlewis & Dems staging a sit-in to demand action on commonsense gun legislation pic.twitter.com/byIivby5gG
— Rep. John Yarmuth (@RepJohnYarmuth) 22 juin 2016
"On doit parfois se mettre en travers du chemin. On doit faire du bruit en s'exprimant et en parlant fort contre l'injustice et l'inaction", a tweeté John Lewis
Sometimes you have to get in the way. You have to make some noise by speaking up and speaking out against injustice & inaction #goodtrouble
— John Lewis (@repjohnlewis) 22 juin 2016
Le président Barack Obama a retweeté l'élu en le remerciant de "mener (ce mouvement) sur la violence des armes au moment où on en a le plus besoin."
Les raisons de la discorde
Ce geste illustre le bras de fer entre démocrates et républicains autour du contrôle des armes. D'un côté, les démocrates veulent coûte que coûte organiser le vote sur leurs propositions pour limiter l'accès aux armes à feu. Elles ont été déposées après la tuerie d'Orlando, qui a fait 49 morts. Il s'agit notamment de généraliser les vérifications d'antécédents avant toute vente, ou interdire aux personnes figurant sur les listes de surveillance terroriste d'acquérir une arme.
En face, la majorité républicaine refuse ardemment toute remise en cause du droit de s'armer. Des propositions ont été rejetées, lundi 20 juin au Sénat, la chambre haute du Congrès, tenue par les républicains.
Les démocrates sont déterminés à faire le plus de bruit possible pour placer les armes à feu au cœur de la campagne des élections présidentielle et législatives du 8 novembre. Et les démocrates exigent qu'un projet de loi soit débattu avant les vacances parlementaires, qui doivent débuter à la fin de la semaine et se prolonger jusqu'au 5 juillet.
Une stratégie inhabituelle
Il s'agit d'une stratégie inhabituelle à la chambre des représentants, explique le Washington Post (en anglais). Les règles en vigueur au Sénat exigent que l'on ne puisse clore les débats sans l'accord de 60 sénateurs. Les Républicains, majoritaires, ne pèsent pourtant que 54 sièges au Sénat. Cela permet aux démocrates de faire de l'obstruction parlementaire, rendant difficilement gouvernable cette institution. Ainsi, les démocrates peuvent perturber les débats et faire pression pour obtenir l'examen d'amendements.
Une règle qui n'a pas cours à la chambre des représentants, où se tient le sit-in, et qui permet une gestion plus souple pour la majorité républicaine. Mais en bloquant physiquement les débats, les démocrates remettent en cause ce principe. Les républicains sont inquiets de voir se créer un précédent qui menacerait leur mainmise sur l'agenda des débats et des votes.
Ce mode de protestation, peu commun au Congrès, n'avait plus été employé depuis août 2008, quand les républicains, alors minoritaires, avaient réclamé un vote autorisant le forage en eaux profondes.
Les caméras coupées
Face à cette rébellion, le président de séance républicain a déclaré une suspension de séance, mercredi. La direction du Parti républicain, majoritaire à la chambre basse du Congrès, a ordonné l'extinction des caméras de télévision et la fermeture des micros afin d'obliger les protestataires à cesser leur mouvement. Si bien que la chaîne parlementaire C-SPAN, qui ne retransmet que les séances, n'a pas pu filmer le sit-in.
Mais rompant de manière spectaculaire le protocole, C-SPAN a eu recours à plusieurs réseaux sociaux, une première dans l'histoire de la très institutionnelle chaîne de télévision. "C-SPAN n'a pas le contrôle des caméras de la chambre. Elle utilise maintenant le @periscopeco de @RepScottPeters", un élu de la Chambre, a expliqué la chaîne sur Twitter.
C-SPAN has no control over the U.S. House TV cameras. Now showing a @periscopeco from @RepScottPeters. pic.twitter.com/L3JeHuSdL5
— CSPAN (@cspan) 22 juin 2016
"Notre mission, c'est de couvrir le Congrès. Nous sommes une organisation de service public à but non-lucratif. Nous ferons ce que nous pourrons pour montrer ce qui se passe au Congrès", a expliqué le directeur de communication de C-SPAN.
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