Quatre questions autour des notes de renseignement supposées compromettantes pour Donald Trump
Ces informations, "non corroborées" selon le "New York Times", auraient été recueillies pendant des années par la Russie sur le milliardaire républicain.
Un scandale de plus lié au président élu des Etats-Unis ? Le journal américain en ligne Buzzfeed a publié, mardi 10 janvier, un rapport prétendant que Donald Trump entretient des liens étroits avec la Russie, et que Moscou détient des informations compromettantes sur le milliardaire. Les chefs du renseignement américain ont d'ailleurs informé la semaine dernière l'homme d'affaires de l'existence de ces informations, selon CNN. Donald Trump dément ces révélations, y voyant une "chasse aux sorcières" politique, et le Kremlin dénonce "une tentative évidente de faire du tort à nos relations bilatérales", a déclaré le porte-parole, Dmitri Peskoson. Résumé autour de quatre questions :
De quoi s'agit-il ?
Mardi, le site d'information Buzzfeed a mis en ligne un document de 35 pages. Celui-ci est composé d'une série de notes datées de juin à décembre 2016, rédigées par un ancien agent du contre-espionnage britannique pour le compte d'opposants politiques à Donald Trump.
Ce document circule parmi les milieux politiques et médiatiques à Washington depuis plusieurs semaines. Il détaille des informations présentées comme compromettantes sur Donald Trump. Les services russes détiendraient ainsi une vidéo à caractère sexuel du milliardaire, filmé clandestinement lors d'une visite à Moscou en 2013. La scène se serait déroulée dans la suite présidentielle du Ritz-Carlton de Moscou, connue, paraît-il, pour être bourrée de micros et caméras cachées. Le texte fait également état d'échanges de renseignements supposés entre Donald Trump ou ses proches et le Kremlin, pendant plusieurs années.
Selon CNN et le New York Times, les chefs du renseignement américain ont présenté un résumé de deux pages du document à l'homme d'affaires.
Ces informations sont-elles vérifiées ?
Non. Le site BuzzFeed a précisé qu'il n'était pas en mesure d'authentifier les informations du document. Son contenu n'a pas été davantage certifié par des sources officielles. Quant au New York Times, il qualifie ces révélations "salaces" et "compromettantes" de "sans fondement" et "non corroborées".
Mais les chefs de service de renseignement ont jugé leur teneur "potentiellement explosive" et ont jugé nécessaire de prévenir aussi bien Barack Obama que Donald Trump et les principaux chefs de parti du Congrès. Ils les ont également avertis que leurs agences de renseignement enquêtaient sur le sujet.
Avocat du milliardaire et vice-président de l'organisation familiale, Michael Cohen a réfuté les notes évoquant un voyage qu'il aurait effectué à Prague fin août ou début septembre pour y rencontrer des interlocuteurs russes. "Je ne suis jamais allé à Prague de ma vie", s'est-il défendu sur Twitter, photo de son passeport à l'appui.
Enfin, le Kremlin a dénoncé "une falsification totale" destinée à saper les relations avec Washington, assurant ne pas posséder de "dossiers compromettants" sur le président élu américain, ni même sur sa rivale à la présidentielle, la démocrate Hillary Clinton.
Quelles conséquences ?
Quelles que soient les interrogations sur sa véracité, ce document a semé le trouble à Washington, et notamment au Congrès. Les démocrates s'en sont évidemment emparés.
"Si ces allégations d'une coordination entre la campagne de Trump et des agents russes sont avérées, et les allégations selon lesquelles les Russes ont compromis l'indépendance du président élu Trump, ce serait vraiment choquant. Ce serait explosif", a réagi sur CNN le sénateur démocrate Chris Coons. L'ancien porte-parole d'Hillary Clinton, Brian Fallon, a appelé le chef républicain du Sénat, Mitch McConnell, à autoriser une commission d'enquête spéciale.
L'existence de liens entre l'entourage de Donald Trump et le pouvoir russe avait déjà fait l'objet de rumeurs pendant la campagne électorale, notamment via le rôle trouble d'un conseiller en politique étrangère proche de Moscou, Carter Page.
Le successeur de Barack Obama, élu en novembre, a fait campagne en prônant un rapprochement avec Moscou. Il a longtemps refusé la conclusion de l'administration Obama sur l'ingérence russe dans la présidentielle américaine. Après avoir reçu le rapport des services de renseignement, vendredi dernier, il a admis que la Russie, parmi d'autres acteurs étatiques et privés, avait lancé des cyberattaques aux Etats-Unis, notamment contre le Parti démocrate. Le Kremlin réfute ces accusations d'interférence.
Comment a réagi Donald Trump ?
Donald Trump a d'abord qualifié, mardi soir sur Twitter, la publication de ce rapport de "chasse aux sorcières politique" contre lui. Il n'a pas hésité à faire le lien entre cette publication et le débat qui fait rage aux Etats-Unis sur l'épidémie de "fausses nouvelles" accusées d'avoir aidé le républicain à gagner la présidentielle.
FAKE NEWS - A TOTAL POLITICAL WITCH HUNT!
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 11 janvier 2017
Il est revenu à la charge plus longuement, mercredi, assurant que la Russie "n'avait jamais essayé de faire pression" sur lui. Il s'en est également pris aux agences de renseignement américaines, qu'il soupçonne d'être à l'origine de la fuite de ce document dont elles ne sont pas l'auteur : "Les agences de renseignement n'auraient jamais dû autoriser ces fausses nouvelles à fuiter dans l'espace public. Encore une attaque contre moi." Avant de s'interroger : "Vit-on dans l'Allemagne nazie ?"
Russia just said the unverified report paid for by political opponents is "A COMPLETE AND TOTAL FABRICATION, UTTER NONSENSE." Very unfair!
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 11 janvier 2017
Russia has never tried to use leverage over me. I HAVE NOTHING TO DO WITH RUSSIA - NO DEALS, NO LOANS, NO NOTHING!
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 11 janvier 2017
I win an election easily, a great "movement" is verified, and crooked opponents try to belittle our victory with FAKE NEWS. A sorry state!
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 11 janvier 2017
Intelligence agencies should never have allowed this fake news to "leak" into the public. One last shot at me.Are we living in Nazi Germany?
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 11 janvier 2017
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