Sur Twitter, "Donald Trump" est-il le premier résultat de recherche du mot "racist" ?
Des internautes ont signalé que la recherche du terme "racist" sur Twitter aboutissait au compte du président américain. Après vérification, les mots-clés "Antifa", "Bible" et même "Fox News" mènent aussi à ce compte.
Les mobilisations contre le racisme et les violences policières se multiplient au niveau international après la mort de l'Afro-Américain George Floyd, lundi 25 mai, lors de son interpellation par la police de Minneapolis (Minnesota). Le général Jim Mattis, ex-secrétaire à la Défense du président Donald Trump, n'a pas hésité à critiquer son ancien patron, l'accusant de "diviser" les Etats-Unis.
En cause, notamment, les salves de tweets du président américain tout au long des manifestations antiracistes du mouvement Black Lives Matter. "Ces voyous déshonorent la mémoire de George Floyd [...] Quand le pillage commence, la fusillade démarre", avait tweeté Donald Trump le 30 mai, reprenant là un slogan polémique et raciste des années 1960. Le lendemain,Twitter signalait le tweet en question et des manifestants se massaient devant la Maison Blanche. "LA LOI ET L'ORDRE !" avait tonné Donald Trump, vraisemblablement depuis son centre opérationnel d'urgence, dans le bunker présidentiel.
Critiques envers le président, certains internautes ont relayé une trouvaille a priori surprenante. Sur Twitter, lorsqu'on inscrit le terme "racist" ("raciste" en français) dans la barre de recherche afin de trouver le compte d'une personne, le premier résultat affiché serait... Donald Trump. Une information vérifiée par Franceinfo. Mais d'autres mots-clefs mènent de manière étonnante au chef d'Etat américain.
- Pourquoi t’aime Twitter
— Théo (@theolvs__) June 3, 2020
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"Antifa", "Bible" et même "Fox News"
Pour vérifier cette apparente trouvaille, nous avons effectué plusieurs recherches par mots-clés sur Twitter, en utilisant la navigation privée et sans nous connecter à un compte. Le résultat est bien correct : les mots "racist" mais aussi "racism" ("racisme" en français) mènent directement à Donald Trump.
Mais ce n'est pas tout : après quelques recherches, le chef d'Etat américain apparaît également en pole position derrière des mots-clés liés à son actualité.
C'est le cas d'"antifa" (Donald Trump a déclaré qu'il souhaitait classer le mouvement Action antifasciste parmi les organisations terroristes), de "thugs" ("voyous", en français, le qualificatif utilisé par le président américain pour désigner les manifestants violents après la mort de George Floyd) ou encore de l'intemporel "bible" : lundi 1er juin, Donald Trump avait brandi une bible devant l'église St-John, dégradée lors des manifestations de la veille.
On retrouve également son compte en tête des résultats de la recherche "resignnowtrump" ("Démissionne maintenant, Trump" en français, hashtag lancé par des opposants au chef d'Etat) ou de "Mattis", le nom de l'ex-secrétaire à la Défense de Donald Trump qui l'a accusé de diviser le pays.
D'autres mots-clés qui aboutissent directement au résident de la Maison Blanche sont liés à la campagne présidentielle américaine : "Sleepy Joe" ("Joe l'endormi", surnom moqueur donné par Donald Trump à son adversaire démocrate Joe Biden), "MAGA" (acronyme de son bien connu "Make America Great Again", "Rendre à l'Amérique sa grandeur") ou encore "November 3rd", le 3 novembre, date du scrutin présidentiel à venir.
Enfin, en toute logique, Donald Trump figure en tête de résultats de recherche de termes liés à sa fonction tels que "President", "America", "POTUS" (l'acronyme de "président des Etats-Unis d'Amérique") ou même "My fellow Americans" (équivalent américain du célèbre "Mes chers compatriotes"). Une surprise cependant : lorsque l'on tape "Fox News", le nom de la chaîne d'information conservatrice prisée par l'homme d'affaires, on tombe avant tout sur... Donald Trump lui-même.
L'algorithme de Twitter en cause
Comment expliquer ces résultats de recherches ? Contacté par franceinfo, Twitter a répondu que "si un compte est mentionné souvent en association avec certains termes, [ces mots-clés] peuvent être remontés ensemble de manière algorithmique dans l'outil de recherche comme suggestion." Les nombreux tweets qui accusent Donald Trump de racisme ces derniers jours pourraient donc être à la source de ce résultat surprenant.
Ce qui contredit l'idée d'une manipulation par la plateforme, en conflit ouvert avec Donald Trump : comme l'a indiqué à l'AFP Greg Sterling, rédacteur du site spécialisé Search Engine Land, les nombreuses variables utilisées par l'algorithme de recherche mettent en principe la plateforme à l'abri de toute tentative de manipulation. "Les plateformes ont fait beaucoup d'efforts pour éviter de donner la moindre impression de parti pris", affirme quant à elle Kjerstin Thorson, enseignante de l'Université du Michigan et spécialiste des réseaux sociaux.
Néanmoins, l'algorithme de recherche de Twitter reste opaque. Seule certitude : sur son site Internet, le centre d'assistance du réseau social induit que les résultats de recherche dépendent des données recueillies sur l'utilisateur qui l'a lancée.
Les recherches Twitter sont conçues pour vous proposer des contenus qui vous intéressent. Nous affinons les résultats afin de lutter contre le spam et d'améliorer leur pertinence, de façon à optimiser votre expérience de recherche.
via son centre d'assistance
En 2018, comme le rappelle le quotidien britannique The Independent, le PDG de Google Sundar Pichai avait été interpellé par des parlementaires américains, qui l'accusaient de partialité en faveur des démocrates. En recherchant le mot "idiot" sur le moteur de recherche, le premier résultat affiché était... une photo de Donald Trump.
"Nous prenons le mot-clé et nous l'associons aux différentes pages Internet, que nous classons sur une base de 200 critères différents comme la pertinence, la nouveauté, la popularité, comment d'autres personnes l'utilisent", avait déclaré Sundar Pichai devant la commission parlementaire. "Et en fonction de cela, selon le moment, nous essayons de classer et de trouver les meilleurs résultats pour cette recherche. Ensuite, nous les évaluons avec des outils extérieurs qui suivent des recommandations dénuées de toute subjectivité."
En 2003, le président George W. Bush avait été la cible d'opposants qui souhaitaient associer sa biographie officielle à la recherche de "miserable failure" ("échec misérable") sur Google. Une pratique qui porte le nom de "Google bombing", un "bombardement", grâce à la création de nombreuses pages portant une même expression-clé et renvoyant vers un même lien Internet.
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