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Sanctions américaines : "Tout le monde est perdant dans cette histoire", regrette l'économiste Philippe Waechter

"Les compagnies américaines achètent des Airbus, les compagnies européennes achètent des Boeing", a rappelé le chef économiste de la société de gestion d'actifs Ostrum Asset Management.

Article rédigé par franceinfo
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Les avions civils pourront être exportés aux États-Unis au prix majoré de 10%. Photo d'illustration.  (PASCAL PAVANI / AFP)

Les États-Unis vont appliquer des droits de douane sur 7,5 milliards de dollars d'importations européennes par an, après un feu vert de l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Ces taxes, de 10% sur les avions importés de l'Union européenne et de 25% sur d'autres produits, dont le vin, le fromage, le café et les olives, sont une réponse américaine à des subventions accordées à Airbus.

"Il aurait été probablement souhaitable de négocier", a regretté Philippe Waechter, chef économiste de la société de gestion d'actifs Ostrum Asset Management sur franceinfo mercredi 3 octobre.

franceinfo : Quelles sont les conséquences de ces droits de douanes sur notre économie ?

Philippe Waechter : Il est un peu trop tôt pour bien voir l'impact que cela aura. Effectivement, l'OMC sanctionne l'Europe et l'Airbus sur des subventions qui ont été versées à l'avionneur par des États européens : l'Angleterre, la France l'Allemagne et l'Espagne. Mais ce qu'il faut avoir en tête aussi, c'est qu'au début de l'année 2020, l'OMC statuera sur des sanctions qui concerneront Boeing, qui lui aussi reçoit des subventions des États américains dans lesquels l'entreprise est installée. Donc on va avoir une sorte de contrepartie (…) tout le monde est perdant dans cette histoire, parce que les compagnies américaines achètent des Airbus et les compagnies européennes achètent des Boeing. Il aurait été probablement souhaitable de négocier, comme le voulaient les Européens, plutôt que de sanctionner par des droits de douanes supplémentaires.

7,5 milliards de dollars de produits taxés, est-ce que c'est une part importante de ce que l'Europe exporte aux États-Unis ?

Ce n'est pas spectaculaire, mais cela traduit une perception du monde des Américains qui est de dire (…) "si cela peut favoriser les travailleurs américains, on est prêts à mettre ces taxes en place". Cette réflexion est toujours un peu ambiguë, parce que c'est considérer que ce qui est gagné par les Américains est perdu par les autres. Mais l'économie de fonctionne pas sur ce mode-là. Donc c'est une appréhension un peu biaisée de la part des Américains sur ce point.

À vous entendre, ça ne va pas profiter aux travailleurs américains ?

Ça ne va pas leur profiter tant que ça. En fait, ça traduit la volonté qu'a la Maison blanche depuis plusieurs mois de trouver un biais pour taxer les produits européens. Ils l'ont trouvé par cette sanction de l'OMC, mais l'histoire n'est pas finie, puisqu'on sait que Donald Trump souhaite taxer les automobiles européennes. La sanction qui sera prononcée par l'OMC au début de l'année 2020 pourrait malgré tout stabiliser ces relations, en tous cas c'est ce qu'on peut espérer.

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