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Présidentielle américaine : Mike Pence, colistier de Donald Trump, a-t-il le pire job du monde ?

Le gouverneur de l'Indiana passe, mardi, son grand oral, avec le débat des candidats à la vice-présidence. Il a la lourde tâche d'être l'acolyte du milliardaire dans sa course à la Maison Blanche. Pas simple, tant le candidat et la campagne qu'il mène sont atypiques.

Article rédigé par Mathieu Dehlinger
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Donald Trump, candidat républicain à la Maison Blanche, et son colistier, Mike Pence, lors d'un meeting à Toledo (Ohio, Etats-Unis), le 21 septembre 2016. (MANDEL NGAN / AFP)

Après être resté dans l'ombre de Donald Trump, à son tour de briller sur le devant de la scène. Mike Pence, le colistier du candidat républicain à la Maison Blanche, affronte son homologue démocrate, Tim Kaine, à l'occasion du seul et unique débat des candidats à la vice-présidence américaine, organisé mardi 4 octobre à Farmville (Virginie, Etats-Unis).

L'occasion pour le gouverneur de l'Indiana de s'affranchir (un peu) de son encombrant binôme ? Car être colistier de Donald Trump n'est vraiment pas un boulot de tout repos. Franceinfo vous explique pourquoi.

Donald Trump a du mal à lui faire une place

Difficile pour Donald Trump de faire place à un autre homme au sein de sa campagne. Jusqu'à la dernière minute, le milliardaire a hésité sur le nom de son colistier, à en croire la presse américaine. Le jeudi 14 juillet à midi, raconte Time (en anglais), les cadors du parti républicain sont informés : Mike Pence sera le candidat à la vice-présidence. L'information fuite dans la presse et le gouverneur de l'Indiana prend la direction de New York pour l'annonce officielle.

Cela n'empêche pas Donald Trump de tergiverser, d'après ABC ou le New York Times (en anglais), et de remettre en question dans la soirée la nomination de Mike Pence. Dans une interview à la télévision, le candidat républicain assure même que la "décision finale" n'est pas prise. La nouvelle est finalement confirmée par un tweet, le vendredi 15 juillet, dans lequel le magnat de l'immobilier assure que Mike Pence était son "premier choix depuis le début".

Le chemin de croix ne fait que commencer pour le nouveau candidat à la vice-présidence. Le lendemain, Donald Trump est censé présenter son colistier face à la presse. Sauf que durant les 28 minutes de son discours, le candidat passe la majeure partie de son temps à digresser, comme à son habitude. Il faut attendre la toute fin pour qu'il se décide à louer le profil de son nouvel acolyte, un homme "exceptionnel". Et encore, au passage, il ne peut pas s'empêcher de minimiser la portée de son choix : "Une des principales raisons pour lesquelles j'ai choisi Mike, je dois être honnête, c'est l'unité du parti." Sur le pupitre, le nom du colistier n'apparaît même pas. Seul Trump est affiché en lettres capitales. Le milliardaire ne prend même pas la peine de se tenir aux côtés de Mike Pence lors du discours inaugural de ce dernier dans ses nouvelles fonctions.

Donald Trump, candidat républicain à la Maison Blanche, lors de la présentation de son colistier, Mike Pence, à New York, le 16 juillet 2016. (KENA BETANCUR / AFP)

Les deux hommes divergent, sur le style et les idées

Donald Trump se targue de ne pas être un homme politique ordinaire. Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il détonne par rapport à l'establishment du parti républicain. Il est un outsider, dont le profil n'a strictement rien à voir avec le parcours de Mike Pence, membre de la Chambre des représentants pendant dix ans et gouverneur depuis début 2013. Ce dernier le reconnaît lui-même : ils ont "deux styles différents", très différents. Donal Trump "est une personnalité charismatique et hors du commun, alors ils cherchaient quelqu'un pour équilibrer le ticket", analyse Mike Pence sur Yahoo News (en anglais).

Sur le terrain des idées, Donald Trump et Mike Pence divergent également. Le premier promeut une posture protectionniste, quand le second a soutenu tous les accords de libre-échange de ces quinze dernières années, note Quartz (en anglais). Le premier a, jusqu'en 2011, défendu l'avortement, quand le second l'a restreint dans son Etat de l'Indiana, détaille le New York Times (en anglais). Le premier veut suspendre l'immigration des musulmans aux Etats-Unis, le second juge l'initiative "offensante et inconstitutionnelle". Pas seulement de petits désaccords.

Mike Pence est obligé de faire le SAV de son candidat

Depuis le début de sa campagne, Donald Trump multiplie les outrances. Et désormais, Mike Pence doit assurer le service après-vente. Difficile de lister tous ces efforts. Une simple recherche "Pence defends Trump" – "Pence défend Trump" – renvoie près de 70 000 résultats, contre seulement 9 000 pour l'équivalent démocrate "Kaine defends Clinton". A tel point que CNN (en anglais) l'a même surnommé "l'excuseur-en-chef".

C'est simple, à chaque polémique, Mike Pence tente tant bien que mal d'éteindre l'incendie, comme le rappelle le Washington Post (en anglais). Quand Donald Trump s'en prend aux parents d'un soldat américain musulman mort en Irak, Mike Pence qualifie le militaire de "héros". Quand Donald Trump invite la Russie à pirater les e-mails d'Hillary Clinton, Mike Pence assure que Moscou subira les conséquences de ses actes en cas d'interférence avec les élections américaines. Quand Donald Trump refuse de soutenir la réélection du sénateur John McCain, ancien candidat républicain à la Maison Blanche, Mike Pence est chargé d'arrondir les angles.

La liste est longue et pourrait bien s'allonger. Nul doute que le gouverneur de l'Indiana devra, une fois de plus, défendre son colistier lors du débat de ce 4 octobre.

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