Présidentielle américaine : la classe politique française (aussi) retient son souffle
Jour J pour la présidentielle aux États-Unis, une élection particulièrement indécise : qui de Kamala Harris, la candidate démocrate, ou de Donald Trump, pour les républicains, deviendra le 47e président du pays ? Pour les dernières heures d'une campagne haletante pour la Maison Blanche, Kamala Harris et Donald Trump étaient sur scène lundi 4 octobre pour leurs ultimes meetings électoraux. Les résultats, qui doivent arriver à partir de mercredi 5 novembre au matin (heure française) s'annoncent très serrés. L'équipe de campagne de Kamala Harris a ainsi prévenu que les résultats définitifs de la présidentielle américaine ne seraient pas connus avant "plusieurs jours".
Or, les conséquences de cette élection seront mondiales et colossales : guerre en Ukraine, conflit au Proche-Orient, relations commerciales avec la Chine... Alors, comment la classe politique française voit-elle l'élection présidentielle ?
Le chef de l'Etat, Emmanuel Macron, dont la politique étrangère reste l'apanage, prend bien soin de ne pas donner sa préférence et cultive son silence. Silence et prudence, parce qu'il n'a pas de boule de cristal. Il connaît mieux Donald Trump, avec qui il a déjà travaillé. Une vraie fausse idylle, faite de tapes dans le dos lors du défilé du 14 juillet 2017, suivi de ce dîner à la Tour Eiffel, mais surtout de méfiance, voire de défiance. Le président français n'a ainsi pas pu empêcher le retrait des États-Unis de l'accord sur le climat. Après une succession de poignées de mains toujours plus viriles, Donald Trump fait mine d'épousseter les épaules de son homologue, l'accuse de "lécher le cul" du président chinois, le tourne en ridicule dans ses meetings...
Mais, si Donald Trump semble imprévisible, Kamala Harris suscite elle aussi des questions : parviendra-t-elle à s'imposer face au poids de l'administration ? Le président français ne le sait pas. Il ne l'a rencontrée que deux fois, en tant que vice-présidente. Elle ne s'occupait alors pas de politique étrangère. Un dossier l'inquiète particulièrement : le soutien à l'Ukraine, conscient que l'Europe - pilier du domaine réservé présidentiel - sera de toute façon le cadet des soucis du vainqueur, quel que soit le résultat.
Préférence Trump pour le RN, pas pour LFI
Alors qu'Emmanuel Macron ne s'exprime pas pour un candidat plus qu'un autre, d'autres dans la classe politique française n'hésitent pas à le faire. Une certaine forme de désintérêt, feinte ou réelle, est affichée au Rassemblement national : "Je ne suis pas citoyen américain, et donc, moi, je respecterai le vote des Américains", a déclaré Jordan Bardella. Même son de cloche à la France insoumise : "Les insoumis ne sont pas électeurs américains donc ils ne se prononcent pas à la place du peuple américain", a quant à lui assuré Manuel Bompard.
Mais en 2016, le RN s'était réjoui de l'élection de Donald Trump, Marine Le Pen tentant même d'aller le voir à la Trump Tower à New York. Les outrances répétées du candidat des républicains ne collent pas à la stratégie de normalisation du RN, mais Jordan Bardella cache mal sa préférence : "Donald Trump défend l'intérêt des Américains, il défend une forme de fierté américaine et j'aime ce patriotisme".
En revanche, il y a plus de distance, de frilosité à gauche. "Bien sûr, on ne veut pas que Trump gagne, mais je ne vais pas vous dire qu'on accueille la candidature de Kamala Harris avec beaucoup d'enthousiasme, et il faudra faire avec", a indiqué Manuel Bompard, le coordinateur de LFI, sur Public Sénat. Au risque d'éluder les questions que posent cette élection et ses conséquences jusqu'en France.
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