Présidentielle américaine : comment Barack Obama est entré en campagne contre Donald Trump
Discret en début de campagne, le président américain est sorti de sa réserve pour empêcher le milliardaire de lui succéder dans le bureau ovale.
Novembre 2015. La plupart des observateurs pensent encore que l'ascension de Donald Trump peut être contrée, que son investiture n'est pas inévitable. "J'aurais aimé faire campagne contre lui, répond alors Barack Obama, interrogé par le magazine GQ (en anglais). Cela aurait été amusant."
Un an plus tard, le président américain n'a visiblement plus envie de rire. "Il y a des moments où le cours de l'histoire peut changer. (...) Celui-ci en est un", a expliqué Barack Obama, en meeting en Floride, jeudi 3 novembre, pour soutenir son ancienne secrétaire d'Etat Hillary Clinton.
Tous les progrès que nous avons faits partiront par la fenêtre si nous ne gagnons pas cette élection. [Donald Trump] est quelqu'un qui endommagerait notre démocratie."
L'entrée en campagne de Barack Obama était annoncée. Son porte-parole à la Maison Blanche, Josh Earnest, l'avait promis. "Le président est profondément conscient des enjeux de l'élection à venir, expliquait-il, en conférence de presse, jeudi 12 mai. Je peux vous assurer que, dans les mois à venir, il sera activement impliqué dans ce débat. Et il est impatient d'avoir l'opportunité de s'impliquer plus intensément."
Obama fait de l'humour plutôt que la guerre
Auparavant, Barack Obama avait laissé à son porte-voix le soin de dégainer les attaques les plus vives, explique CNN (en anglais). Lui se contentait plutôt d'ironiser sur la candidature de Donald Trump. Avant de prononcer son dernier discours sur l'état de l'Union face au Congrès, le 13 janvier, NBC (en anglais) l'interroge : le milliardaire pourrait-il être à sa place, face au Congrès, l'an prochain ? "Eh bien, je peux l'imaginer, dans un sketch du 'Saturday Night Live'", l'émission comique de référence outre-Atlantique, plaisante alors le président.
Lors du dîner des correspondants accrédités à la Maison Blanche, le 30 avril, il ressort l'arme de l'humour. Les adversaires de Donald Trump expliquent qu'il manque d'expérience en politique étrangère ? "Pour être honnête, il a passé des années à rencontrer des leaders du monde entier : Miss Suède, Miss Argentine, Miss Azerbaïdjan", blague Barack Obama, en référence au concours Miss Univers, qui appartenait encore récemment au milliardaire.
Fini de rire
Mais après le début des primaires républicaines et les premières victoires de Donald Trump, le discours se fait plus incisif. "Je continue de croire qu'il ne sera pas président, répond-il le 15 février. J'accorde une grande confiance au peuple américain. Je pense qu'ils se rendent compte qu'être président est un travail sérieux, ce n'est pas animer un talk-show ou une émission de télé-réalité. (...) C'est difficile."
"Les Américains sont plutôt sensés, je pense qu'ils feront un choix sensé au bout du compte", se rassure Barack Obama. Pour les aiguiller, il attaque l'homme d'affaires sur l'un de ses points faibles : la politique étrangère. Les leaders des grandes puissances, explique-t-il, doivent avoir confiance dans le fait "que le président connaît les faits, connaît leurs noms, connaît leur position sur une carte, connaît quelque chose de leur histoire".
Celui qui se tient à ma place a les codes nucléaires avec lui, il peut envoyer des jeunes de 21 ans au combat, doit faire en sorte que le système bancaire ne s'effondre pas, et est souvent responsable non seulement des Etats-Unis, mais aussi de vingt autres pays qui ont de gros problèmes.
Une critique en règle des propositions de Trump
Face aux étudiants de l'université Rutgers, dimanche 15 mai, il se livre finalement à une critique en règle de Donald Trump et de ses propositions. "Dans la politique, comme dans la vie, l'ignorance n'est pas une vertu, lance-t-il alors aux jeunes diplômés. Le monde est plus interconnecté que jamais, et il devient plus connecté chaque jour. Construire des murs ne changera pas cela." Une attaque à peine voilée contre la proposition du milliardaire d'ériger une barrière entre les Etats-Unis et le Mexique, pour éviter l'immigration clandestine. Le tout sans jamais citer nommément Donald Trump, mais impossible de s'y tromper : pour le président américain, la campagne a alors visiblement commencé.
Fragilisée par la relance de l'affaire de ses e-mails, Hillary Clinton fait à nouveau appel à lui dans la dernière ligne droite pour mobiliser ses troupes. Et Barack Obama n'hésite pas à mouiller sa chemise : il a déjà fait sept apparitions pour la candidate démocrate depuis le début du mois d'octobre. "Mon nom ne figure pas sur le bulletin de vote, lance-t-il, mercredi 2 novembre, en Caroline du Nord. Mais vous savez quoi ? L'équité y figure, la justice y figure, le progrès y figure, notre démocratie y figure." Un message que le président devrait une nouvelle fois marteler, lundi 7 novembre, lors d'un grand meeting à Philadelphie, à la veille du scrutin. Pour éviter coûte que coûte de laisser les clés de la Maison Blanche à Donald Trump.
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