Mannequinat, téléachat et plagiat : qui est Melania Trump, la possible future "First Lady" de Donald ?
Très discrète depuis le début de la campagne et mal à l'aise avec la politique, l'ex-mannequin américano-slovène est devenue un poids pour son mari après une série de gaffes.
Elle devait être un atout, elle est devenue un poids. A la mi-juillet, lors de la la convention du parti républicain, les supporters de Donald Trump découvraient sur scène leur possible future première dame : Melania Trump. Au côté du couple, à Cleveland, leurs quatre enfants : Tiffany, Ivanka, Eric et Donald Jr. Bref, de quoi offrir une belle photo de famille, très attendue par le camp conservateur.
Problème : depuis cette convention républicaine, Melania Trump enchaîne couacs, polémiques et bad buzz. Il y a eu le discours largement emprunté à l'actuelle première dame, Michelle Obama. Il y a eu le CV enjolivé sur son site internet. Et il y a désormais les photos d'elle dénudée, vieilles d'une vingtaine d'années. Mais savez-vous qui est Melania Trump ?
Une immigrée slovène qui a tourné le dos à son pays
Donald Trump n'a pas peur des contradictions : il doit une bonne partie de sa popularité à un discours ouvertement xénophobe, mais son épouse deviendrait la première femme de président née à l'étranger, de parents étrangers. Melanija Knavs, devenue Melania Knauss puis Trump, a vu le jour en 1970 à Sevnica en Slovénie – à l'époque, c'était encore la Yougoslavie.
Avant elle, cette petite ville de 5 000 habitants était surtout connue pour son château médiéval et sa charcuterie. On est loin de la Trump Tower. Mais auprès de sa mère, qui travaille dans l'industrie textile, la jeune Melania va développer son goût de la mode et apprendre à dessiner des vêtements. Son père, lui, est membre du Parti communiste, mais a surtout un esprit d'entreprise qui rappelle, toute proportion gardée, celui de son futur beau-fils.
Melania Trump veut très vite partir de Sevnica. Elle ne rêve pas encore de New York, mais de Ljubjana, la capitale slovène, où elle file faire ses études. Là-bas, elle se classe deuxième d'un concours de beauté, est repérée par un photographe et se lance dans le mannequinat. Elle quitte finalement la Slovénie pour Milan, et une carrière qui, si elle n'a pas fait d'elle une star, finira par l'emmener à New York où elle rencontrera Donald Trump.
Aujourd'hui, Melania Trump a coupé les ponts avec son pays, même si Barron, le fils de 10 ans qu'elle a eu avec Donald Trump, parle couramment slovène. Le candidat républicain, lui, a passé en tout et pour tout moins de quatre heures dans le petit pays des Balkans : c'était en 2002, le temps d'un dîner dans un palace avec sa belle-famille, raconte le New Yorker. Au mariage de Donald et Melania Trump, en 2005, seuls trois des 450 invités étaient slovènes : les parents et la sœur de la mariée. Dans son pays d'origine, la possible future première dame divise : "Un écrivain américain a dit que la Slovénie devait être assez terrible si elle préférait vivre avec Trump, se lamente un Slovène dans le Washington Post. C'est le genre de déclaration qui donne une mauvaise image de la Slovénie aux Américains."
Une mannequin "au passé de nonne"
Si on a du mal à qualifier Donald Trump de discret et réservé, c'est en revanche comme cela que son épouse est décrite par ceux qui l'ont connue dans sa jeunesse. "Elle était sur la réserve, c'était une solitaire, explique à GQ le photographe qui l'a lancée en Slovénie. Après une séance photo ou un défilé, elle ne sortait pas, elle rentrait chez elle. Elle ne voulait pas perdre de temps à faire la fête." Pas question de vivre une vie dissolue : Melania Trump ne boit pas et ne fume pas – c'est d'ailleurs un de ses points communs avec son mari. Le New Yorker s'amuse à la comparer à une autre mannequin devenue première dame.
Contrairement à Carla Bruni-Sarkozy, qui est entrée à l'Elysée après quatre décennies à vivre la grande vie, Melania Trump est une mannequin au passé de nonne.
C'est pourtant dans une boîte de nuit new-yorkaise que Melania a rencontré Donald Trump, en 1998. Elle est là pour le travail, invitée par un agent de mannequins qui veut la faire connaître. Trump arrive au bras d'une femme d'affaires danoise, mais il est frappé par Melania. Loin de sauter sur l'occasion de repartir avec un milliardaire, celle-ci se méfie.
Si je lui avais donné mon numéro, je devenais juste une femme qu'il appelle parmi d'autres.
C'est finalement elle qui note son téléphone, et le fera patienter une semaine avant de le rappeler. "Je n'ai pas été intimidée par sa célébrité. Peut-être que c'est cela qu'il a remarqué."
Une "trophy wife" au mariage très traditionnel
Les Américains ont inventé cette expression de "femme trophée", pour désigner ces épouses qui semblent n'être considérées par leur mari que comme un accessoire pour les tapis rouges, ou un moyen de se mesurer leurs rivaux. Une vision du couple qui semble être celle de Donald Trump, lui qui évoque bien plus souvent le physique de Melania que le fait qu'elle parle six langues. Un jour, invité d'un talk-show radio où il a ses habitudes, on demande au milliardaire s'il resterait avec sa femme si celle-ci était victime d'un terrible accident et restait défigurée. "A quoi ressembleraient ses seins ?", demande Trump. "Ses seins sont ok". Dans ce cas, oui, Donald Trump promet qu'il resterait, mais assure que c'est un point "très important".
Dans une campagne où Donald Trump ne cesse de vanter sa réussite, son épouse en est devenue une preuve parmi d'autres. Quand une organisation soutenant son rival républicain Ted Cruz a lancé une campagne sexiste contre Melania Trump, exhumant des photos où elle avait posé nue, Donald Trump a riposté en postant une comparaison Melania et l'épouse de Ted Cruz, peu flatteuse pour cette dernière.
"@Don_Vito_08: "A picture is worth a thousand words" @realDonaldTrump #LyingTed #NeverCruz @MELANIATRUMP pic.twitter.com/5bvVEwMVF8"
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) March 24, 2016
Dans leur vie domestique, les Trump n'ont pas une vision très égalitaire du partage des tâches, notamment dans l'éducation de leur fils : "Mon mari voyage tout le temps. Barron a besoin d'un parent, donc c'est moi qui suis tout le temps avec lui."
Mais Melania Trump assure qu'elle trouve son compte dans ce mariage. "C'est un mari très compréhensif", explique-t-elle dans une interview sur YouTube. "Si je lui dit 'j'ai besoin d'une heure, je vais prendre un bain', il n'a rien contre. En ce sens, il me soutient beaucoup." En 1999, déjà interrogée sur la façon dont elle s'imaginait à la Maison Blanche – Donald Trump flirtait déjà avec la politique – elle se voyait comme une première dame "très traditionnelle, comme Betty Ford ou Jackie Kennedy. Je serai son soutien". Les Américains seront peut-être surpris de découvrir un couple présidentiel finalement très vieille école.
Une femme d'affaires moins inspirée que son mari
Donald Trump aime se présenter comme un businessman à succès, mais la carrière récente de son épouse ne lui fait pas une très bonne publicité. Celle-ci a progressivement abandonné le mannequinat pour se lancer sur le marché des bijoux et des cosmétiques. N'imaginez pas trouver des produits siglés Melania Trump dans des boutiques de luxe : elle est surtout habituée de QVC, une chaîne américaine consacrée au téléachat. Elle y a d'abord rencontré un certain succès : la chaîne était en rupture de stock 45 minutes après le lancement de sa première ligne de bijoux, en février 2010, assure Bloomberg. Elle souhaite alors vendre une version plus économique du style Melania Trump. Et assure être impliquée dans le dessin de toutes ses pièces, comme elle l'explique dans cette vidéo.
J'aime aider les femmes à ne pas dépenser trop d'argent tout en se sentant puissante, élégantes et glamour.
En 2013, l'ex-mannequin veut lancer une ligne de cosmétiques. Son produit phare ? Une crème hydratante au caviar. Mais la collection n'est vendue que par des enseignes de seconde zone et fait un flop. Melania Trump finit par attaquer en justice l'entreprise New Sunshine, qui fabrique ses produits, l'accusant de ne pas en avoir suffisamment fait la promotion. Le propriétaire de l'entreprise répond qu'il n'était pas prêt à engloutir des millions de dollars pour tenter de faire la publicité de quelqu'un qui se prétend "femme d'affaires et célébrité de renommée internationale", mais n'est en réalité "pas grand chose de plus que Mme Donald Trump".
Ses bijoux et ses cosmétiques sont aujourd'hui introuvables sur internet, d'autant plus que le site qui abritait sa boutique en ligne a disparu : c'est celui où se trouvait son CV enjolivé qui la présentait comme diplômée de l'université de Ljubljana. Pour expliquer la disparition soudaine de melaniatrump.com, celle-ci a affirmé sur Twitter que le site "ne reflétait plus [ses] intérêts dans le domaine professionnel et des affaires". La fin de sa carrière de businesswoman ?
Une possible "first lady" peu à l'aise avec la politique
Si vous espériez que la haine des immigrés de Donald Trump soit tempérée par son épouse slovène, détrompez-vous : celle-ci soutient la position de son mari et n'y voit aucune contradiction. "Moi, j'ai suivi la loi. Je n'ai jamais imaginé rester ici sans papiers", a-t-elle expliqué, même si plusieurs experts du droit de l'immigration, cités par Politico, la soupçonnent d'être arrivée aux Etats-Unis avec un visa de touriste qui n'aurait pas dû lui permettre de travailler.
Quoi qu'il en soit, depuis le début de la campagne, Melania Trump apporte un soutien inconditionnel aux positions souvent extrêmes de son mari. "Je suis quelqu'un de très politique, assure-t-elle, mais en privé. Bien sûr que j'ai des opinions, mais je n'en parle pas en public." Tout juste a-t-elle admis qu'elle aimerait parfois que son mari tweete un peu moins.
En revanche, ce n'est certainement pas elle qui a poussé Donald Trump vers la politique. "Elle n'avait pas signé pour être la femme d'un politicien", juste d'un homme d'affaires, rappelle Politico. Elle qui n'aime pas la pression médiatique "a demandé à son mari de réfléchir deux, trois, quatre fois avant de se lancer dans la course, parce qu'elle savait que sa vie deviendrait très différente." Depuis le début de la campagne, elle se fait extrêmement discrète : Slate n'a retrouvé que deux exemples de discours de Melania Trump avant la convention républicaine, et ils durent tous les deux moins d'une minute.
Il faut dire que la campagne de Trump n'a rien à gagner à la mettre en avant : depuis que les sondages mesurent la popularité des épouses des candidats, soit 1988, jamais aucune n'a été aussi impopulaire que Melania Trump, selon FiveThirtyEight. Et c'était avant le fiasco de son discours plagié à la convention républicaine. Si la campagne de Donald Trump a grandement besoin d'un visage féminin – il est beaucoup moins populaire chez les femmes que chez les hommes – c'est sa fille Ivanka, issue d'un précédent mariage, qui remplit ce rôle. Plus jeune, bénéficiant d'une image plus modérée, elle a totalement éclipsé sa belle-mère.
En coulisses, les deux femmes s'opposent d'ailleurs sur la façon dont la campagne doit être menée. Alors que Melania soutient Donald Trump dans toutes ses décisions, Ivanka plaide, avec le directeur de campagne Paul Manafort, pour que son père devienne plus organisé, plus sérieux, plus présidentiel. Avant la convention, le camp d'Ivanka avait même fait appel à deux plumes expérimentées pour écrire un discours très carré destiné à Melania Trump, raconte le New York Times. C'est cette dernière qui a choisi de le réécrire entièrement, aidée d'une proche conseillère de son mari. En plagiant Michelle Obama, il semble qu'elle essayait, paradoxalement, d'écrire un discours plus personnel, pour ce qui était sa première grande apparition de la campagne. Pas sûr que l'on revoie beaucoup la vraie Melania Trump d'ici au mois de novembre.
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