Le président Trump est-il en train de faire marche arrière sur ses promesses-chocs de candidat ?
Moins d’une semaine après son élection, le futur 45e président des Etats-Unis rompt avec son style provocateur. Alors que des manifestations contre lui ont lieu dans plusieurs villes, le milliardaire tente d’apaiser les craintes suscitées par son arrivée à la Maison Blanche.
"N’ayez pas peur." Sur CBS (en anglais), dimanche 13 novembre, face à la journaliste Lesley Stahl, Donald Trump a voulu rassurer les Américains inquiets de son élection, alors que des manifestations contre lui ont lieu dans plusieurs villes du pays. Tout au long de sa campagne pour la Maison Blanche, le magnat de l’immobilier s’est en effet montré très ferme sur des dossiers-clés, à l’instar de l’immigration, et particulièrement virulent à l’encontre de sa rivale démocrate, Hillary Clinton.
Fraîchement élu, le milliardaire de 70 ans entend désormais "réunir le pays". Et pour cela, il n’hésite pas à lisser sa ligne politique. Quitte à parfois enclencher la marche arrière sur certaines de ses promesses les plus spectaculaires.
Sur Hillary Clinton : il ne veut plus l'envoyer tout de suite en prison
Pendant toute sa campagne, Donald Trump n’a eu de cesse de promettre à ses partisans d’envoyer "Crooked Hillary" ("Hillary la corrompue") en prison pour la punir de sa malhonnêteté et de l’affaire des e-mails. "Si je gagne, je vais donner l'ordre à mon ministre de la Justice de nommer un procureur spécial pour faire la lumière sur votre situation, parce qu'il n'y a jamais eu autant de mensonges, autant de choses cachées", expliquait notamment Donald Trump à son adversaire, lors du deuxième débat, le 9 octobre 2016.
Aujourd’hui, cette promesse est loin d’être une priorité pour le nouveau président, qui manie le double discours sur le sujet. "Je vais y réfléchir. Je veux d’abord me concentrer sur l'emploi, l'immigration, la santé. [Hillary Clinton] a fait des mauvaises choses. [Les Clinton] sont des gens bien, je ne veux pas les blesser." Après qu’il a reçu un appel très "aimable" de Bill Clinton, le républicain n’écarte pas la possibilité de faire appel à ses conseils d’ancien président. Quant à son épouse, Hillary Clinton, qu’il a dénigrée pendant des mois, elle serait une femme "vraiment forte et très intelligente" aux yeux de Donald Trump.
Sur le mariage gay : il ne souhaite plus abroger la loi
Autre point sur lequel Donald Trump semble avoir changé d'avis : le mariage homosexuel. Le 31 janvier 2016, il rétorquait sur la chaîne conservatrice Fox News : "Si je suis élu, je vais nommer des juges à la Cour suprême qui pourraient bien changer ça. La Cour suprême n'aurait pas dû [légaliser le mariage entre couples de même sexe sur tout le territoire], mais laisser chaque Etat libre de l'autoriser ou non. Je serais très favorable à la nomination de juges pour abroger la loi."
Ce dimanche, devant les caméras de CBS, changement de discours. Entouré de ses enfants et de sa femme, Melania, Donald Trump a soutenu que le sujet n’était plus de son ressort : "Ça a été réglé, cette affaire s'est retrouvée devant la Cour suprême et maintenant, c'est la loi. Et ça ne me pose pas de problème."
Sur l’Obamacare : il pourrait conserver certaines dispositions
"Abroger et remplacer", tel était le maître-mot du milliardaire au sujet de l'Affordable Care Act, plus connu sous le nom d’Obamacare, la bête noire des républicains. Cette loi d’assurance-maladie emblématique de l’administration Obama doit permettre à tous les Américains d’être pourvus d'une couverture santé. Son fonctionnement est très critiqué à droite.
"Supprimer intégralement l’Obamacare" figurait d’ailleurs parmi les promesses de campagne de Donald Trump sur son site officiel. Le candidat l’assurait : cette réforme était une "horrible chose".
Pourtant, depuis son élection, le futur 45e président des Etats-Unis semblerait avoir mis de l’eau dans son vin. "Obamacare sera soit amendée, soit abrogée, soit remplacée", a-t-il déclaré au Wall Street Journal (en anglais).
Sa rencontre, jeudi 10 novembre, avec le président sortant, Barack Obama, qui lui aurait suggéré de conserver certaines dispositions, serait la raison de ce revirement. "Je lui ai dit que j’allais étudier ses suggestions et, par respect, je le ferai", promet Donald Trump. Le prochain chef d’Etat songerait même à conserver deux aspects de l’Obamacare qu’il "aime beaucoup". Notamment l'interdiction faite aux assureurs de refuser un patient en raison de son état de santé et la possibilité pour des parents de faire bénéficier plus longtemps leurs enfants de leur couverture santé (jusqu’à l'âge de 26 ans).
In our exclusive interview @realDonaldTrump hints at possible compromise after vows to repeal Affordable Care Act https://t.co/4dEUqKWPOz
— Wall Street Journal (@WSJ) 11 novembre 2016
Sur le mur entre les Etats-Unis et le Mexique : dans certaines zones, cela devient une clôture
Donald Trump a profité de l’interview qu’il donnait à la chaîne CBS pour rappeler sa volonté de bâtir un "mur" entre le Mexique et les Etats-Unis, l’un des projets phares de son programme ("Construire un mur physique et impénétrable tout au long de la frontière Sud"). "Pour certaines zones, je voudrais [des clôtures], pour d’autres un mur est plus approprié", a-t-il expliqué, avant d’ajouter avec humour : "J'excelle là-dedans, la construction ça me connaît."
Cette dernière nuance intervient alors que le Mexique a catégoriquement refusé de financer ce mur, malgré la promesse de Donald Trump de faire payer à Mexico les travaux (évalués à 8 milliards de dollars).
Sur l’immigration : 11 millions de reconduites pendant la campagne, 3 millions maintenant
"Nous avons au moins 11 millions de personnes dans ce pays qui sont arrivées illégalement. Elles vont partir. Les meilleures d'entre elles reviendront, c'est un processus. Ces personnes doivent revenir légalement", estimait Donald Trump le 26 février 2016, à l’occasion d’un débat des primaires républicaines. Mais la donne a changé. Le candidat avait déjà revu à la baisse son engagement d’expulser la totalité des 11 millions d’immigrés sans papiers présents aux Etats-Unis. Fin août, il indiquait ne vouloir reconduire que les "mauvais". Autrement dit, les délinquants.
"Ce que nous allons faire, c’est prendre les gens qui sont des criminels et qui ont des casiers judiciaires, qui appartiennent à des gangs, qui sont des trafiquants de drogue. Nous avons beaucoup de ces gens, 2 millions, peut-être même 3. Eux vont partir ou être mis en prison. Mais nous allons les renvoyer de notre pays, ils sont ici illégalement. Une fois la frontière sécurisée, que la situation se sera normalisée, on prendra une décision en ce qui concerne le reste des clandestins qui sont des gens très bien", soutient le futur président.
A titre de comparaison, l’administration Obama a expulsé 2,5 millions de clandestins au cours de la période 2009-2015, dont 91% d’entre eux possédaient un casier judiciaire, souligne Andréanne Bissonnette, coordonnatrice de l’Observatoire sur les États-Unis à l'université du Québec, dans le journal Le Devoir.
Rappel, Obama a expulsé 2,5 millions de clandestins entre '09 et '15. 91% avaient commis précédemment un délit.
— thomas snegaroff (@thomassnegaroff) 14 novembre 2016
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