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Le vin américain défavorisé sur le marché européen ? "Il n'y a pas de distorsion de concurrence quand on progresse de plus de 20% par an de parts de marché"

Jean-Marie Fabre, le président des Vignerons indépendants de France, réagit aux déclarations de Donald Trump qui envisage de davantage taxer les vins français pour rééquilibrer "une concurrence déloyale".

Article rédigé par franceinfo
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Une femme sert un verre de bourgogne rouge. (JC TARDIVON / MAXPPP)

Donald Trump souhaite taxer plus lourdement les importations de vin français. Il dénonce une concurrence déloyale. Des accusations que balaie Jean-Marie Fabre, le président des Vignerons indépendants de France. "Je ne pense pas qu'on puisse parler de concurrence déloyale", estime-t-il mardi 11 juin sur franceinfo, reconnaissant toutefois qu'il existe "un petit delta" entre les taxes sur le vin américain en Europe et celles sur le vin français aux Etats-Unis. Mais "depuis huit ans, la proportion des vins américains vendus sur le sol français, c'est 200% de plus", dit-il. "Il n'y a pas de distorsion totale de concurrence quand on progresse de plus de 20% par an de parts de marché en France."

Franceinfo : Y a-t-il effectivement concurrence déloyale entre les vins français et les vins américains ?

Jean-Marie Fabre : Je ne pense pas qu'on puisse parler de concurrence déloyale. Le vin français ne rentre pas sur le territoire des États-Unis gratuitement mais bien avec des taxes. Effectivement, il y a un petit delta entre les taxes qui sont opérées par les États-Unis pour l'entrée des vins français sur son sol et les taxes opérées par l'Union européenne, puisque ce n'est pas la France qui décide, pour l'entrée des vins américains sur l'ensemble du marché européen.

Les taxes américaines varient aussi en fonction du degré d'alcool dans le vin.

Oui. Les taxes varient entre 5,3 et 14,9 cents par bouteille en fonction de la nature du vin et de son degré d'alcool. Pour vous donner un ordre d'idée, la taxation des produits viticoles des États-Unis qui rentrent en Europe vont de 11 à 29 cents. C'est moins élevé pour les vins français qui arrivent sur le marché aux États-Unis mais ce n'est pas gratuit. On est sur un delta d'environ 30%.

Est-ce que ça a permis au vin français de s'installer sur le marché américain ?

Oui et non. Le vin français a une réputation mondiale de vin de qualité. Je pense que cette notoriété aujourd est acquise et continue de contribuer au développement des parts de marché des opérateurs viticoles français. Il y a aussi un fort développement des parts de marché des vins américains sur le marché européen et dans notre pays en particulier. Je vais vous citer un exemple : depuis huit ans, la proportion des vins américains vendus sur le sol français, c'est 200% de plus. Je pense qu'il n'y a pas de distorsion totale de concurrence quand on progresse de plus de 20% par an en parts de marché.

La hausse des taxes aura-t-elle forcément un impact ?

A chaque fois qu'un produit augmente, forcément il y a une part de la consommation qui peut être impactée. Les vignerons indépendants, pour 70% d'entre eux, commercialisent à l'export. Donc les marchés export sont importants à la fois en termes de développement, de compétitivité, de présence. Le secteur viticole français, c'est aussi le second secteur de performance commerciale de la France à l'export et le marché des États-Unis est le premier marché de consommation en valeur au monde pour les vins français. Donc forcément, il y aurait un impact, mais il faut quand même le relativiser. La consommation du vin aux États-Unis se fait par les classes moyennes et moyennes supérieures où quelques centimes de plus n'auront pas une incidence marquante. Mais on ne peut pas prendre ça comme un très bon signal. On le remet dans un contexte politique où chacun met un peu la pression sur l'autre, puisqu'en ce moment se négocient des accords commerciaux entre les États-Unis et l'Union européenne. Je pense que le président Trump est habitué à ces sorties qui renvoient la pression sur ses partenaires. On n'est pas plus inquiets que ça.

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