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La politique de Donald Trump au Proche-Orient est "un retour à un certain classicisme"

Pour l'ancien ancien ambassadeur de France en Syrie, Michel Duclos, Donald Trump est "le symbole d'un certain réengagement des États-Unis dans la région".

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Donald Trump lors de son discours à Riyad, le 21 mai 2017.  (BANDAR ALGALOUD / SAUDI KINGDOM  / ANADOLU AGENCY)

Donald Trump effectue, depuis dimanche 21 mai, une tournée diplomatique marathon de neuf jours. Le président américain se rend, lundi, à Jérusalem en Israël avant d'aller mardi en Cisjordanie, territoire palestinien occupé.

La première étape de sa tournée au Moyen-Orient a été l'Arabie saoudite, où il a prononcé un discours pacifié sur l'islam. Se disant porteur d'un message "d'amitié, d'espoir et d'amour" du peuple américain, Donald Trump a souligné la symbolique de son déplacement. 

Selon Michel Duclos, ancien ambassadeur de France en Syrie (2006-2009) et directeur général de l’Académie diplomatique internationale, un centre de réflexion et débats, la politique que Donald Trump "veut annoncer au Proche-Orient est un retour à certain classicisme". Donald Trump est "le symbole d'un certain réengagement des États-Unis dans la région", a souligné l'expert sur franceinfo.

franceinfo : Le discours de Donald Trump a suscité une certaine appréhension, vous avez partagé ce sentiment ?

Michel Duclos : Oui et non. Le personnage de Trump est atypique. Mais la politique qu’il veut annoncer au Proche-Orient est un retour à un certain classicisme. Il est le symbole d’un certain réengagement des Etats-Unis dans la région. Le discours sur l’islam n’était que partiellement un discours sur l’islam.

Il a voulu rompre avec l’image, les propos et les attitudes perçues comme anti-musulmans qu’il avait eus ces derniers mois.

Michel Duclos

à franceinfo

Il avait donc besoin de redire des mots d’amour au monde islamique. Derrière cela, il y avait surtout la volonté, à travers la lutte contre le terrorisme et surtout l’hostilité déclarée à l’Iran, de montrer que l’Amérique était de retour dans cette région et de retour aux côtés de ses alliés traditionnels, c’est-à-dire les puissances arabes sunnites et Israël.

Pensez-vous qu’il a cherché à flatter ses alliés ?

Ce discours est évidemment à comparer avec celui d’Obama au Caire en juin 2009. Donald Trump est dans la rupture. Son message est : 'On ne va pas se mêler de vos affaires intérieures, mais on est solidement à vos côtés, notamment contre le terrorisme et contre l’Iran'. Cela passe notamment par la signature massive de contrats, mais là encore, il s’agit de classicisme classique. D’un côté, il est dans les clous. D’un autre, il se démarque. Cette insistance sur 'On ne se mêlera pas de vos affaires', l’absence de référence à la bonne gouvernance, l’encouragement à la réforme et à l’évolution des sociétés, tout cela ne figure plus dans le discours américain.

Prochaine étape : Jérusalem et les territoires palestiniens, personne ne connaît sa position sur le conflit israélo-palestinien, est-ce normal ?

Son discours va être attendu. Il a été fluctuant sur l’existence de deux États ou pas. Il a même dit à un moment que cela lui était égal. Tout le monde s’attend à ce qu’il essaie d’arracher un sommet Netanyahu/Abbas dans les prochaines semaines ou les prochains mois aux Etats-Unis. Un point à souligner, c’est qu’il a dit d’entrée de jeu, qu’il voulait résoudre le conflit israélo-palestinien. On va surveiller très attentivement ce qu’il va dire sur les colonisations. L’annonce pourrait porter sur une forme de rencontre entre Israéliens et Palestiniens sous l’égide des États-Unis, sans objectif très précis, mais pour montrer à nouveau que l’Amérique s’implique.

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