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L'après Trump : inquiétude à Pittsburgh, une ville américaine qui a misé sur l'écologie

Aux Etats-Unis, les défenseurs de l'environnement sont inquiets depuis l'élection de Donald Trump. Ses choix sont particulièrement redoutés en Pennsylvanie, à Pittsburgh, une ville qui attire les start-up spécialisées dans l'écologie. 

Article rédigé par franceinfo, Philippe Randé
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
A Pittsburgh, en Pennsylvanie, des militants écologistes et la la mairie s'inquiètent des positions affichées par Donald Trump lors de sa campagne présidentielle (SAUL LOEB / AFP)

Après l'élection présidentielle de Donald Trump aux Etats-Unis, les inquiétudes pour l'écologie résonnent à la COP22, organisée à Marrakech jusqu'au 18 novembre. Les craintes s'expriment aussi dans les villes américaines qui ont choisi de prendre à bras le corps le problème de la pollution et d'investir sur l'économie verte. C'est le cas à Pittsburgh, en Pennsylvanie, un Etat tombé dans l'escarcelle de Trump. La ville fait toujours partie des secteurs américains les plus pollués, mais la mairie s'est engagée dans la relance économique grâce à des start-up spécialisées dans l’écologie. 

Le "canular" de Trump dans les têtes

Il y a un an, Mark Dixon, militant écologiste à Pittsburgh, était à Paris pour la Cop 21. Quand il était interrogé sur le phénomène Donald Trump, sa réponse était invariable : "Il ne sera jamais président". Aujourd’hui, Mark est effrayé par les choix que pourrait faire le nouveau président. "Va-t-il essayer de nous ramener à des techniques vieilles de plus de 100 ans ? J’en suis certain", déclare-t-il en rappelant les déclarations du président sur le climat : "Il a dit que le concept du changement climatique était un canular créé par les Chinois."

Mark Dixon explique que la ville de Pittsburgh a pris conscience des problèmes de pollution et des impacts sur la santé. "Le vrai canular, dit-il, c’est de faire croire aux travailleurs américains qu’ils peuvent avoir une économie prospère avec du travail basé sur des techniques centenaires, par exemple en brûlant du charbon".  A Pittsburgh, une ancienne ville industrielle qui fait toujours partie des secteurs les plus pollués des Etats-Unis, la mairie a, depuis des années, relancé l’économie grâce à des start-up travaillant dans le domaine de l’écologie. 

Des poésies comme remède anti-stress

Depuis l'annonce de la victoire de Donald Trump le 8 novembre, l'ambiance de travail a changé dans la petite start-up dirigée par Barton Kirk. Lui et ses collègues s’échangent des poèmes entre deux devis pour oublier l’incertitude. Tous ont aussi gardé en mémoire la déclaration de Donald Trump sur le réchauffement climatique, présenté comme un canular. Barton Kirk, le patron, attend avec impatience une clarification des positions du nouveau président des Etats-Unis sur la COP21. "J’attends vraiment ce qu’il va dire sur les accords de Paris pour que l'on puisse à nouveau travailler sur nos propositions contre le réchauffement climatique". Ce qui inquiète ce chef d'entreprise, ce sont surtout les coupes claires prévues par le président Trump : "Nous travaillons avec l’Agence de protection de l’environnement dont Donald Trump veut réduire le budget et les effectifs."

Des investissements en suspens

Barton Kirk et ses collègues ne sont pas seulement inquiets pour l’écologie. Ils craignent que le protectionnisme économique prôné par Donald Trump casse la dynamique de Pittsburgh. Kevin Aklin, secrétaire général démocrate de la mairie, explique recevoir de nombreux appels téléphoniques d’entrepreneurs depuis quelques jours. "Il y a un sentiment de peur", dit-il. "Tous les investissements qu’on a fait sur les nouvelles technologies avec des sociétés comme Uber qui sont venues s’installer ici, c’est grâce au partenariat noué avec le gouvernement fédéral." 

Kevin Aklin sait ce qu'il l'attend à présent : "Il nous faut réussir à convaincre la nouvelle administration que notre travail doit être poursuivi." Aura-t-il l'oreille de l’équipe de Donald Trump ? A cette question, Kevin Aklin sourit et répond : "Encore faudrait-il qu'il ait une équipe..."

Après l'élection de Donald Trump, inquiétude à Pittsburgh, une ville qui a misé sur l'écologie: un reportage de Philippe Randé

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