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G7 : Trump est "toujours courtois dans ce type de sommet", mais il peut être "virulent" une fois rentré à Washington

L'économiste Sylvie Matelly, directrice adjointe de l'Institut de relations internationales et stratégiques, estime que Donald Trump n'a pas de raison de revenir sur ses décisions récentes en termes de politique commerciale en marge du G7 qui s'achève samedi soir au Canada.

Article rédigé par franceinfo
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Donald Trump et Emmanuel Macron lors du G7, à La Malbaie, au Québec, le 8 juin 2018. (LUDOVIC MARIN / AFP)

Alors que les Etats-Unis et les Européens sont convenus, en marge du sommet du G7 qui s'achève samedi 9 juin au Canada, d'établir un dialogue sur les questions commerciales, l'économiste Sylvie Matelly a estimé sur franceinfo qu'il fallait se méfier de la "courtoisie" affichée par le président américain lors de cette rencontre, et "attendre de voir s'il s'est réellement passé quelque chose de concret". Selon la directrice adjointe de l'Institut de relations internationales et stratégiques (Iris), Donald Trump est toujours beaucoup plus ferme "une fois rentré à Washington avec ses conseillers" et n'a pas de raison de revenir sur ses décisions récentes en termes de politique commerciale.

franceinfo : Emmanuel Macron dit avoir vu, chez Donald Trump, une volonté de trouver un accord. S'agit-il simplement de sauver les apparences ?

Sylvie Matelly : Oui très certainement, mais c'est difficile de se prononcer car on n'a pas le détail des discussions. Ce qui est sûr, c'est que la fermeté des Européens a été réelle : les quatre pays se sont clairement positionnés en confrontation vis-à-vis de M. Trump et lui ont dit ce qu'ils pensaient de sa position. Cependant, M. Trump est toujours courtois dans ce type de sommet : on ne l'a jamais vu être très ferme lors de ce type de rencontres, il l'est plutôt une fois qu'il rentre à Washington avec ses équipes et là il peut être assez virulent. Je veux bien croire que les discussions ont avancé, mais j'attends la suite pour savoir s'il s'est réellement passé quelque chose de concret.

On a parlé cette année d'un G6 +1, et non d'un G7, tant les États-Unis apparaissent en opposition avec leurs habituels partenaires. Est-ce que le multilatéralisme a vécu ?

C'est compliqué, le multilatéralisme tel qu'on le connaissait, oui, il a vécu. Simplement, sur les grands dossiers, sur les grandes critiques qui sont faites aujourd'hui au multilatéralisme et au commerce international, les partenaires que sont les Européens et les Américains sont assez d'accord sur le diagnostic. C'est juste la méthode qui diffère et clairement, les États-Unis ont décidé de jouer sur certains dossiers d'abord leurs intérêts avant la négociation, ne lâchant rien sur leurs intérêts. Et de ce point de vue-là, ils affaiblissent le multilatéralisme. Et d'ailleurs c'est répété par les Américains dans leurs discours : "Nous voulons du commerce international, mais un commerce qui soit plus équitable, donc on est pour le multilatéralisme mais on va le défendre en défendant d'abord nos intérêts."

Donald Trump a plaidé pour un retour de la Russie - mise au ban depuis 2014 pour son annexion de la Crimée -, les Européens ont rapidement enterré cette idée. Chacun est dans son rôle ?

Oui tout à fait, avec une incertitude : est-ce que Donald Trump était sérieux quand il a plaidé ça, ou est-ce qu'il a cherché à agacer et à diviser les Européens ? Après, derrière cette question-là, la possibilité de la Russie de réintègrer le G8 est beaucoup plus complexe ! Si Donald Trump est sérieux dans sa demande, ça veut dire qu'il a des garanties de la part des Russes qu'il va être soutenu. Peut-être a-t-il promis la levée des sanctions. C'était probablement juste un effet d'annonce, sachant que les choses commencent à bouger aussi entre les Russes et les Européens.

Ce sommet-là est-il moins important pour Donald Trump que le sommet de Singapour avec la Corée du Nord dans trois jours ?

Pour Donald Trump, très clairement. Il est dans la perspective des élections de mi-mandat, dans quatre mois. Avant ce sommet du G7, il a pris des positions très fermes sur sa politique commerciale. Très clairement il ne va pas bouger, il va juste chercher à rassurer ses partenaires sans pour autant donner de gage. Alors que le sommet avec la Corée du Nord, c'est clairement la possibilité pour lui d'afficher sa victoire, d'avoir réussi à faire la paix, à démarrer la dénucléarisation de ce pays, donc les enjeux sont beaucoup plus importants pour lui.

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