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Des humoristes arabo-américains veulent devenir "le pire cauchemar de Donald Trump"

A quelques centaines de mètres de la convention républicaine, des comédiens ont organisé un spectacle pour se moquer des clichés dont ils sont victimes et pour contrer le milliardaire par le rire. Francetv info était dans la salle.

Article rédigé par Mathieu Dehlinger - Envoyé spécial à Cleveland (Etats-Unis),
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Maysoon Zayid sur scène à New York (Etats-Unis), le 24 avril 2014. (D DIPASUPIL / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP)

Derrière le micro, "le pire cauchemar de Donald Trump" vient de s'installer. Et à en croire l'invitation reçue par les journalistes et les spectateurs, il est "dangereusement drôle". Maysoon Zayid pense avoir tout pour déplaire au milliardaire. "Ma mère ressemble à Julia Roberts, mon père à Saddam Hussein, lâche-t-elle devant la salle. Je suis Palestinienne, musulmane, j'ai un handicap [elle est atteinte d'une infirmité motrice cérébrale], je suis une personne de couleur et je viens du New Jersey."

Le spectacle a lieu dans le Hanna Theatre, une salle de Cleveland (Etats-Unis) située à quelques centaines de mètres de l'endroit où la convention du parti républicain investit Donald Trump, mardi 19 juillet. Sur scène, Maysoon Zayid préfère affronter l'homme d'affaires par le rire. Pour évoquer sa proposition d'interdire aux musulmans étrangers l'entrée sur le sol des Etats-Unis, la comédienne arabo-américaine raconte comment elle est partie à Gaza "pour se trouver un mari". "Je suis tellement heureuse de l'avoir épousée avant que Donald Trump ne soit élu, sinon il aurait été interdit de séjour et je serais morte vierge", ironise-t-elle.

"Les musulmans sont dépeints comme des démons"

Mais en coulisse, Maysoon Zayid a beau avoir beaucoup d'humour, son large sourire s'efface quand elle évoque ces derniers mois. Depuis l’entrée en scène du milliardaire dans la course à la Maison Blanche, en juin 2015, l'humoriste raconte avoir un flot de commentaires haineux sur les réseaux sociaux. "Je reçois des messages disant 'Mort aux Arabes' par exemple, explique-t-elle. Il y a tant de négativité durant cette campagne. Les musulmans sont dépeints comme des démons qui n’appartiennent pas à la société."

Même après le 11-Septembre, je n'avais pas connu une telle violence.

Maysoon Zayid

à francetv info

"On nous a transformés en monstres", abonde son acolyte du jour, Dean Obeidallah. "Donald Trump joue avec les peurs de ses électeurs, alors qu'un leader devrait unir", juge le comédien, également animateur radio. "Il a un discours simpliste, il dépeint le monde en noir et blanc, estime Maya Berry, la directrice exécutive de l'Arab American Institute, qui organise le spectacle. Ce que je dis à ses électeurs, c'est 'soyez plus ouverts, essayez de nous comprendre, parlez-nous !'"

Le rire contre les clichés sur l'islam

"Avec notre spectacle aujourd'hui, on veut en quelque sorte donner un cours sur les Arabes pour les débutants", explique Dean Obeidallah. Au micro, il s'amuse des clichés sur les Arabo-Américains : toujours en retard, polygames… Il ironise aussi sur la représentation des musulmans dans les médias américains. "Ma compagne a joué dans la série Homeland, raconte-t-il. C’est bien, même si elle est arabe, on ne lui a pas demandé de jouer une terroriste… A la place elle a joué la femme du terroriste."

Dean Obeidallah sur la scène du Hanna Theatre, à Cleveland (Etats-Unis), le 19 juillet 2016. (MATHIEU DEHLINGER / FRANCETV INFO)

Les applaudissements fusent, mais le message n'a que peu de chances d'atteindre les délégués du parti républicain, retranchés depuis lundi dans l'enceinte de la Quicken Loans Arena de Cleveland, où les orateurs se succèdent pour dénoncer le "terrorisme islamique radical". Dean Obeidallah et Maysoon Zayid gardent toujours un espoir : que, d'ici novembre, la candidature de Donald Trump ne devienne qu'une vaste blague.

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