Décision de Trump sur Jérusalem : ce qu'il faut retenir d'un vendredi de heurts en Israël et en Palestine
Deux personnes sont mortes, tuées par des tirs israéliens, lors d'un rassemblement de Palestiniens à Gaza.
Deux jours après la reconnaissance par les Etats-Unis de Jérusalem comme capitale d'Israël, une première personne est morte, vendredi 8 décembre, lors des rassemblements de contestation de cette décision de Donald Trump, au cours desquels des dizaines de personnes ont également été blessées. Cette journée avait été déclarée "jour de rage" par les groupes palestiniens et devait donner une première indication de l'ampleur de la colère populaire, alors que le Hamas a appelé à lancer une "nouvelle Intifada". Franceinfo retrace les événements de ce vendredi.
Deux morts et des tensions dans toute la Palestine
Israël craignait ce vendredi, "jour de rage", mais aussi jour de grande prière sur l'esplanade des Mosquées. Plusieurs centaines de policiers supplémentaires avaient été déployés à l'intérieur et autour de la Vieille ville. De vigoureuses empoignades les ont opposés aux militants palestiniens.
Mais c'est dans la bande de Gaza que les affrontements ont pris un tour plus violent. Un Palestinien de 30 ans, Mahmoud al-Masri, a été tué par des tirs de soldats israéliens, a annoncé le ministère gazaoui de la Santé dans l'après-midi. Il participait à la contestation à l'est de Khan Younès, près de la barrière de sécurité fermant hermétiquement les frontières d'Israël avec ce territoire.
Maher Attallah, un Palestinien de 54 ans, "blessé lors des heurts dans le nord de la bande de Gaza ce soir" est mort, a indiqué dans un communiqué le porte-parole du ministère de la Santé palestinien.
Un troisième Palestinien a été atteint d'une balle dans la tête lors d'un autre rassemblement, toujours à Gaza mais dans l'est du territoire. Le ministère de la Santé a annoncé sa mort avant de se rétracter, le jeune homme ayant été ranimé à l'hôpital. Vendredi soir, il était toujours en vie, mais dans un état désespéré.
Pendant ce temps, dans différentes villes de Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël, comme à Bethléem, Hébron, Jéricho ou près de Naplouse, des groupes de dizaines de manifestants, pour beaucoup des jeunes le visage ceint d'un foulard, ont lancé des pierres sur les soldats israéliens qui répliquaient à distance par des tirs de balles en caoutchouc et de balles réelles, et par des gaz lacrymogènes. Les heurts ont fait des dizaines de blessés.
Selon l'armée israélienne, l'état hébreu a également été la cible de deux tirs de roquette depuis le territoire palestinien, interceptés par le système anti-aérien israélien Dôme de fer.
Des rassemblements dans le monde musulman
Avant même les premiers rassemblements en Palestine, la journée a commencé par des défilés de soutien à des milliers de kilomètres de là. A Kuala Lumpur, capitale de la Malaisie, 5 000 personnes, menées par un ministre, ont manifesté aux cris de "Ne touchez pas à Jérusalem" ou "Faites tomber le président Trump". Non loin, à Jakarta, capitale du plus grand pays musulman du monde, plusieurs centaines d'Indonésiens se sont réunis devant l'ambassade des Etats-Unis.
Des manifestations ont suivi toute la journée, d'Istanbul à l'Afghanistan en passant par l'Iran. Un peu partout, les protestataires ont brûlé ou piétiné des portraits du président Donald Trump et des drapeaux américain et israélien.
Une journée mouvementée sur le plan diplomatique
La journée a également été mouvementée sur le plan diplomatique. Dès vendredi matin, Emmanuel Macron, qui recevra Benyamin Nétanyahou dimanche, a lancé "un appel au calme et à la responsabilité de tous", peu après que le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a estimé qu'il existait un "risque" d'Intifada. Celui-ci a rencontré son homologue américain, Rex Tillerson, en début d'après-midi à Paris. Qui a expliqué que le déménagement de l'ambassage américaine de Tel-Aviv à Jérusalem n'aurait pas lieu "cette année, ni même probablement l'année prochaine".
Une nuance qui n'a pas suffi à calmer la colère contre les Etats-Unis dans le monde arabe. Le grand imam d'Al-Azhar, influente institution de l'islam sunnite basée au Caire, a annoncé qu'il annulait une rencontre prévue avec le vice-président des Etats-Unis Mike Pence en décembre. Un cadre du Fatah avait déjà affirmé que le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas ne recevrait pas non plus Mike Pence lors de son déplacement dans la région.
Une dernière échéance était en cours, vendredi soir : la réunion du Conseil de sécurité de l'ONU, convoqué en urgence après la décision de Donald Trump. L'ambassadrice de Washington y a assuré que son pays restait "engagé dans le processus de paix". Une déclaration qui aura du mal à se vérifier dans les faits : le négociateur en chef des Palestiniens, Saed Erekat, a expliqué sur Al Jazeera que l'autorité palestinienne ne discuterait plus avec les Américains tant que Donald Trump ne serait pas revenu en arrière.
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