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A Naplouse, trente ans après la première intifada, les enfants de Marouane ont la révolte dans le sang

Donald Trump a reconnu unilatéralement Jérusalem comme capitale d’Israël, provoquant la colère des Palestiniens, qui agitent le spectre d’une troisième intifada. Trente ans après, à Naplouse, en Cisjordanie, le souvenir de la première est encore dans tous les esprits.

Article rédigé par Claude Guibal
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Une rue de Naplouse, en Cisjordanie, en 2016. (ABED OMAR QUSINI / REUTERS)

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanayou déjeune dimanche avec Emmanuel Macron, quelques jours après le coup d'éclat de Donald Trump, qui a reconnu unilatéralement Jérusalem comme capitale d'Israël. Une décision qui a provoqué la colère des Palestiniens, même si la mobilisation reste en demi-teinte dans les territoires.

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La contestation n’a pas pris les atours de la première intifada, laquelle avait secoué la région jusque 1993 et les accords d’Oslo. Trente ans plus tard, à Naplouse, en Cisjordanie, le souvenir des combats reste encore omniprésent.

Son frère est mort d'une balle dans le cou

Au fond d’une échoppe de céramique au cœur du souk de Naplouse, se trouve un grand portrait dans un cadre doré. L’homme, sur la photo, était le frère du patron du magasin, Marouane. Son frère est mort il y a trente ans, une balle dans le cou. C’était là, juste dans le coin de la rue, quand la première intifada venait de commencer. Lorsqu’on lui demande à quoi ont servi ces milliers de morts, la réponse de Marouane est immédiate : "C’est le martyr de mon frère, explique-t-il, et de tous les autres qui ont permis de faire savoir au monde qu’il existait un peuple palestinien qui subissait une occupation et que cette occupation continuait."

"Mes enfants ont l’intifada dans le sang"

Marouane a lui-même pris une balle dans le front et fait de la prison. Proche du Fatah, où Mahmoud Abbas a succédé à Yasser Arafat, il prend bien soin de ne pas égratigner l’unité de façade que les différentes factions palestiniennes essaient, tant bien que mal, de maintenir, depuis l’annonce de Donald Trump. Lorsque nous évoquons l’hypothèse d’une troisième intifada, Marouane botte en touche. "J’ai cinquante ans, soupire-t-il. Je suis trop vieux pour lancer des pierres." Puis se reprend, presque mécaniquement : "Mes enfants, comme tous les jeunes Palestiniens, ont l’intifada dans le sang. Leur révolte durera tant que l’occupation israélienne continuera."

A Naplouse, trente ans après la première intifada, les enfants de Marouane ont la révolte dans le sang

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