Présidentielle américaine: y a-t-il une autre possibilité qu’Hillary Clinton?
La candidature d’Hillary Clinton à la présidence des Etats-Unis d’Amérique en 2016 semble inévitable. Mais la démocrate la plus populaire outre-Atlantique pourrait-elle, contre toute attente, renoncer à se présenter à l'élection présidentielle en 2016? Le scénario désespère ses petits camarades, qui manquent de candidats crédibles. Alors que près d'une dizaine de quadras et quinquas se préparent à des primaires très concurrentielles dans le camp républicain.
Côté démocrate, quels sont ceux et celles qui pourrait éventuellement la concurrencer ?
Le vice-président Joe Biden a ouvertement dit qu'il envisageait une nouvelle candidature, après son échec de 2008 et son repêchage comme colistier sur le «ticket» de Barack Obama. Mais il a 71 ans, cinq ans de plus qu'Hillary Clinton. Et s'il cultive une image débonnaire, il n'a jamais réussi à percer dans l'électorat démocrate. L’homme ne recueille que 12% des intentions de vote dans un sondage ABC-Washington Post publié le 9 juin 2014. Loin, très très loin derrière Mme Clinton (69%)… «Si leur deuxième meilleure option est Joe Biden, alors ils ont un vrai problème», ironise Kevin Madden, qui fut porte-parole du candidat républicain Mitt Romney en 2012.
Quasi-inconnu au plan national, le gouverneur du Maryland et ancien maire de Baltimore, Martin O'Malley, a exprimé son intérêt pour la course à la Maison blanche. En février, il a expliqué qu'il se préparait activement pour «proposer une meilleure voie pour le pays». Mais son absence de notoriété lui rend la tâche particulièrement complexe: dans l’enquête ABC-Washington Post, il ne recueille que 1% des intentions de vote. Soit moins que la marge d'erreur…
Il en va de même pour l'ancien gouverneur du Montana (nord-ouest) Brian Schweitzer. Lequel n'hésite pourtant pas à dire qu'il ferait «évidemment» un meilleur président qu'Hillary Clinton.
Quant à la gauche du parti, elle porte ses espoirs sur la sénatrice du Massachussets Elizabeth Warren, avocate des consommateurs et des «petits» (il n’y a qu’à regarder son site internet), grande pourfendeuse de Wall Street, dont la cote et la notoriété sont légèrement supérieures (7% dans le sondage mentionné ci-dessus). Elle a toutefois plusieurs fois indiqué qu'elle n'était pas candidate. Cela ne l’a pas empêché de se lancer dans une tournée de promotion de son dernier livre, A Fighting Chance (Metropolitan Books), en français Une occasion de se battre. Comme une certaine Hillary…
« Il n’y a pas d’alternative»
En plus d'être favorite dans les sondages, Mme Clinton a la haute main sur les réseaux du financement électoral. Un critère clef aux Etats-Unis où les campagnes présidentielles coûtent plusieurs centaines de millions de dollars. Héritage de la présidence de Bill Clinton, Hillary et son époux cultivent tout un réseau de riches donateurs, dont beaucoup ont promis leur appui à l’ancienne secrétaire d’Etat. Autant de fonds que n’auront pas ses rivaux potentiels.
Pour l’instant, l’ex-sénatrice démocrate a juste annoncé qu'il faudrait attendre pour sa décision. Vraisemblablement jusqu’à début 2015. Résultat : certains l'accusent de «geler» la course. «Non», s'est-elle défendue le 9 juin 2014 sur la chaîne ABC. «Les gens peuvent faire ce qu'ils veulent, selon leur propre calendrier.»
«Si Hillary n'est pas candidate, ce sera une course très ouverte», a estimé Howard Dean, candidat à la primaire il y a dix ans, et patron du parti démocrate de 2005 à 2009. «Je crois vraiment qu'elle n'a pas encore pris de décision. Il y a une bonne probabilité qu'elle renonce», assure-t-il.
Pour autant, la tournée de promotion de son nouveau livre, Le temps des décisions (un titre en soi plutôt explicite…) ressemble pourtant largement à un ballon d’essai avant une campagne présidentielle : elle s’accompagne d'interviews à toutes les grandes chaînes de télévision américaines. Ross Douthat, éditorialiste au New York Times, ne s’y est d’ailleurs pas trompé. Il a carrément intitulé sa récente chronique: «Il n'y a pas d'alternative»…
L’affaire de Benghazi, un talon d’Achille ?
Empêtrés dans leurs divisions, les républicains n'ont pas attendu d'officialisation d’une éventuelle candidature pour canonner Hillary. Un de leurs angles d’attaques favoris : l'impréparation du département d'Etat avant l'attaque contre la mission diplomatique américaine de Benghazi (Libye), le 11 septembre 2012. Lors de l’interview sur ABC, la journaliste Diane Sawyer est revenue longuement sur cette affaire, preuve qu’elle constitue peut-être le talon d’Achille de l’ancienne secrétaire d’Etat. Celle-ci a rétorqué que son rôle dans cette affaire avait été de donner «des instructions très directes» à «des gens qui ont l’expertise et l’expérience en matière de sécurité». Elle a estimé qu’elle avait eu raison de s’en remettre à leur jugement.
Et maintenant ? «Tous les signaux indiquent qu'elle va se lancer», pense le sénateur républicain Dan Coats, en énumérant la publication de son livre, le flot de dons pour ses comités de soutien, et son agenda hyper chargé. «Ce sont les cases à cocher quand on prépare une candidature», dit Dan Coats. «Je pars donc du principe qu'elle sera candidate, jusqu'à preuve du contraire». Mais le «contraire» pourrait-il se produire, à la grande joie de ses adversaires de droite?
L'interview d'Hillary Clinton sur ABC
ABC, 9 juin 2014
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