Cet article date de plus de neuf ans.

Pourquoi le projet de l'oléoduc Keystone XL, rejeté par les Etats-Unis, est contesté

Après des années de tergiversations, le président américain, Barack Obama, a annoncé ce vendredi le rejet du projet d'oléoduc devant relier le Canada aux Etats-Unis. La compagnie envisage de déposer une nouvelle demande.

Article rédigé par franceinfo
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Manifestation contre le projet d'oléoduc Keystone XL, à Washington (Etats-Unis), le 17 novembre 2014. (GARY CAMERON / REUTERS)

"Le département d'Etat a décidé que le projet Keystone XL n'était pas dans l'intérêt national des Etats-Unis. Je suis d'accord avec cette décision", a déclaré Barack Obama depuis la Maison Blanche, vendredi 6 novembre. Le directeur général de TransCanada, à l'origine du projet, a déclaré que la compagnie allait examiner le dépôt d'une nouvelle demande d'autorisation du projet.

Bête noire des écologistes américains depuis plusieurs années, l'oléoduc Keystone XL vise à transporter le pétrole canadien depuis l'Alberta (Canada) jusqu'au centre des Etats-Unis, dans le Nebraska, d'où il aurait pu rejoindre les raffineries du golfe du Mexique. Long de 1 900 kilomètres, dont 1 400 aux Etats-Unis, il doit raccourcir de moitié le trajet actuel de l'oléoduc Keystone, qui relie depuis 2010 l'Alberta et l'Illinois. Ldossier est devenu l'emblème du fossé idéologique sur l'énergie et l'environnement aux Etats-Unis.

L'impact environnemental 

Lancé en 2008 par le consortium TransCanada, le projet de l'oléoduc Keystone XL a pour objectif d'acheminer 830 000 barils de pétrole par jour entre le Canada et les Etats-Unis, rapporte Le Monde. Dans son tracé initial, les opposants au projet critiquent la portion entre l'Alberta et le Nebraska, qui traverse les réserves naturelles fragiles de Sand Hills. En cas de fuite, ces écosystèmes seraient durement mis en danger, selon les écologistes. Une situation d'autant plus envisageable pour les opposants au projet que l'oléoduc original Keystone a connu une douzaine de fuites dès sa première année d'exploitation.

C'est en partie pour cette raison que Barack Obama a rejeté le projet une première fois en janvier 2012, explique le Washington Post (en anglais). Depuis, TransCanada a modifié le trajet de l'oléoduc pour qu'il respecte mieux l'environnement, mais les écologistes dénoncent l'origine de la matière extraite : des sables bitumineux, un pétrole non conventionnel, visqueux et lourd qui nécessite une méthode d'extraction bien plus énergivore en eau que les hydrocarbures traditionnels.

Les retombées économiques 

"L'oléoduc ne ferait pas baisser le prix du carburant pour les consommateurs américains", a déclaré Barack Obama à l'annonce du rejet du projet. Pourtant, l'impact économique de Keystone XL a longuement été mis en avant par ses supporters. Selon TransCanada, l'oléoduc géant pourrait créer près de 42 000 emplois directs et indirects entre les deux pays durant les deux ans de chantier, et générerait 1,75 milliard d'euros de revenus, souligne Europe 1.

Cette estimation a été revue à la baisse par Barack Obama lors d'une interview au Washington Post en juillet 2013. Il a estimé qu'il s'agirait plutôt de 2 000 emplois temporaires, puis seulement de "50 à 100 emplois permanents dans une économie qui en compte 150 millions".

L'indépendance énergétique

Aux Etats-Unis, les supporters du projet, pour la majeure partie des Républicains, expliquent que Keystone XL assurerait l'indépendance énergétique des Etats-Unis. En transportant 830 000 barils de pétrole par jour, Keystone XL aurait permis de réduire la dépendance énergétique américaine envers le Venezuela et le Moyen-Orient de 40%. Or, cela ne représenterait "qu'une goutte des 13 millions de barils extraits chaque jour entre le Canada et les Etats-Unis", détaille Geopolis.

"Transporter du pétrole brut plus sale jusque dans notre pays ne renforce pas la sécurité énergétique des Etats-Unis", a aussi souligné Barack Obama. 

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.