Pasteur baptiste, militant non-violent, symbole de la lutte contre la ségrégation raciale : Qui est Martin Luther King ?
Il y a 50 ans, le 4 avril 1968, Martin Luther King était assassiné. Il a consacré sa vie à prôner la non-violence dans son combat pour l’égalité politique et économique.
Martin Luther King naît le 15 janvier 1929 à Atlanta, en Géorgie. Son père est pasteur de l’Église baptiste et dirigeant local de la NAACP, organisation de défense des droits civiques des Noirs. À six ans, il prend conscience de la ségrégation lorsque deux enfants blancs lui disent qu’ils n’ont plus le droit de jouer avec lui.
Marchant dans les pas de son père, il décroche un diplôme de sociologie et est ordonné pasteur baptiste à 19 ans. Trois ans plus tard, il rejoint l’université de Boston, où il rencontre sa future femme Coretta Scott.
Pasteur engagé et pacifique
Dès 1954, il dirige une paroisse à Montgomery, dans l’Alabama. L’année suivante, en soutien à Rosa Parks, il prend la tête du mouvement de boycott des bus de la ville de Montgomery. Le mouvement non-violent mène à l’interdiction de la ségrégation dans les transports en commun par des tribunaux fédéraux.
Inspiré par sa foi chrétienne et les enseignements du Mahatma Gandhi, le pasteur King prône la non-violence et organise des actions collectives, comme des occupations pacifiques de lieux interdits aux Noirs ou des marches de protestation, afin de "manifester dans ce même esprit d’amour et de non-violence".
Devenu la figure de proue de la lutte pour les droits civiques des Noirs, son exposition lui vaut d’être régulièrement harcelé et menacé de mort.
Des victoires historiques pour les droits civiques des Noirs
Le 28 août 1963, âgé de 34 ans, il organise la célèbre "marche pour l’emploi et l’égalité" à Washington, qu’il décrit alors comme "la plus grande manifestation de liberté dans l’histoire des États-Unis". Devant le Lincoln Memorial, il prend la parole et s’adresse à 250 000 personnes et des millions de spectateurs pour prononcer un discours qui rentrera dans l’histoire : "Je rêve que mes quatre petits enfants vivront un jour dans une nation où ils ne seront pas jugés sur la couleur de leur peau, mais sur la valeur de leur caractère. Je fais aujourd’hui un rêve !"
L’année suivante, il reçoit le prix Nobel de la Paix pour sa lutte non-violente pour les droits civiques des Noirs. À 35 ans, il en est alors le plus jeune lauréat. Dans son discours, il rappelle que "22 millions de Noirs américains sont engagés dans une bataille créative pour mettre fin à la longue nuit de l’injustice raciale."
En mars 1965, il mène les marches pour le droit de vote des Noirs de Selma à Montgomery : "Le monde entier sait aujourd’hui que nous sommes là et que nous tenons devant les forces du pouvoir dans l’État de l’Alabama en disant que nous ne laisserons personne nous détourner."
Les mouvements pacifiques menés par Martin Luther King sont couronnés de succès. En 1964, le président Lyndon Johnson signe le Civil Rights Act, qui rend illégale la ségrégation dans les lieux publics. L’année suivante, les marches de Selma à Montgomery mènent à l’adoption du Voting Rights Act, qui renforce le droit de votes des minorités.
Mais son mouvement est menacé. À l’intérieur de la communauté noire, par l’émergence des Black Panthers et les émeutes de 1965. Mais aussi par la Guerre du Vietnam, à laquelle il s’oppose. Dénonçant l’impérialisme américain, il est taxé d’antiaméricanisme et perd en popularité.
Un discours prémonitoire
Le 3 avril 1968, il se rend à Memphis, dans le Tennessee, pour soutenir une grève des éboueurs noirs. Il prononce alors un discours prémonitoire : "Comme tout le monde, je voudrais vivre une longue vie. La longévité a son importance. Mais pour moi maintenant, cela n’a plus d’importance. Je veux juste respecter la volonté de Dieu."
Le lendemain, il est abattu sur le balcon de son motel. Il avait 39 ans.
L’annonce de sa mort provoque une vive émotion et une vague d’émeutes dans tout le pays. Elles dureront plusieurs jours et causeront près de 50 morts morts et plusieurs millions de dollars de dégâts. Le 6 avril, le président Lyndon Johson decrète une journée nationale de deuil et trois jours plus tard des dizaines de milliers de personnes assistent à ses obsèques.
Un demi-siècle plus tard, Martin Luther King demeure le visage de la lutte contre la ségrégation et discriminations raciales aux États-Unis.
Aujourd’hui, sa petite-fille Yolanda Renée King, âgée de 9 ans, reprend son combat. Lors de la "Marche pour nos vie" à Washington, après la fusillade dans un lycée de Parkland, en Floride, elle a prit la parole et fait référence au discours de son grand-père : "Je fais un rêve dans lequel trop c’est trop. Et ce monde devrait être débarrassé de toutes les armes. Point."
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