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Obama rejeté dans le coin le plus pauvre des USA

Il est pauvre et vit dans le comté le plus pauvre des Etats-Unis. Jim Feltner ne fait rien de ses journées et vit grâce aux aides sociales. Et il maudit Barack Obama. C'est le paradoxe. Dans l'est du Kentucky, Obama et les démocrates sont détestés par les électeurs. Ils leur préfèrent les républicains, même si ceux-ci veulent mettre fin à de nombreux programmes d'aides sociales.
Article rédigé par Valerie Kowal
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Jim Feltner et Ruban Wilson posent à Wolfe, dans le Kentucky, le 28 avril 2014. (AFP/Ivan Couronne)

Jim avait voté Clinton mais pas Obama : «Je ne voterai jamais pour lui, je préfèrerais encore voter pour un républicain, un Indien, un Pakistanais ou un Français», déclare-t-il à l'AFP. Il est assis sur une chaise rouillée, au milieu d'un capharnaüm de voitures et de pièces détachées. Jim vit dans un mobil-home. Il n'a pas la télévision. Il passe ses journées à contempler la route. «Les gens survivent à peine ici. je le sais car j'en fais partie.» Il touche une pension d'invalidité après deux crises cardiaques et 105 dollars de bons alimentaires par mois. Alors pourquoi ce rejet d'un président qui avait fait de l'aide sociale une de ses priorités?

La raison: le charbon. Il accuse Obama de tuer à coups de normes environnementales cette région des Appalaches. Depuis 2011, 30% des emplois de mineurs ont disparu, soit 4000 personnes au chômage. «Il a dit, je l'ai entendu de mes propres oreilles, qu'il ferait fermer toutes les usines thermiques au charbon. Est-ce qu'un président peut se permettre de dire une chose pareille? Il a un problème avec les pauvres», s'indigne Jim.

L'est du kentucky est pourtant l'épicentre de le «guerre contre la pauvreté» lancée par le président Lyndon Johnson en 1964. Cinquante ans plus tard, Obama y est une figure honnie. Ce comté du Kentucky est paradoxal et s'inscrit à rebours de la logique nationale. En effet, en 2002, 63% des bas salaires ont voté pour Obama. Dans le comté de Wolfe, 60% des électeurs ont choisi le républicain Mitt Romney. Un score républicain qui atteint 80% dans les comtés voisins. Wolfe a le revenu le plus bas des 300.000 comtés américains. 41% de la population y vit sous le seuil de pauvreté et 35% touchent des bons alimentaires.

Eric Miller à Jackson dans le Kentucky, le 28 avril 2014. (AFP/Ivan Couronne)


Même «incongruité» à Jackson, dans la ville voisine. Eric Miller, 28 ans, explique à l'AFP que la politique ne l'intéresse pas. Mais il est sûr d'une chose : il n'aime pas Barack Obama. «Les démocrates ne s'intéressent qu'à s'en mettre plein les poches. Ils se fichent des petits comme nous. Les républicains, ils sont comme nous, ils savent ce dont on a besoin, et ce qu'il faut pas nous enlever.» Mais il ajoute: «Sans les aides sociales, ce serait une ville fantôme». Il touche lui même 380 dollars par mois pour lui et sa compagne. 

Obama n'a pas manqué de mettre en valeur son soutien à la réforme de l'aide publique et avait promis de baisser la pauvreté en dix ans, écrit Taoufok Djebali dans Ceriscope. Pourquoi Obama a-t-il échoué et est-il si impopulaire dans le Kentucky?

Une ébauche de réponse pourrait venir du racisme. Même si le sujet est tabou. Jackson est une ville blanche à 98% et en 2011 une église a fait scandale en excluant les couples mixtes. Pays chrétien conservateur, les quatre motivations du vote républicain seraient : le charbon, l'avortement, les armes et le mariage gay. Des valeurs du parti républicain. Pour le politologue Stephen Koss, de l'Université du Kentucky, «l'avortement, le charbon et la politique énergétique sont réellement des sujets qui poussent ces électeurs vers le vote républicain. Il s'agit d'un conservatisme relatif.»

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