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Etats-Unis : cinq duels clés entre républicains et démocrates lors des "midterms"

Le 6 novembre, les Américains votent pour les élections de mi-mandat. Franceinfo vous détaille quelques scrutins, au Texas, dans le Missouri ou dans le Minnesota, qui seront particulièrement disputés.

Article rédigé par franceinfo avec AFP et Reuters
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Temps de lecture : 9min
Le démocrate Beto O'Rourke lors d'un débat avec le sénateur républicain Ted Cruz, à San Antonio (Texas, Etats-Unis), le 16 octobre 2018. (POOL NEW / REUTERS)

Plus de 400 batailles électorales pour intégrer la Chambre des représentants, trente-cinq pour le Sénat... Comment s'en sortir devant le nombre de duels des élections de mi-mandat, qui auront lieu mardi 6 novembre aux Etats-Unis ? Certains face-à-face sont plus scrutés que d'autres. Les deux prochaines années du mandat de Donald Trump dépendront en grande partie de l'issue de ces confrontations. Franceinfo vous en détaille cinq à suivre. 

Au Texas, un ancien punk contre un ex-candidat à la présidentielle

Conquérir ce bastion républicain est un rêve démocrate depuis des années. C'est au Texas qu'a lieu l'affrontement probablement le plus observé des sénatoriales. Un quadragénaire et ancien punk-rockeur, Robert "Beto" O'Rourke, défenseur d'un système de santé universel et d'un encadrement plus strict des armes à feu, fait face à l'actuel sénateur ultraconservateur Ted Cruz. L'institut non-partisan Cook Political Report* place le duel parmi les plus incertains de cette élection. Un risque qui n'a pas échappé aux républicains. Malgré les insultes et les formules assassines qu'ils avaient échangées lors de la primaire républicaine pour la présidentielle de 2016, Donald Trump et Ted Cruz se sont montrés main dans la main ces dernières semaines. 

Le sénateur Ted Cruz accueille Donald Trump sur scène à Houston (Texas, Etats-Unis), le 22 octobre 2018. (SAUL LOEB / AFP)

L'équation politique est simple : le président a besoin de conserver la majorité républicaine au Sénat et Ted Cruz est conscient qu'un coup de main présidentiel peut lui être utile dans une bataille plus serrée que prévu. Car "Beto", comme le surnomment ses partisans, lui donne du fil à retordre. Le style de ce quadragénaire, clairement ancré à gauche mais qui se tient à l'écart d'une rhétorique anti-Trump systématique, a marqué les esprits, au point que certains en ont déjà fait leur "sauveur" pour la présidentielle de 2020.

Les derniers sondages donnent Beto O'Rourke perdant*. Mais ce n'est pas la seule bataille qui pourrait faire virer le Texas au bleu, la couleur des démocrates. Pour représenter l'Etat à la Chambre, la démocrate modérée Lizzie Pannill Fletcher pourrait ravir la place du républicain John Culberson.

En Floride, un démocrate noir contre un supporter de Trump

Le scrutin pour prendre la tête de ce grand Etat du sud-est des Etats-Unis s'annonce serré. Tous deux candidats pour le poste de gouverneur de Floride, le démocrate Andrew Gillum et l'ardent supporter de Donald Trump Ron DeSantis sont au coude-à-coude. L'attention portée à leur duel est nationale, dans un Etat qui joue souvent un rôle clé dans les élections présidentielles.

Le républicain Ron DeSantis et le démocrate Andrew Gillum s'affrontent lors d'un débat télévisé, le 24 octobre 2018, à Davie (Floride, Etats-Unis). (POOL NEW / REUTERS)

Le président s'est lui-même impliqué pour que les républicains conservent l'Etat, attaquant par la même occasion l'adversaire démocrate. "En Floride, il y a le choix entre un homme éduqué à Harvard-Yale qui a été un bon membre du Congrès et sera un bon gouverneur, et un démocrate voleur, maire de la ville pauvre de Tallahassee, réputée pour être l'une des plus corrompues du pays", a tweeté le président. 

Malgré ces critiques, Andrew Gillum, 39 ans, a attiré l'attention des médias nationaux et internationaux avec son programme progressiste et les sondages* prévoient sa victoire. Andrew Gillum deviendrait alors le premier gouverneur noir de l'Etat.

Dans le Missouri, une démocrate fragilisée face à une "star" républicaine

A l'inverse de la Floride et du Texas, le Missouri constitue la plus belle occasion de reprendre un siège démocrate pour le camp républicain. Après deux mandats, la sénatrice Claire McCaskill est en effet fragilisée. Ces dernières années, son Etat du Midwest a constamment penché du côté conservateur. Donald Trump y a ainsi supplanté Hillary Clinton de 19 points lors de la présidentielle de 2016.

La sénatrice démocrate Claire McCaskill en visite à Arnold (Missouri, Etats-Unis), le 17 octobre 2018. (MICHAEL THOMAS / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP)

Dans les sondages, le républicain Josh Hawley la talonne. Pour prendre l'avantage, lui aussi a reçu le soutien du président en personne, qui l'a qualifié de "star". Et à quelques jours du scrutin, Donald Trump a placé l'Etat sur sa route pour y faire un meeting et tenter d'offrir de l'avance à son protégé. Si les républicains réussissent une percée dans le Missouri, le "Grand Old Party" pourrait conserver sa majorité au Sénat.

Dans le Minnesota, un démocrate en embuscade face à un joueur de hockey

Lors de ces élections de mi-mandat, les démocrates ont de bonnes chances de reprendre la Chambre, avec à la clef la possibilité de bloquer le programme du président républicain. Et leur reconquête passe par le Minnesota. C'est "l'un des Etats cruciaux pour les élections de 2018", explique Steven Schier, professeur de sciences politiques à l'université de Carleton. En effet, quatre élections s'y annoncent très serrées : les démocrates espèrent prendre deux fiefs conservateurs, mais craignent en parallèle de perdre deux bastions, à savoir la première et la huitième circonscription, selon l'institut Cook Political Report*. La dernière est un ancien fief démocrate devenu indécis : la proportion d'électeurs républicains équivaut désormais à celle des électeurs démocrates. Pour les deux candidats, le démocrate Joe Radinovich et le républicain Pete Stauber, c'est donc un territoire à conquérir. 

Dans ces bassins miniers, on applaudit les tirades commerciales de Donald Trump. Et Pete Stauber revendique son soutien. "Le chômage est bas, l'optimisme est haut, les petites entreprises embauchent, les sociétés investissent et la confiance des consommateurs déborde", déclare cet ancien joueur de hockey sur glace, sport roi au Minnesota, et policier pendant vingt-deux ans. Les sondages le placent à égalité avec son opposant. Ce qui va se passer dans cet Etat sera regardé de près. Le Minnesota pourrait annoncer la couleur du prochain président, selon Steven Schier, qui y voit "l'un des Etats pivots clés" de l'élection de 2020.

Au Kansas, une lesbienne amérindienne contre un habitué du Congrès 

Le Parti démocrate a aussi fait son chemin jusqu'aux terres conservatrices du Kansas. Au cœur des Etats-Unis, l'Etat ne compte pour le moment que des représentants républicains. Une situation que Sharice Davids entend bien changer. Pour ces midterms, cette avocate amérindienne, lesbienne revendiquée et pratiquant les arts martiaux mixtes, comme la décrit le magazine Time*, y affronte le républicain Kevin Yoder, déjà membre du Congrès, dans la troisième circonscription.

Si le Kansas a largement élu Donald Trump en 2016, la tendance semble avoir changé depuis et laisse un espoir au camp démocrate. Selon le site FiveThirtyEight*, Sharice Davids a six chances sur sept de remporter l'élection du 6 novembre. Un résultat qui représenterait un vote sanction contre la politique du président. "Si les démocrates remportent la Chambre (...), ce sera à cause d'électeurs comme ceux d'ici, qui ont voté pour Trump sans faire partie de sa base de fidèles, de femmes issues des banlieues aisées lassées par les singeries du président, de conservateurs moins loyaux au parti que ce dernier aimerait le croire. Ce sera à cause de circonscriptions comme celle-ci", explique le magazine.

La victoire de Sharice Davids serait de plus l'écho d'une féminisation générale et d'une plus grande diversité au sein des candidatures. Un bagage qu'elle n'hésite pas à mettre en avant : "Forte, Résistante, Indigène", peut-on lire sur le tee-shirt qu'elle porte sur sa vidéo de campagne. "C'est dur d'être une femme ici", dit-elle encore dans son spot, qui la montre en pleine séance d'entraînement. "Et il est évident que Trump et les républicains à Washington s'en fichent de moi et de ceux qui me ressemblent ou de tous ceux qui ne pensent pas comme eux."

* Les liens signalés par un astérisque renvoient sur des articles ou des documents en anglais.

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