Les guerres à Gaza et en Ukraine, Donald Trump, son âge... Ce qu'il faut retenir du discours sur l'état de l'Union prononcé par Joe Biden
Les élus républicains moquaient depuis des mois sa prétendue déchéance physique et mentale. Pourtant, lors de son traditionnel discours sur l'état de l'Union, prononcé dans la nuit du jeudi 7 au vendredi 8 mars, Joe Biden a lâché ses coups. Devant le Congrès, il a frappé fort contre Donald Trump, son "prédécesseur", qu'il devrait de nouveau affronter en novembre. Contre Vladimir Poutine, face à qui il ne pliera "jamais". A huit mois de la présidentielle, le démocrate de 81 ans a semblé dérouler un discours de campagne. Voici ce qu'il faut retenir de cette prise de parole qui a duré plus d'une heure.
Sur Donald Trump
Pendant son heure de discours, Joe Biden a attaqué avec une férocité rare celui qu'il est quasiment assuré d'affronter à nouveau à la présidentielle. Il a évoqué Donald Trump à 13 reprises mais sans jamais le nommer. Il l'a désigné tantôt comme son "prédécesseur", tantôt comme "un ancien président républicain". Il l'a accusé de se "soumettre" à la Russie et de mettre en "danger" la démocratie américaine.
"Mon prédécesseur dit à Poutine 'Faites ce que vous voulez'", a rappelé le président sortant devant le Congrès. C'est une citation, un ancien président a vraiment dit ça, se soumettant à un dirigeant russe. Je pense que c'est scandaleux. C'est dangereux, et c'est inacceptable, a lancé le président sortant. Depuis le président Lincoln et la guerre de Sécession, jamais notre liberté et démocratie n'ont été attaquées dans notre pays comme elles le sont aujourd'hui".
S'il est réélu en novembre, Joe Biden promet d'incarner l'"optimisme" et la "force morale" contre la "rancœur" et la "haine" alimentées par Donald Trump.
Sur son âge
Joe Biden a répondu aux critiques sur son âge qui inquiète certains électeurs. "A mon âge, certaines choses deviennent plus claires que jamais, a assuré le démocrate de 81 ans, plaisantant même : "Je sais que cela n'en a pas l'air, mais je suis là depuis longtemps."
Le démocrate a également évoqué son état de santé. "Mon existence m'a appris à embrasser la liberté et la démocratie. Un futur reposant sur les valeurs essentielles qui ont défini l'Amérique : l'honnêteté, la décence, la dignité, l'égalité. (…) La question à laquelle notre nation est confrontée n'est pas l'âge que nous avons, mais l'âge qu'ont nos idées. La haine, la colère, la revanche, la vengeance figurent parmi les idées les plus vieilles. Mais on ne peut conduire l'Amérique avec des idées qui ne font que nous ramener en arrière".
Sur la guerre en Ukraine
Sans surprise, Joe Biden s'est longuement exprimé sur la guerre en Ukraine, et plus globalement sur le soutien militaire à l'Ukraine, suspendu depuis plusieurs mois à la Chambre des représentants. Il a exhorté le Congrès à voter l'aide à Kiev pour "arrêter" la Russie dans son invasion. "Je vous assure que Poutine ne s'arrêtera pas à l'Ukraine. Mais l'Ukraine peut arrêter Poutine si nous la soutenons et lui fournissons les armes dont elle a besoin pour se défendre. (...) L'Histoire nous regarde".
"Mon message au président Poutine, que je connais depuis longtemps, est simple : nous ne laisserons pas tomber. Nous ne plierons pas. Je ne plierai pas."
Joe Biden, président des Etats-Unisdans son discours sur l'état de l'Union
De l'aide militaire, a-t-il ajouté, "c'est tout ce que demande l'Ukraine. Elle ne réclame pas de soldats américains". Une allusion discrète aux propos d'Emmanuel Macron sur le possible déploiement de troupes qui ont créé la polémique.
Sur la guerre entre Israël et Gaza
Le président américain a de nouveau appelé à "un cessez-le-feu immédiat d'au moins six semaines" à Gaza, ce qui permettrait notamment "la libération de tous les otages" encore retenus dans la bande de Gaza. Il a également évoqué, plus longuement qu'il ne l'avait jamais fait jusqu'ici, les souffrances des civils palestiniens. Il a averti Israël que l'aide humanitaire "ne pouvait être une considération secondaire ni une monnaie d'échange".
Joe Biden a justement annoncé son intention de construire un port temporaire dans l'enclave, afin de permettre à des centaines de camions chargés d'aide d'y être acheminés par voie maritime. Ce ponton flottant serait construit à partir de navires américains, puis déplacé près de la côte, relié à une sorte de chaussée temporaire. "Ce soir, j'ordonne aux forces armées américaines de conduire une mission d'urgence pour établir un port temporaire sur la côte de Gaza pouvant accueillir de grands navires transportant de la nourriture, de l'eau, des médicaments et des abris provisoires", a-t-il expliqué.
Mais, conformément au souhait de Joe Biden "qui veut qu'aucun soldat américain ne soit sur le terrain à Gaza pendant que le conflit fait rage", la construction de cette infrastructure ne signifie pas que des soldats américains seront déployés au sol. "L'élément principal sera une jetée temporaire", a expliqué un responsable américain à des journalistes. Le port permettra l'arrivée dans la bande de Gaza de l'équivalent de la capacité "de centaines de camions d'aide supplémentaire chaque jour". L'aide en question partira du port de Larnaca à Chypre.
Sur son bilan économique
Joe Biden a chanté les louanges d'une économie américaine florissante, que le monde entier "envie". "J'ai hérité d'une économie qui était au bord du gouffre, a-t-il déclaré, en référence à la pandémie de Covid-19 qui avait mis à genoux la première économie mondiale. Quinze millions d'emplois ont été créés en trois ans, c'est un record. Et le taux de chômage est le plus bas depuis cinquante ans".
Il a plaidé en faveur de l'augmentation des taxes sur les sociétés et d'un impôt sur les milliardaires. Le démocrate a également appelé à un relèvement du taux d'imposition des entreprises et a dit souhaiter taxer les milliardaires à hauteur de 25%. "Il est temps d'augmenter l'impôt minimum sur les sociétés à au moins 21%, afin que toutes les grandes entreprises commencent enfin à payer leur part".
Sur le droit à l'avortement
Joe Biden a lancé une défense enflammée du droit à l'avortement, évoquant le "pouvoir" électoral des femmes. "Si vous, les Américains, m'envoyez un Congrès qui soutient le droit de choisir, je vous le promets : je rétablirai Roe vs Wade comme une loi fondamentale", a assuré le président, en référence à l'arrêt, vieux de plusieurs décennies, que la Cour suprême avait cassé en juin 2022.
"Clairement, ceux qui se vantent d'avoir annulé la protection fédérale du droit à l'IVG n'ont aucune idée du pouvoir des femmes", a-t-il assuré. Avant de s'adresser à l'assemblée assise devant lui : "Beaucoup d'entre vous dans cette salle ainsi que mon prédécesseur promettent d'adopter une interdiction nationale de la liberté de disposer de son corps. Mon dieu. Quelle autre liberté retireriez-vous ?"
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