Les Etats-Unis affirment avoir tué Ayman Al-Zawahiri, le chef du groupe terroriste Al-Qaïda, lors d'une frappe en Afghanistan
Il était considéré comme le cerveau des attentats du 11-Septembre, qui ont fait près de 3 000 morts aux Etats-Unis.
"Justice a été rendue, et ce dirigeant terroriste n'est plus." Le président américain Joe Biden a annoncé, lundi 1er août, que le leader du groupe terroriste Al-Qaïda, Ayman Al-Zawahiri, avait été tué dans une frappe aérienne à Kaboul (Afghanistan). Sa mort "va permettre aux familles de victimes du 11-Septembre" de tourner la page, a-t-il ajouté au cours d'une allocution télévisée. Ayman Al-Zawahiri est en effet considéré comme le cerveau des attentats qui ont fait près de 3 000 morts aux Etats-Unis.
I’m addressing the nation on a successful counterterrorism operation. https://t.co/SgTVaszA3s
— President Biden (@POTUS) August 1, 2022
Ayman Al-Zawahiri avait été repéré "à de multiples reprises et pour de longues durées sur le balcon où il a finalement été touché", a ajouté un haut responsable américain cité par l'AFP. L'opération, qui s'est déroulée durant le week-end, n'a fait "aucune victime civile", a précisé Joe Biden lors de son allocution. "Peu importe le temps que cela prendra, peu importe où vous vous cachez, si vous constituez une menace contre notre population, les Etats-Unis vous trouveront et vous élimineront", a martelé le président américain.
Un ancien bras droit d'Oussama Ben Laden
Né en 1951 au sein d'une famille bourgeoise, près du Caire (Egypte), Ayman Al-Zawahiri, aisément reconnaissable à sa bosse sur le front et à ses larges lunettes, était entré dès l'âge de 15 ans chez les Frères musulmans. Impliqué dans l'assassinat du président égyptien Anouar Al-Sadate en 1981, il avait été emprisonné pendant trois ans avant de rejoindre l'Arabie saoudite et le Pakistan au milieu des années 1980, où il avait soigné les jihadistes combattant les Soviétiques et rencontré Oussama Ben Laden.
Longtemps à la tête du Jihad islamique égyptien (JIE), il ne rejoindra Al-Qaïda qu'à la fin des années 1990. Ayman Al-Zawhiri était depuis l'une des principales personnalistés de la nébuleuse jihadiste. Il était devenu en 1998 l'adjoint d'Oussama Ben Laden, mais également son médecin, avant de prendre logiquement sa succession en 2011, quand ce dernier avait été tué par un commando américain au Pakistan. Ayman Al-Zawahiri avait notamment théorisé l'essaimage des franchises jihadistes au gré d'allégeances de circonstances, de la péninsule arabique au Maghreb, de la Somalie à l'Afghanistan, en Syrie et en Irak.
Le département d'Etat offrait jusqu'à 25 millions de dollars (en anglais) de récompense pour toute information conduisant à l'arrestation ou la condamnation du chef d'Al-Qaïda, introuvable depuis plus de dix ans. Fin 2020, des sources avaient un temps donné crédit à des rumeurs le donnant mort d'une maladie cardiaque mais il était réapparu ensuite dans une vidéo. En juin 2021, un comité des Nations unies estimait dans un rapport (en anglais) qu'il se trouvait "quelque part dans la région frontalière entre l'Afghanistan et le Pakistan".
Une frappe critiquée par les talibans
Le porte-parole des talibans, Zabihullah Mujahif, a déclaré sur Twitter qu'une "frappe aérienne" avait été menée par un drone américain sur une maison du quartier Sherpour à Kaboul. "L'Emirat islamique d'Afghanistan condamne fermement cette attaque", a-t-il ajouté, qualifiant cette frappe de "violation flagrante des principes de l'accord international de Doha", signé fin février 2020 entre les Etats-Unis et les talibans. Washington a de son côté estimé que la présence même d'Ayman Al-Zawahiri dans la capitale afghane était une "violation claire" de ces accords.
Cette annonce de Joe Biden intervient près d'un an après le chaotique retrait d'Afghanistan des forces américaines, qui avait permis aux talibans de reprendre le contrôle du pays. Le groupe Al-Qaïda avait déjà perdu son numéro deux, Abdullah Ahmed Abdullah, tué en août 2020 dans les rues de Téhéran (Iran) par des agents israéliens lors d'une mission secrète commanditée par Washington, information révélée à l'époque par le New York Times (en anglais).
Mi-juillet, par ailleurs, les Etats-Unis avaient annoncé avoir tué le chef du groupe Etat islamique en Syrie, Maher Al-Agal, lors d'une frappe de drone. Cette opération, selon un porte-parole de l'armée américaine, avait "affaibli de façon considérable la capacité [du groupe terroriste] de préparer, financer et conduire ses opérations dans la région".
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