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Léonard de Vinci adjugé 382 millions d’euros : "Je ressens la fierté d’un père", confie celui qui l'avait acheté moins de 9 000 euros

Un tableau de Léonard de Vinci a pulvérisé les records de vente d’art sous les ors de Christie’s, à New York, mercredi. Franceinfo a rencontré l’homme qui, dix années plus tôt, avait acheté la peinture pour moins de 9 000 euros.

Article rédigé par Marco Wolter, franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Si la presse américaine désigne le milliardaire russe Dimitri Rybolovlev, Christie's n'a pas révélé l'identité du vendeur, se contentant d'évoquer un "collectionneur privé européen". (TIMOTHY A. CLARY / AFP)

Quasiment 20 millions d’euros par minute d’enchère : le Salvator Mundi ("Sauveur du monde") de Léonard de Vinci adjugé chez Christie’s 382 millions d’euros pendant ses vingt brèves minutes d’enchères, a pulvérisé mercredi 15 novembre à New-York tous les records de vente. 

Robert Simon l'achète pour à peine 9 000 euros

Ce soir-là, dans la grande salle de la prestigieuse maison Christie's, au Rockefeller Center de Manhattan, les enchères sont lancées. Dans le public, Robert Simon. Ce marchand d'art à une histoire bien particulière : en 2005, pensant à l’œuvre d’un élève de De Vinci, il avait acheté la peinture convoitée par le monde entier pour seulement 10 000 dollars, soit à peine 9 000 euros.

Le marchand d’art et expert des tableaux anciens Robert Simon dans sa galerie de Manhattan; (MARCO WOLTER / RADIO FRANCE)

"Le tableau avait été horriblement transformé en une image plutôt effrayante, explique Robert Simon. Mais on reconnaissait une qualité phénoménale à certains endroits, tout particulièrement la main du Christ qui bénit."

"Plus le moindre doute, cela ne pouvait être que lui"

Le nouveau propriétaire entame alors un processus de restauration qui a permis d'identifier le Salvator Mundi comme une œuvre du maître italien. Le travail de restauration est confié à Dianne Modestini, qui ôte les couches de vernis dans son atelier new-yorkais. Elle nous raconte ce moment de vérité. "Il y a eu un moment particulier où il n’y avait plus la place pour le moindre doute, se souvient la restauratrice. Cela ne pouvait être que lui. Ce moment-là a été très bouleversant, un vrai moment de choc."

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"Cela n’a pas vraiment changé ma manière de travailler, sauf que j’ai réalisé l’énorme responsabilité que cela impliquait, poursuit Dianne Modestini. Et à quel point je devais être extrêmement prudente pour ne pas imposer mon interprétation du tableau. Je devais laisser parler l’original pour lui-même."

La restauratrice Dianne Dwyer Modestini dans son atelier à Manhattan. (MARCO WOLTER / RADIO FRANCE)

Dianne Modestini travaillera six ans sur le tableau de 65 cm sur 45 cm. Cette découverte a changé sa vie et celle de Robert Simon. En 2013, il vend le tableau avec deux autres marchands d’art pour environ 80 millions de dollars. "Je pense que beaucoup de gens ont du mal à imaginer qu’un tableau qui s’est vendu à 45 livres sterling en 1958 puisse être proposé à la vente pour plus de 100 millions de dollars, estime l’expert des tableaux anciens. On pense que c’est le même tableau, mais ce n’est plus le même tableau. Il a été restauré et authentifié."

C’est un peu comme se dire qu’une actrice qui gagne aujourd’hui des millions pour un film, travaillait peut-être dans un café il y a dix ans.

Robert Simon

franceinfo

Vingt minutes tard, adjugé vendu pour 400 millions de dollars (soit 338 millions euros) : si l’on y ajoute les commissions, les frais et les taxes, la somme atteint 450,3 millions de dollars, soit 382 millions d’euros, un nouveau record. Et peut-être une nouvelle vie pour ce tableau que Robert Simon et Dianne Modestini espèrent voir bientôt rejoindre un musée. "Je ressens la fierté d’un père, sourit le marchand d’art, qui a éduqué un enfant depuis le début et qui le voit maintenant arrivé au sommet de sa carrière…"

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