Le défi du G20 : comment soutenir la croissance tout en luttant contre les déficits ?
Deux ans après la crise financière, l’objectif du G20 est aujourd’hui de consolider une croissance jugée encore globalement fragile. Dans ce contexte, les Etats-Unis, rejoints par d'autres pays
comme l'Inde, se sont inquiétés publiquement des politiques de
réduction de leurs déficits annoncées par plusieurs pays
européens échaudés par la tempête financière qui a presque
emporté la Grèce, une des nations les plus endettées.
Car si les Européens veulent faire la preuve de leur sérieux dans la chasse
aux déficits, Américains et pays émergents craignent de leur côté que trop de
rigueur n'étouffe la croissance.
Les temps ont changé depuis les sommets du G20 de 2009, à Londres en avril
et à Pittsburgh (Etats-Unis) en septembre. Des pays émergents comme la Chine, le
Brésil ou l'Inde affichent une santé économique éclatante, comparés aux vieilles
puissances économiques, Europe en tête.
L'approche du G20, qui a été précédé d'un sommet du G8 dans
la campagne de l'Ontario, a néanmoins été marqué par un souci
d'apaisement entre les deux rives de l'Atlantique.
"Nous visons la même direction, celle d'une croissance
durable à long terme qui met les gens au travail", a déclaré le
président américain Barack Obama.
Selon un projet de communiqué, les pays du G20 sont proches d'un accord sur une réduction de
moitié de leurs déficits publics, qui ont été gonflés par la
crise, sur une période de trois ans. Mais ils laisseraient aussi
le choix à chacun d'agir, au moins dans un premier temps, à son
rythme pour tenir compte de sa situation économique.
Le projet de communiqué qui circule reconnaît ainsi
l'existence de stades plus ou moins avancés de reprise selon les
pays et l'équilibre délicat nécessaire entre le soutien à la
croissance et la consolidation de finances publiques.
Toujours selon le projet de communiqué, les dirigeants du
G20 devraient saluer l'inflexion dans un sens plus souple de la
gestion de sa monnaie, le yuan, par la Chine, dont certains
espèrent qu'il se traduira par une appréciation de la devise.
Ils devraient aussi s'engager à renforcer la solidité de
leurs banques en durcissant leurs normes de capitalisation. L'Allemagne, la France et la Grande-Bretagne sont bien
décidées à pousser leur projet de taxation des établissements
financiers, auquel les Etats-Unis sont aussi favorables mais qui
est combattu par le Canada et plusieurs pays émergents.
Le G20 serait prêt à laisser chaque pays libre d'imposer une
telle taxe pour récupérer les importants moyens engagés par les
Etats pour sauver leurs banques de de la crise.
L'idée que les pays du G20 mettent en place cette taxe de manière coordonnée
a vécu, aux dires de ses promoteurs européens qui entendent néanmoins aller de
l'avant dans ce domaine (cf papier ci-dessous).
Quant à la réforme de la régulation financière, elle repose principalement
sur le renforcement des normes de fonds propres imposées aux banques. Mais ce
sera davantage l'objet du prochain sommet à Séoul en novembre.
Edwige Coupez, avec agences
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