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La France fête Obama... et constate son retard

Quasi-unanimité ce matin en France après l'élection de Barack Obama. De l'Elysée aux quartiers sensibles, la très grande majorité des Français se félicite de la victoire du candidat démocrate. Reste que l'accession du premier Noir à la présidence américaine questionne dans un pays où les minorités ne parviennent toujours pas à percer en politique ou dans les milieux économiques.
Article rédigé par franceinfo
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Son “ copain ” est élu. C'est ainsi que Nicolas Sarkozy avait qualifié Barack Obama lors de sa visite éclair en France, le 25 juillet. Et le “copain” du président étant par définition celui des ministres, une ambiance légèrement euphorique régnait ce matin à la sortie du conseil des ministres, avec un message : “Sarkozy-Obama, même combat”.

Et ce renouveau du rêve américain est largement partagé. Selon un sondage CSA réalisé fin octobre, 81% des Français souhaitaient l'élection de Barack Obama. Et pour ceux qui se sont impliqués dans la lutte pour l'égalité des chances, c'est un jour de victoire.

L'élection de Barack Obama suscite l'espoir chez ceux qui se sentent bloqués par la société française à cause de leur couleur de peau ou leur origine. Mais elle aiguise aussi parfois un sentiment de frustration face à l'incapacité de la “patrie des droits de l'Homme” à dépasser ses vieux réflexes, hérités de la colonisation.

Obama aurait-il été élu en France ? C'est la question qui circule depuis ce matin. Mais pour celà, il faudrait d'abord que les partis politiques acceptent de le mettre en position éligible. Car si les représentants des “minorités visibles”, pour reprendre l'expression consacrée, ont pu se glisser dans les listes électorales des scrutins de ces deux dernières années, c'est souvent en position inéligible ou dans des circonscriptions ingagnables.

Une frustration que relaie le milieu associatif et certains intellectuels, comme l'historien Pap Ndiaye, spécialiste des Etats-Unis : “ Ce qui irrite beaucoup de gens, c'est d'entendre les responsables politiques applaudir Obama quasiment unanimement tout en ne faisant pas grand chose, au fond, pour qu'un Obama français puisse un jour émerger ”, analyse-t-il.
_ “J'ai du mal à croire que les mentalités changent aussi vite en France : les politiques ne jouent pas le jeu”, dénonce Mohamed Mechmache, de l'association ACLEFEU, créée après les émeutes de 2005.

Grégoire Lecalot, avec agences

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