Iowa: succès de Bernie Sanders, le socialiste qui fait peur à Hillary Clinton
Une «révolution politique» contre les élites et les milliardaires. C’est ce à quoi appelle Bernie Sanders, le sénateur indépendant du Vermont, âgé de 74 ans, qui fait campagne pour être président des Etats-Unis contre Wall Street et pour la hausse du salaire minimum, l’instauration de congés payés, des universités gratuites et des hausses d’impôts.
Mardi 13 octobre 2015: Bernie Sanders débat à égalité avec les autres candidats, dont Hillary Clinton, mais aussi Martin O’Malley et Lincoln Chaffee ainsi que l’ex-sénateur Jim Webb. Ils sont tous susceptibles de décrocher l’investiture démocrate pour la présidentielle américaine.
Sur le papier, «Bernie», comme l'appellent ses supporters, faisait figure de petit candidat. Il n'a rien en effet pour emballer l'Amérique. Quasi inconnu, élu d'un petit Etat, marqué à gauche, ni jeune, ni photogénique.
Et pourtant sa campagne démarre très fort. Crâne dégarni et mêches blanches, Addidas aux pieds, il séduit les foules et grimpe dans les sondages. Ses meetings font le plein (des dizaines de milliers de personnes à Portland, Los Angeles ou encore dans le Colorado, comme Obama le faisait en 2008), et il a réussi à collecter assez d'argent pour enclencher la campagne. Mais à la différence de la classe politique américaine classique, les sommes ramassées par Bernie Sanders proviennent de petits dons et non de gros chèques. Selon les chiffres communiqués par son équipe de campagne, 99% de ses contributeurs ont versé des sommes inférieures à 100 dollars. Cet argument revient en permanence chez les partisans du vieux sénateur élu au Congrès depuis 1991. Il peut ainsi confirmer son image anti-système qui le démarque d'Hillary Clinton, la favorite du camp démocrate.
«L’un des grands atouts de Bernie Sanders, c’est son authenticité. Le politique du Vermont ne dévie jamais de sa ligne», note le journal suisse Le Temps. «Une frange de l’électorat ne se reconnaît plus dans l’establishment des partis républicain et démocrate, dans l’inertie de Washington. En ce sens, il est le pendant plus sophistiqué à gauche de Donald Trump, le milliardaire new-yorkais, qui tient lui aussi le même discours anti-establishment, mais avec des slogans en lieu et place de solutions», ajoute le quotidien helvétique.
De Brooklyn au Sénat
En 2015, il annonce sa candidature à la présidentielle avec ces mots: «Aujourd’hui, nous commencons une révolution politique pour transformer notre pays économiquement, politiquement, socialement.»
Son discours social passe très bien chez les milliers de personnes venues assister aux meetings du candidat situé très à gauche sur l’échiquier politique américain. «Nous sommes les 99%, il est temps que nous reprenions le pouvoir aux 1%», leur lance le candidat, qui a toujours revendiqué l'étiquette «socialiste» à laquelle il accroche le mot «démocrate». «J'envoie un message très simple à la classe des milliardaires: vous ne pouvez pas tout avoir», répète-t-il.
Dans une Amérique qui a certes retrouvé la croissance mais sans avoir créé d'emplois et qui voit le pouvoir d'achat de la grande majorité de la population stagner, Bernie Sanders propose une alternative sociale qui plaît à ses partisans. Face à des républicains qui radicalisent leur discours contre l'Etat fédéral, son programme fait écho au New Deal de Roosevelt. Il déplore que les Etats-Unis soient le seul pays développé sans congés payés ou congés maternité obligatoires. Il explique que le pays a les plus fortes inégalités des pays développés et que celles-ci sont plus importantes aujourd'hui que dans les années 20.
«Il y a quelque chose de profondément mauvais quand nous avons une prolifération de millionnaires et de milliardaires et qu'en même temps des millions d'Américains travaillent de longues heures pour des salaires inférieurs et que nous avons le taux de pauvreté pour l'enfance le plus élevé de tous les pays développés sur la Terre», écrit-il sur son site.
Dans son programme, le sénateur candidat demande une revalorisation du salaire minimum fédéral, de larges investissements dans les infrastructures pour relancer les emplois, un retour en arrière sur les traités de libre échange. Il veut aussi rendre gratuites des universités, rendre les salaires plus égalitaires, développer la sécurité sociale, garantir 15 jours de congés payés et des jours de maladie payés, favoriser les syndicats...
Ce n'est pas la première fois que les Américains voient un candidat très à gauche marquer le début d'une campagne. «Il demeure difficile d'imaginer un scénario qui permettrait à Bernie Sanders de vaincre Hillary Clinton, dont les appuis sont notamment plus nombreux chez les Noirs, un électorat quasiment inexistant dans l'Iowa et le New Hampshire. Le succès actuel du sénateur du Vermont n'est d'ailleurs pas sans rappeler celui d'un autre politicien de son Etat, l'ancien gouverneur Howard Dean, qui avait enflammé la gauche démocrate en 2003 avant d'imploser dès les caucus d'Iowa», rappelle le journal canadien La Presse.
Chez les démocrates, la campagne commence donc vraiment avec ce débat (sur CNN) qui réunit les prétendants démocrates, dont Hillary Clinton. Le vice-président Joe Biden que certains voient en candidat ne s’est pas encore prononcé. Les votes eux commenceront en février. Premier scrutin dans l’Iowa, où il talonne Mme Clinton, puis dans le New Hampshire, Etat voisin du sien qu’il espère remporter. Une longue course pour Bernie Sanders sur le thème «mon ennemi c'est la finance» qui pourrait créer la surprise.
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