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Etats-Unis : les tueries encouragent plutôt les Américains à acheter des armes

Plus il y a de tueries, plus les Américains sont enclins à user du droit que leur offre le second amendement, à savoir détenir des armes. Celle d'Orlando, le 12 juin 2016, qui a fait au moins 50 morts et des dizaines de blessés, et qui serait la plus importante de l'histoire des Etats-Unis, fera-t-elle exception à la règle?
Article rédigé par Falila Gbadamassi
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Une arme d'une célèbre marque dans son emballage qui porte la mention «Bodyguard» (garde du corps), lors d'une vente à Freddie Bear Sports, le 11 mars 2015 à Tinley Park (Illinois), aux Etats-Unis. (Scott Olson/Getty Images/AFP)
(Publié pour la première fois le 2-10-2015)

L’historien et journaliste Thomas Snegaroff, qui revenait sur la tuerie en Oregon qui a fait dix morts le 1er octobre 2015 aux Etats-Unis, notait sur les antennes de France Info que ces drames confortaient, paradoxalement, les Américains dans leur désir de posséder une arme. Le phénomène, qui semble désormais récurrent, a été récemment constaté après la tuerie d’Aurora. 


Interdiction des armes : un quart des Américains serait pour
Le 20 juillet 2012, James Holmes tuait 12 spectateurs dans un cinéma d'Aurora, dans la banlieue de Denver (Colorado), pendant l'avant-première du film Batman: The Dark Knight Rises. Dans les heures et les jours qui suivent le drame, les contrôles d'usage dans le cadre de la vente d'armes dans l'Etat connaissent une hausse de 41%, constate le Denver Post. Le quotidien rappelait qu'il en avait été de même en 2007 après la tuerie de Virginia Tech, à Blacksburg, en Virginie. Un étudiant sud-coréen avait donné la mort à 32 personnes dans cette université avant de se suicider. «C'est à ce jour la tuerie la plus meurtrière de l'histoire des Etats-Unis en temps de paix», souligne l'AFP. 

En dépit des enquêtes de la Stanford University Geospatial Centre, qui établissent que les tueries de masse seraient en hausse aux Etats-Unis, rapporte The Economist dans un article publié en août 2015, les Américains seraient de moins en moins enclins à militer pour l’interdiction des armes. D’après une étude Gallup réalisée en 2014, précise la revue américaine, seuls 26% d’Américains étaient favorables à cette mesure contre 60% en 1959. «Par ailleurs, un nombre croissant d’Américains pensent qu’avoir une arme à la maison est plus sûr», poursuit The Economist.

De même, rapporte l'AFP, «un sondage de l'institut Pew Research réalisé fin 2014 a révélé que, pour la première fois en plus de vingt ans, davantage d'Américains soutenaient le droit au port d'armes (52%) que ceux prônant un contrôle (46%)».

Courbes des tués et blessés par mois lors des tueries aux États-Unis en 2015  (G.ROMA/A.LEUNG, JS/GAL/VL/LS / AFP)

«C'est un choix politique que nous faisons en tolérant que cela se produise tous les mois en Amérique»
D’après The Economist, qui citait une étude de Small arms Survey, le nombre d’armes légères en circulation aux Etats-Unis serait estimé à 270 millions, soit 0,9 par personne. Un chiffre qui doit être bien évidemment en hausse, explique le journal, d’autant plus que les ventes d’armes ont augmenté depuis l’arrivée de Barack Obama au pouvoir, selon le rapport annuel du Bureau of Alcohol, Tobacco, Firearms and Explosives sur les armes fabriquées et légalement importées dans le pays.

«Nos pensées et nos prières ne suffisent pas», a déclaré le président américain qui peine à imposer une loi sur le contrôle des armes. Lors de son intervention après le drame de l'Oregon, il est apparu excédé. «La couverture médiatique est devenue une routine. Ma réaction ici au podium a fini par devenir une routine. Et la réponse de ceux qui s'opposent à toute loi de bon sens sur les armes est  elle aussi  devenue une routine.»

Et Barack Obama de poursuivre : «Nous ne sommes pas le seul pays sur Terre où il y a des gens qui sont malades et qui veulent faire du mal aux autres. Mais nous sommes le seul pays développé sur Terre où l'on voit aussi souvent de tels massacres», a-t-il souligné. Toutefois, «c'est un choix politique que nous faisons en tolérant que cela se produise tous les mois en Amérique». «Du fait de notre inaction, nous sommes collectivement responsables devant les familles qui perdent des êtres chers», a conclu le président américain. 

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