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Comme Serena Williams, ces sportifs américains dénoncent les bavures policières contre des Noirs aux Etats-Unis

La numéro 2 au classement mondial du tennis féminin assure qu'elle ne restera pas silencieuse dans le contexte de tensions raciales qui a déjà poussé plusieurs stars de la NBA et du football américain à s'engager.

Article rédigé par Violaine Jaussent
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
La joueuse de tennis Serena Williams, le 3 juillet 2016 à Wimbledon (Royaume-Uni). (GLYN KIRK / AFP)

"Je me suis regardée dans un miroir, j'ai pensé à mes neveux, à l'hypothèse où j'aurais un fils ou des filles." L'Américaine Serena Williams refuse de rester silencieuse, dans le contexte de tensions raciales que connaissent les Etats-Unis. La numéro 2 au classement mondial du tennis féminin a donc partagé, dans la soirée du mardi 27 septembre, une expérience personnelle à ce sujet, sur Facebook.

Avant elle, plusieurs stars de la NBA, dont LeBron James, ou encore du football américain, comme Colin Kaepernick, ont agi pour dénoncer la mort d'hommes noirs tués par des policiers, et en particulier celles de Terence Crutcher et Keith Lamont Scott, respectivement le 16 septembre à Tulsa (Oklahoma) et le 20 septembre à Charlotte (Caroline du Nord). Voici quelques exemples.

Le texte de Serena Williams, qui refuse de "rester silencieuse"

"J'ai demandé [ce mardi] à mon neveu de 18 ans de me conduire à des rendez-vous pour que je puisse travailler sur mon téléphone portable. Au loin, j'ai vu un policier sur le côté de la route. J'ai rapidement vérifié si mon neveu respectait la limitation de vitesse", raconte Serena Williams. "Je me suis souvenue de cette horrible vidéo d'une femme, passagère à l'avant d'une voiture, dont le copain avait été abattu par un policier (...) Pourquoi ai-je dû penser à cela en 2016 ?" a poursuivi la joueuse de tennis, qui a remporté 22 titres du Grand Chelem.

"N'avons-nous pas vécu assez de choses, ouvert assez de portes et eu un impact dans la vie de milliards de personnes ? Mais je me suis rendu compte qu'on devait continuer à faire avancer les choses, ce n'est pas jusqu'où on est arrivés qui compte, mais ce qu'il nous reste encore à conquérir", a souligné Serena Williams. "Comme l'a dit Martin Luther King, 'Un moment arrive où le silence est une trahison'. Je ne resterai pas silencieuse", conclut-elle.

Ce n'est pas la première fois que la championne s'engage : elle a plusieurs fois affiché son soutien au mouvement Black Live Matters, né en 2013 pour dénoncer le racisme aux Etats-Unis, et apparaît à ce titre dans le clip de Sorry, une des chansons de Beyoncé.

Les déclarations des grands noms de la NBA

Stephen Curry, élu meilleur joueur des deux dernières saisons de NBA, a choisi Twitter pour s'exprimer. "Je prie pour ma ville ! Nous méritons mieux que cela", a-t-il écrit.

Il a partagé ce message le 21 septembre, au lendemain de la mort de Keith Lamont Scott à Charlotte, alors que la ville, où il a grandi, était le théâtre de nombreuses manifestations, parfois émaillées de violences. Elles ont été organisées à l'initiative de la famille de cet homme noir de 43 ans, qui affirme qu'il tenait dans sa main un livre et non une arme au moment où il a été touché par une balle. Les images du drame ne permettent pas de trancher la question.

Six jours plus tard, c'est LeBron James, triple champion de NBA et joueur emblématique de l'équipe de Cleveland qui, engagé contre les discriminations raciales, s'est exprimé sur le sujet. "J'ai un garçon de 12 ans, un autre de 9 ans et une fille de 2 ans. Je pense à mon fils qui va conduire sa propre voiture dans quatre ans, il sera en capacité de quitter la maison. C'est effrayant de penser que mon fils pourrait être de ceux qui se font arrêter par les policiers en voiture", a-t-il déclaré mardi, selon The Guardian (en anglais), en référence aux circonstances de la mort de plusieurs hommes noirs, tués après avoir été arrêtés à bord de leurs véhicules.

Sa prise de parole n'était pas spontanée : il a répondu à la question d'un journaliste lors du traditionnel Media Day, conférence de presse organisée chaque année, un mois avant le début de la nouvelle saison. La question était de savoir si LeBron James continuerait de rester debout, ou pas, pendant l'hymne des Etats-Unis. Mais le joueur de la NBA n'imitera pas son compatriote Colin Kaepernick.

Assis ou genou à terre, les gestes des footballeurs américains

Car le joueur de football américain de l'équipe de San Francisco Colin Kaepernick boycotte, lui, depuis le début de sa saison, l'hymne américain. Une manière de protester contre l'oppression dont est victime, selon lui, la communauté noire. Colin Kaepernick, qui est métis, a pris cette initiative bien avant la mort de Terence Crutcher et Keith Lamont Scott.

Le 14, le 20, puis le 26 août, lors d'un match de pré-saison,le joueur est resté assis tandis que retentissaient les notes de La Bannière étoilée dans le Levi's Stadium. "Je ne vais pas afficher de fierté pour le drapeau d'un pays qui opprime les Noirs", s'était justifié ensuite le joueur, dont le geste a été beaucoup commenté aux Etats-Unis. D'autres sportifs, footballeurs pour la plupart, l'ont soutenu en posant un genou à terre pendant l'hymne.

D'autres ne l'imitent pas, mais lui reconnaissent le droit de s'exprimer. "Je resterai debout pendant l'hymne national. Je suis comme ça. Mais ça ne veut pas dire que je ne respecte pas ou que je ne suis pas d'accord avec ce que fait Kaepernick", a plaidé, pour sa part, LeBron James.

De son côté, Richard Sherman, un des joueurs vedettes de l'équipe de football américain de Seattle, a refusé de répondre le 21 septembre aux questions des journalistes posées sur son équipe en conférence de presse. Il a préféré revenir sur le sujet. "Ce n'est pas compréhensible que des gens se fassent tuer dans les rues. Quand vous dites à un gamin 'Si tu as affaire à la police, mets juste tes mains en l'air et obéis à tout ce qu'on te dit' et que malgré tout, il peut se faire tirer dessus, je me dis qu'on vit une période malheureuse", a-t-il estimé.

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