Convention républicaine : la nuit du "franc-tireur"
John McCain, officiellement investi par les délégués républicains hier soir, doit prendre la parole cette nuit pour une quarantaine de minutes. La barre a été placée très haut la semaine dernière par son rival démocrate Barack Obama, qui avait délivré un discours qualifié d'historique par beaucoup d'observateurs. Autour de McCain, cette nuit, pas de star, mais ses plus proches compagnons : le sénateur de Caroline du Sud, Lindsey Graham et l'ancien gouverneur de Pennsylvanie Tom Ridge. Sa femme Cindy doit également prendre la parole.
Le discours de McCain sera retransmis sur la plupart des chaînes d'information mais la concurrence sera rude avec les chaînes sportives. Ce jeudi marque le lancement de la saison 2008-2009 du championnat de football américain NFL, le sport préféré des Américains. C'est aussi une date symbolique, comme l'Amérique les affectionne : l'élection présidentielle du 4 novembre aura lieu dans deux mois jour pour jour.
La colistière de John McCain, Sarah Palin, sous le feu des attaques de la presse en début de semaine, a enthousiasmé le Xcel Center hier en tapant sans retenue, mais sans jamais le citer, sur le candidat démocrate Barack Obama. "La différence entre une maman qui accompagne ses enfants au hockey et un pitbull ? Le rouge à lèvres !", a dit Mme Palin, la seule fois où elle s'est écarté du texte, pourtant musclé, de son discours, rédigé par un des rédacteurs les plus incisifs du président George W. Bush. Son "grand oral" a reçu les éloges de la presse américaine et Mme Palin a fait chavirer les délégués républicains. Mais pour remporter la Maison Blanche, il faudra également séduire et convaincre les électeurs indépendants et une partie des ex-électrices de Hillary Clinton qui ont pu être effrayés hier soir par le ton agressif des orateurs qui se sont succédés à la tribune de la convention républicaine.
Le virage à droite constaté à la convention inquiète certains républicains modérés. "Le fait de mettre une femme sur le ticket nous a rendu très heureux, mais en ce qui concerne le programme nous sommes très nerveux", a déclaré Kellie Ferguson, directrice de l'association "Republican Majority for Choice", qui soutient les candidats républicains favorables au droit à l'avortement. McCain va donc devoir rassurer les électeurs modérés.
A la tribune, le "maverick" devrait une fois de plus rappeler sa carrière "au service des Etats-Unis", comme jeune officier de la Navy, prisonnier de guerre au Vietnam et, depuis 26 ans, comme parlementaire au Congrès, d'abord comme représentant, puis comme sénateur. Tout au long de la convention qui a ouvert en sourdine lundi, en raison de l'ouragan Gustav, avant de monter en puissance ces deux derniers jours, les délégués ont longuement insisté sur la personnalité et le caractère de leur candidat "franc-tireur" et ont rappelé dans presque tous leurs discours que le sénateur de l'Arizona avait passé près de six ans dans les geôles nord-vietnamiennes.
De leur côté, les démocrates ont indiqué qu'ils allaient tenter de recentrer le débat sur les programmes et moins sur les personnalités des candidats.
Anne Jocteur Monrozier, avec agences
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