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Colorado : le cannabis en vente libre

La marijuana libre d'accès à des fins récréatives depuis le 1er janvier 2014. Une première mondiale. Et c'est au Colorado que les premiers «coffee shops» ont été légalisés. Un Etat qui espère engranger des millions de dollars grâce à la vente libre de cette drogue dite «douce».
Article rédigé par Valerie Kowal
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Vente libre de cannabis à Denver, le 1er janvier 2014. (AFP/Theo Stroomer)

Dès l'aube, des jeunes gens venus des quatre coins des Etats-Unis faisaient la queue, sous un vent glacial, dans les rues de Denver. Sous de fortes effluves de cannabis, ces clients voulaient participer à cette première mondiale. Dès 8h, cette drogue était accessible dans 24 enseignes et huit villes aux plus de 21 ans.

«J'ai attendu ce moment toute ma vie», explique Scott Van Pelt, 43 ans, en faisant la queue devant le Kush Club. Il a fait sept heures de route depuis le Texas pour être parmi les premiers clients légaux de cette boutique. Sur le comptoir, des bocaux aux noms évocateurs comme «Fraises Kush», «Amnésie» ou «Diesel Acide». On y trouve aussi des bonbons enrobés de THC, l'agent chimique actif de cette drogue.

Cette légalisation fait suite à un référendum populaire de novembre 2012. Les doses autorisées à la vente ne doivent pas dépasser 28 grammes par client s'il est résident et le quart pour les visiteurs de passage. Paradoxe de cette vente libre, le Colorado, situé au pied des Rocheuses, est plutôt un Etat conservateur. Il y a 77 ans, il fut le premier Etat à prohiber le cannabis. C'est d'ailleurs à Denver, en 1937, que fût arrêté le premier citoyen américain soupçonné d'en vendre. En outre, cette vente libre reste en contradiction avec la loi fédérale qui continue de proscrire toute culture, possession, consommation et vente de cette drogue. Mais en théorie seulement. Pour le département de la Justice, vendeurs et consommateurs ne seront pas poursuivis si la marijuana reste hors de portée des mineurs.

Et surtout la vente du cannabis pourrait être une manne financière en or pour le Colarado, avec un chiffre de 578 millions de dollars dans les caisses des autorités locales. Déjà, les cultivateurs locaux se frottent les mains. «La nouveauté en elle-même attire les gens de toutes parts», explique Adam Raleigh, patron du fournisseur de cannabis Tellury Bude Company. «Ces derniers mois, j'ai reçu chaque jour entre 4 et 5 courriels et entre 5 et 10 coups de téléphone. Des personnes me demandant des détails sur la loi et la meilleure date pour combiner vacances au ski et cannabis.»

Une seul bémol à cette légalisation. Des voix s'élèvent déjà contre la vente libre. Ils craignent que le Colorado, célèbre pour ses stations de ski, ne connaisse une dérive du tourisme. Beaucoup ne veulent pas que Denver devienne célèbre comme la «capitale de l'herbe». Quoi qu'il en soit, il faudra attendre quelques années avant que les médecins, les hôpitaux et les forces de l'ordre ne fassent le bilan de cette expérience inédite.


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