"Ça nous hante" : vingt ans après les attentats du 11-Septembre, les failles du renseignement tourmentent encore l'ancien bras droit de Bush
"Aurions-nous dû savoir que ça allait arriver ?" L'ancien chef de cabinet de la Maison Blanche sous la présidence de George W. Bush se demande encore si les autorités américaines auraient pu éviter les attentats les plus meurtriers de l'histoire des Etats-Unis.
Son témoignage est rare. Andrew Card est l'homme qui a chuchoté à l'oreille de George W. Bush le 11 septembre 2001 pour lui annoncer les attentats du World Trade Center à New York. Vingt ans après, les attaques islamistes qui ont changé le cours de l'histoire, il se livre dans le podcast "11-Septembre, l'enquête" réalisé par Grégory Philipps pour France Inter. L'ancien chef de cabinet de la Maison Blanche se demande encore si en étant plus vigilantes les autorités américaines auraient pu épargner près de 3 000 vies ce jour-là.
"Évidemment, c'est une question qui nous a hantés, au gouvernement, se remémore-t-il. Aurions-nous dû savoir que ça allait arriver ? Oui, nous connaissions Al-Qaïda. Oui, nous connaissions Oussama Ben Laden. Oui, nous savions pour l’attaque dans le parking du World Trade Center en 1993. Oui, nous étions conscients des attaques sur les ambassades. Oui, nous savions !"
Pour l'ancien bras droit du président des États-Unis, George W. Bush "a fait exactement ce qu'il fallait". "J'ai lu tous les rapports de renseignement qu'il a lus, se rappelle Andrew Card. Et je me souviens de celui, controversé, qui a été remis en août 2001 nous disant qu'Al-Qaïda était sur le point de faire quelque chose avec Ben Laden. Et la réponse est arrivée : 'Oui, il veut attaquer'. Mais personne n'avait envisagé le genre d'attaque qui s'est produit." De là donc à imaginer le scénario du 11-Septembre, pour Andrew Card, c'était impossible..
"Si quelqu'un avait dit en 2001 que quelqu'un allait détourner un avion et l'utiliser comme une arme de destruction massive... Je ne suis pas sûr que beaucoup l'auraient cru."
Andrew Card, ancien bras droit du président George W. Bushà franceinfo
Quelle aurait été la bonne réponse ? Là encore, l'ancien chef de cabinet de la Maison Blanche concède son impuissance. "Nous aurions dû dire : pas d'avion dans le ciel le 11 septembre ? On sait maintenant qu'ils voulaient lancer leur attaque quelques jours plus tôt, donc... On aurait eu une mauvaise information et on aurait choisi le mauvais jour pour interdire les vols." Et en plus d'être très incertaine, cette mesure, insiste Andrew Card, aurait eu des effets dévastateurs. "Si nous avions dit qu'aucun avion ne peut voler une semaine ou un mois, cela aurait été complètement destructeur pour l’économie et le Congrès nous aurait probablement dit : qu’est-ce que vous faites ? Vous ne pouvez pas arrêter notre économie comme ça", plaide l'ancien bras droit de George W. Bush, avant de regretter :
"Maintenant, nous savons que nous aurions dû faire quelque chose."
Andrew Cardà franceinfo
Le 11 septembre 2001, George W. Bush visite une école primaire de Sarasota en Floride, quand commence les attaques. C'est Andrew Card qui lui annonce que des attentats ont été perpétrés à New York. "J’ai ouvert la porte de la classe et suis arrivé dans le dos du président. Il était assis en face de ces élèves de primaires, leur institutrice était à la gauche du président, l’équipe de journalistes un peu en face sur sa droite, se souvient-il. Et je me suis penché et lui ai dit à l’oreille : 'Un second avion a frappé la deuxième tour. L’Amérique est attaquée'."
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