Afghanistan : l'envoi de renforts est d'un "intérêt national vital" (Obama)
30.000 soldats américains sur le départ
Après trois mois de réflexion et pas moins de dix conseils de guerre, Barack Obama a donc dévoilé cette nuit la stratégie des Etats-Unis en Afghanistan. Quasi-conforme aux recommandations du général américain Stanley McChrystal, commandant en chef des forces étrangères en Afghanistan qui avait demandé environ 40.000 hommes supplémentaires sur le terrain, la décision du président américain porte sur l'envoi de 30.000 soldats d'ici l'été 2010. Un effort de taille pour l'armée américaine, qui a déjà déployé 100.000 soldats en Irak et 68.000 en Afghanistan. A son arrivée à la Maison Blanche en janvier dernier, il y avait environ 34.000 hommes engagés dans le pays pour atteindre 71.000 à ce jour.
La France et l'Allemagne ne suivent pas
Alors que l’Otan table sur l’envoi parallèle de 5.000 soldats d'autres alliés et partenaires (outre les Etats-Unis) en Afghanistan, les candidats au départ se font de plus en plus rares. Dans une bien moindre mesure donc et malgré les appels répétés du président américain, les Etats-Unis devraient néanmoins pouvoir compter sur l'arrivée prochaine de troupes britanniques dans le sud du pays - 500 soldats - a promis le Premier ministre Gordon Brown.
_ En revanche, l'Allemagne - qui compte environ 4.000 hommes dans le pays - et la France - environ 3.500 hommes - ne semblent pas prêtes à augmenter leurs contingents militaires sur place. Tout en apportant "son plein soutien" à son homologue américain, dont il a souligné le "discours courageux", Nicolas Sarkozy s'est gardé de se prononcer clairement sur l'envoi d'éventuels renforts. La demande avait d'abord été formulée par la secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, qui souhaiterait l'arrivée de 1.5OO Français de plus sur le sol afghan. Il n'en est pas question pour l'instant, répond son homologue français, Bernard Kouchner, ce matin sur France Info. La France envisage d'envoyer des "formateurs" en Afghanistan, avait indiqué un peu plus tôt une source proche de l'Elysée, ajoutant : "on n'a pas encore arrêté de décision. On réfléchit. Notre priorité en Afghanistan, c'est la formation".
L'avertissement à l'Afghanistan et la main tendue au Pakistan
Le président américain a élégamment lancé un nouvel appel au président afghan , dont l'élection a été entachée de fraudes, à lutter contre la corruption. Un avertissement particulièrement musclé : "l'époque du chèque en blanc est révolue", a-t-il lancé à l'adresse d'Hamid Karzaï. Le ton était en revanche un peu moins sec à l’attention du Pakistan, dont le président américain a de nouveau demandé le soutien. Selon lui, ''les Etats-Unis et le Pakistan ont un même ennemi, l'extrémisme''.
Un "intérêt national vital"
Alors que plus de 1.500 soldats étrangers sont morts en Afghanistan ces huit dernières années, dont 450 depuis le début de cette année 2009, Barack Obama a voulu rappeler la légitimité, selon lui, de cette lutte engagée contre le terrorisme, dont la menace pèse toujours sur les Etats-Unis et le monde. "Nous ne permettrons pas à Al-Qaïda de disposer d'un havre sûr'', a-t-il prévenu. "C'est de là que nous avons été attaqués le 11 septembre (2001), et c'est de là que de nouveaux attentats sont préparés alors que je parle'', a poursuivi le président américain. "Je ne prends pas cette décision à la légère. Je prends cette décision parce que je suis convaincu que notre sécurité est menacée en Afghanistan et au Pakistan'', a lancé Barack Obama, qui a qualifié l'envoi de ces renforts "d'intérêt national vital".
La stratégie américaine a 18 mois pour fonctionner
Dans ce discours très attendu prononcé devant les élèves officiers de l’académie militaire de West Point, le président américain a également voulu rassurer une opinion publique de plus en plus sceptique quant à la stratégie américaine en Afghanistan. Écartant toute similitude avec le Vietnam, Barack Obama a assuré que "la guerre n'est pas perdue'', et que les premiers soldats reviendront au pays à partir de juillet 2011. Il a souhaité que les renforts partent "le plus vite possible'', avec l'envoi de Marines sur le terrain en Afghanistan dès Noël. Ce déploiement doit permettre de "cibler l'insurrection et sécuriser les centres les plus peuplés'', a-t-il précisé.
_ Cette nouvelle stratégie devrait coûter 30 milliards de dollars
pour la seule première année, doit permettre de "mettre un terme
avec succès'' à cette guerre, a assuré le président américain.
Cécile Mimaut
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