Une statue de Gandhi à Londres... sur fond de contrat de missiles
L'hommage aura sans doute un petit goût amer pour les admirateurs du Mahatma Gandhi. Côté face, le ministre britannique des Finances a annoncé mardi au cours de son périple en Inde qu'une statue du grand homme sera érigée devant le Parlement, au coeur de Londres : "En tant que père de la plus grande démocratie du monde, Gandhi doit avoir sa place devant la mère des parlements. Il est une figure d'inspiration, pas seulement pour la Grande-Bretagne et l'Inde, mais partout dans le monde ", a expliqué George Osborne.
"Fakir à demi-nu " (Churchill)
Un beau geste de l'ancienne puissance coloniale qui en son temps a combattu avec énergie les idées et l'influence de Gandhi avant de le considérer comme un interlocuteur. D'autant que la statue du Mahatma se dressera aux côtés de celle d'un de ses adversaires les plus acharnés : Winston Churchill. Le Premier ministre avait souhaité que ce "fakir à demi-nu " ne survive pas à sa grève de la faim contre la partition de l'Inde, qu'il avait finalement rompue avec un jus d'orange.
Homme de paix contre matériel de guerre
Cette consécration pour l'homme de paix qu'était Gandhi se double tout de même d'une suave touche de réalisme politico-économique. Un autre hommage en quelque-sorte, mais cette fois au sens du tempo et de l'opportunité de la diplomatie britannique. Car l'objet de la visite en Inde de George Osborne, accompagné du ministre des Affaires étrangères, William Hague, est de renforcer les liens économiques et la présence de l'Union Jack sur le marché indien.
Le commerce, c'est la paix, pourra sans doute arguer Londres. Mais l'explication laisse échapper un parfum de subtile ironie puisque l'un des plus gros contrats de la visite porte sur la fourniture de missiles air-air à l'armée indienne pour 250 millions de livres, par la firme européenne MBDA : des "centaines d'emplois " pour la Grande-Bretagne. Pas sûr que Gandhi ait salué cette consolation par un second verre de jus d'orange.
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