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Une Palestinienne de 36 ans est décédée dans la nuit de vendredi à samedi après avoir inhalé des gaz lacrymogènes

Mohamed Daraghme, âgé, lui, d'une vingtaine d'années, a été tué dimanche matin par un tir de soldat au barrage de Hamra, près de Naplouse.Selon un responsable des services de sécurité palestiniens, la victime, qui travaillait dans une colonie israélienne, n'était pas armée. Elle a reçu trois balles et est décédée sur place.
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"Jawaher Abu-Rahmah, 36 ans, tuée par Israël" : pancarte de manifestants israéliens à Tel Aviv (1 janv.2011) (AFP/OREN ZIV)

Mohamed Daraghme, âgé, lui, d'une vingtaine d'années, a été tué dimanche matin par un tir de soldat au barrage de Hamra, près de Naplouse.

Selon un responsable des services de sécurité palestiniens, la victime, qui travaillait dans une colonie israélienne, n'était pas armée. Elle a reçu trois balles et est décédée sur place.

Une porte-parole de l'armée a expliqué que le Palestinien "s'était approché du barrage une bouteille à la main et les soldats ont probablement eu peur qu'il tente de les poignarder". "Une enquête est en cours. Mais nous supposons que les soldats ont procédé à des tirs de semonce puis tiré dans la direction du suspect qui continuait d'avancer alors qu'il était à quelques mètres d'eux", a-t-elle assuré.

Manifestation samedi soir à Tel-Aviv pour protester contre la mort de la manifestante palestinienne
Plusieurs centaines de manifestants israéliens, dont un député du parti de gauche Meretz ont protesté samedi soir devant le siège du ministère de la Défense contre la poursuite de l'occupation israélienne en Cisjordanie. Ils réagissaient à la mort de Jawaher Abou Rahmah, 36 ans, décédée à Ramallah (Cisjordanie) dans la nuit de vendredi à samedi.

Cette manifestante palestinienne avait perdu connaissance durant une manifestation à Bilin (Cisjordanie) contre la barrière de séparation israélienne. Selon des témoins, elle a été prise dans un épais nuage de gaz lacrymogène, l'armée ayant utilisé une grande quantité de gaz contre les manifestants.

Selon Haaretz , citant des manifestants, la police a réprimé violemment la manifestation de Tel Aviv, et arrêté plusieurs manifestants, dont l'ancien député de la Knesset Musi Raz, du parti Meretz, qui aurait été maltraité.

Enquête ouverte par l'armée sur la mort de Jawaher Abou Rahmah
L'armée israélienne a déclaré dans un communiqué qu'une "enquête avait été ouverte pour déterminer les causes exactes de la mort" de la manifestante palestinienne, affirmant avoir "en vain contacté l'Autorité palestinienne pour obtenir un rapport médical de l'hôpital" sur le décès.

Une ONG, B'Tselem, qui défend les droits de l'Homme dans les territoires occupés, a réclamé pour sa part dimanche que "l'enquête de l'armée ne soit pas confiée au commandement mais à la justice militaire", selon sa porte-parole.

Un "crime de guerre" pour l'Autorité palestinienne
"Nous condamnons ce crime abominable commis par l'armée de l'occupation israélienne à Bilin contre les participants à une manifestation pacifique", a déclaré à l'AFP Saëb Erakat, le négociateur en chef palestinien. "Il entre dans le cadre des crimes de guerre que commet Israël contre notre peuple", a dénoncé M. Erakat.

La jeune femme, enveloppée d'un drapeau palestinien, a été inhumée samedi à Bilin, en présence de 3.000 personnes.

Un des frères de la Palestinienne décédée est mort dans les mêmes circonstances
Un de ses frères, Bassem Abou Rahmah, avait trouvé la mort après avoir été touché à la tête par un tir direct de grenade lacrymogène lors d'une manifestation similaire au même endroit le 17 avril 2009.

Un autre frère, Ashraf, avait été la cible d'un soldat israélien qui lui avait tiré une balle caoutchoutée dans la jambe, alors qu'il était ligoté, les yeux bandés, après une manifestation contre le mur dans le village voisin de Nilin en 2008. La vidéo de la scène, filmée par des militants pro-palestiniens, avait fait scandale: un officier et un soldat furent été condamnés pour "conduite indigne" deux ans plus tard.

Les villages de Bilin et Nilin sont chaque semaine le théâtre de manifestations, qui réunissent Palestiniens et militants israéliens et internationaux, contre la barrière de séparation, toute proche, érigée par Israël. Plusieurs Palestiniens ont été tués lors de ces rassemblements.

Vendredi, le Premier ministre palestinien, Salem Fayyad, s'était lui-même déplacé pour participer à la dernière manifestation hebdomadaire de 2010.

La Cour suprême israélienne avait jugé que la barrière empiétait trop sur des terrains palestiniens
En février dernier, le ministère israélien de la Défense avait annoncé avoir entamé des travaux en vue de modifier le tracé controversé de la barrière près de Bilin, pour se conformer à une décision de la Cour suprême israélienne jugeant qu'elle empiétait trop sur des terrains privés appartenant à des Palestiniens. Le ministère avait indiqué que les travaux dureraient probablement jusqu'à la fin 2010.

La Cour internationale de justice avait exigé en vain le démantèlement du mur
Présentée par Israël comme une "clôture antiterroriste", la barrière, qui doit s'étendre à terme sur 723 km, est qualifiée de "mur de l'apartheid" par les Palestiniens. Aujourd'hui longue de 413 km, elle empiète sur la Cisjordanie et rend extrêmement problématique la création d'un Etat palestinien viable.

Dans un avis rendu le 9 juillet 2004, la Cour internationale de justice (CIJ) a jugé cette barrière illégale et exigé son démantèlement, tout comme l'a fait ensuite l'Assemblée générale de l'ONU. Israël n'a pas tenu compte de ces demandes.

-> Voir aussi :

l'article d'Haaretz (en anglais) : L'armée ouvre une enquête après la mort d'une manifestante palestinienne

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