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Une information judiciaire a été ouverte en France pour "séquestration, assassinats, et viols"

Il ne s'agit pas de se substituer à la justice argentine, précise-t-on de source judiciaire française, mais "cette procédure a pour objet de permettre aux familles de rentrer dans la procédure et d'être informées".Les corps des deux Françaises retrouvées mortes le 29 juillet près de salta en Argentine vont quitter Buenos Aires vendredi pour Paris.
Article rédigé par France2.fr avec agences
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Entrée du chemin de randonnée Quebrada de San Lorenzo (AFP)

Il ne s'agit pas de se substituer à la justice argentine, précise-t-on de source judiciaire française, mais "cette procédure a pour objet de permettre aux familles de rentrer dans la procédure et d'être informées".

Les corps des deux Françaises retrouvées mortes le 29 juillet près de salta en Argentine vont quitter Buenos Aires vendredi pour Paris.

Les dépouilles avaient été déposées dans une chapelle funéraire de Salta, où a eu lieu jeudi soir une cérémonie musulmane pour Houria Moumni, avant d'être ramenés à Buenos Aires.

Le gouverneur de la région, Juan Manuel Urtubey, a indiqué que le président français Nicolas Sarkozy avait téléphoné à plusieurs reprises à son homologue argentine Cristina Kirchner pour s'informer de l'évolution de l'enquête.

Confrontés à des éléments contradictoires, la justice argentine multiplie les analyses et les recherches pour tenter d'établir la date du décès de deux touristes françaises retrouvées mortes le 29 juillet, a indiqué jeudi le juge d'instruction chargé de l'affaire, Martin Perez.

"Nos sommes en train d'intensifier le travail d'analyse pour être en mesure de déterminer" si la marge entre la date présumée des décès (vers le 26 juillet selon les premières autopsies) et la date de la découverte des corps "n'est pas supérieure à 72 heures", a déclaré le juge.

Si l'hypothèse d'une mort antérieure était validée, elle lèverait les interrogations sur la période séparant la disparition des touristes de la découverte de leurs corps, laps de temps sur lequel les enquêteurs avouent ne disposer d'aucun élément.

La piste des touristes de Cordoba (centre), qui se trouvaient en même temps que deux Françaises sur un chemin de randonnée près de Salta avant leur disparition, est "fondamentale", a aussi estimé Martin Perez.

"Des vêtements qui pourraient appartenir aux victimes ont été découverts", selon un fonctionnaire du Bureau de presse de la police de Salta, qui a démenti mercredi la découverte d'une tente, comme annoncé précédemment de source judiciaire.

Faute de véritable suspect, les enquêteurs fondaient leurs espoirs sur les traces d'ADN recueillis sur les lieux du crime pour identifer le ou les assassins.

Une enquête préliminaire de police a été ouverte vendredi en France. Il ne s'agit pas de se substituer à la justice et à la police argentine, mais "de permettre aux familles de rentrer dans la procédure et d'être informées", a-t-on déclaré au parquet.

Les faits

Les corps de Cassandre Bouvier, 29 ans, et Houria Moumni, 24 ans, présentant des impacts de balles, ont été retrouvés vendredi dernier sur le site de randonnée du mont San Lorenzo, à 12 km de Salta (1.600 km au nord de Buenos-Aires).

Selon des premiers éléments de l'enquête cités mardi par la presse argentine, Cassandre Bouvier, abattue d'une balle dans le front, a été victime d'un viol. Houria Moumni a, quant à elle, agonisé pendant plusieurs heures après avoir reçu une balle dans le dos alors qu'elle tentait d'échapper à son agresseur.

"Il y a un laps de temps sur lequel nous n'avons absolument rien. Aucun élément entre le 15 juillet et le jour de la découverte des corps (le 29 juillet). Nous n'avons ni témoignages, ni indices", a souligné le juge. Selon les résultats de l'autopsie, les victimes étaient mortes depuis 48 ou 72h quand leurs corps ont été découverts, a expliqué le juge, le double assassinat ayant donc pu se produire le 26 juillet.

Des suspects entendus
La justice avait dans un premier temps arrêté puis relâché un premier suspect. Il s'agissait d'un loueur de chevaux, arrêté dans la nuit de dimanche à lundi en Argentine. Il avait été libéré lundi par le magistrat chargé de l'enquête, "faute de preuves". Il s'agissait de la première arrestation dans le cadre de l'enquête déclenchée le 29 juillet.

Un second suspect, Daniel Vilte, a été arrêté dans la nuit du 1er au 2 août et se trouvait toujours en détention jeudi, mais son seul lien avec l'affaire serait l'achat ou la vente d'une arme de calibre 22, similaire à celle utilisée contre les Françaises.

La police recherche en, outre, un groupe de quatre touristes argentins et leur guide qui auraient pénétré sur le site où a été commis le crime cinq minutes après les victimes.

Les victimes: de brillantes étudiantes
"Les deux jeunes femmes, "retrouvées mortes à Salta (Argentine) le 30 juillet 2011, étaient étudiantes à l'Institut des hautes études d'Amérique latine (IHEAL) de l'Université Sorbonne Nouvelle-Paris 3", indiquait lundi la présidente de l'université, Marie-Christine Lemardeley.

Elles "étaient deux étudiantes brillantes, qui consacraient leurs talents et leur énergie à étudier l'Amérique latine, où elles ont été sauvagement assassinées", a ajouté l'universitaire dans un communiqué. Une cérémonie d'hommage sera organisée dans cet institut "au mois de septembre", a-t-elle précisé.

Admise en Master 2 (3e cycle) à la rentrée de septembre, Houria, 24 ans, "était partie faire (en Amérique latine) son terrain, comme on dit", a ajouté Mme Lemardeley. "Son thème de recherche était la migration syro-libanaise en Argentine ("Los Turcos")", a-t-elle ajouté.

Etudiante de troisième cycle, Cassandre, 29 ans, "avait terminé et validé tous ses cours". "Son sujet était la révolution espagnole vue par la presse espagnole", a ajouté Mme Lemardeley. Elle "travaillait sur la diaspora dominicaine".

"En Argentine, elle avait co-organisé à Buenos Aires un colloque sur 'l'orientalisme en Amérique latine' " les 23 et 24 juin. Elle "était restée ensuite en Argentine pour faire du tourisme."


Selon l'autopsie, leur mort remontait à trois jours au moment de la découverte des corps. Arrivées à Salta le 11 juillet, elles devaient en repartir le 19. Leur dernier enregistrement dans un hôtel remonte au 16 juillet.

L'hôtel du Mont, à Salta, fermé

La dernière demeure connue des Françaises est close depuis l'ouverture d'une enquête devant déterminer pourquoi ses gérants ont tardé à signaler la disparition des 2 étudiantes, parties en excursion le matin du 15 juillet en laissant passeports et bagages à l'hôtel. Les gérants ont attendu près d'une semaine et un contrôle de routine pour révéler à la police qu'ils étaient sans nouvelles des deux touristes.

"La police a une section de prévention et d'assistance pour les touristes qui a notamment pour fonction de contrôler les clients des hôtels, et dans ce cas, le dernier contrôle a été effectué le 20 ou 22 juillet: les gérants de l'hôtel ont expliqué n'avoir aucune nouvelle" de ces deux clientes, a rapporté mercredi à l'AFP José Hinojosa, chef du bureau de presse de la police de Salta.

Les gérants de l'hôtel ont expliqué à la police que les Françaises avaient quitté l'établissement le 15 juillet, laissant dans leurs chambres leurs passeports et leurs affaires, selon le chef du bureau de presse de la police de Salta.

Le secrétaire du tourisme de Salta a ouvert une enquête administrative pour déterminer pourquoi les gérants "n'ont pas informé" plus tôt les autorités de l'absence de leurs clientes. Cette enquête n'a pas été assortie d'une ordonnance de fermeture, mais les propriétaires ont décidé de fermer l'établissement pour un temps indéterminé, a rapporté une source proche de l'Office du tourisme local.

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