Une dizaine de membres des forces fidèles à Laurent Gbagbo ont été tués mardi à Abidjan
Ils sont morts lors de combats avec des hommes armés non identifiés dans un quartier favorable au président reconnu par la communauté internationale,Alassane Ouattara.
Les forces de sécurité fidèles à Gbagbo, elles, ont reconnu mercredi avoir perdu trois éléments et affirmé avoir tué sept membres pro-Ouattara.
Au moins 7 manifestants réclamant le départ de Gbagbo ont été tués lundi à Abidjan. Tous s'ajoutent aux quelque 300 morts, selon l'ONU,dénombrés depuis le début de la crise politique.
Mission diplomatique de la "dernière chance"
Quatre présidents africains du panel sur la crise ivoirienne ont rencontré mardi dans Abidjan Alassane Ouattara au lendemain d'un entretien avec Laurent Gbagbo.
Au deuxième jour de leur visite, Idriss Deby Itno (Tchad), Jikaya Kikwete (Tanzanie), Jacob Zuma (Afrique du Sud) et Mohamed Ould Abdel Aziz (Mauritanie) ont retrouvé à la mi-journée M. Ouattara au Golf hôtel où il est retranché avec son équipe sous blocus des forces loyales à M. Gbagbo.
"Votre mission pour nous constitue la mission de la dernière chance", a averti Alassane Ouattara, après bientôt trois mois de crise née de la présidentielle de novembre.
Le président burkinabè Blaise Compaoré, membre du panel, a renoncé à se rendre à Abidjan pour "raison de sécurité". Ex médiateur du processus de paix ivoirien (2007-2010), il est accusé par le camp Gbagbo d'être pro-Ouattara.
La Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao), qui a adopté une ligne plus dure que l'UA en brandissant la menace de la force pour déloger M. Gbagbo, a fermement critiqué le maintien de la visite du panel amputé d'"un membre important".
Recours à la force contre Gbagbo toujours envisagé
Un recours à la force pour chasser du pouvoir Laurent Gbagbo est toujours envisagé en cas d'échec de tout changement de régime pacifique, a estimé mercredi le Premier ministre kényan Raila Odinga, ancien médiateur de la crise ivoirienne.
M. Odinga a estimé que le régime de M. Gbagbo "commence à ressentir l'effet des sanctions économiques" prises à son encontre.
"Si toutes ces mesures ne suscitent pas un changement de régime, alors bien sûr la force sera utilisée. Quant à savoir quand, je ne peux pas le dire exactement ici", a-t-il poursuivi.
Vers un partage du pouvoir ?
Les médiateurs dépêchés par l'Union africaine (UA) n'ont "pas de solution entre (leurs) mains" mais espèrent une issue "qui, au-delà de la Côte d'Ivoire, va sauver la paix dans la sous-région, dans toute l'Afrique", a répondu Mohamed Ould Abdel Aziz, appelant à des"sacrifices".
Le panel doit aboutir d'ici au 28 février à des solutions "contraignantes" pour les deux camps.
L'organisation d'un nouveau scrutin étant improbable, l'alternative pourrait être "un partage du pouvoir" entre les deux hommes: "l'un pourrait être président et l'autre vice-président pendant deux ans et ensuite ils alterneraient", a-t-il suggéré, interrogé au Cap.
Ces idées "font partie des nombreuses propositions" contenues dans le rapport des experts de l'UA, mais "on en est seulement au stade de la prospection", a cependant tenu à préciser une source proche du panel à Abidjan.
"Aucune proposition de ce genre n'a été faite" lors de l'entretien, a assuré de son côté Gervais Kacou, ministre des Affaires étrangères de M. Ouattara.
L'exemple égyptien
Le gouvernement d'Ouattara a lancé un appel à un soulèvement semblable à celui qui a poussé au départ le président égyptien Hosni Moubarak, mais les forces de sécurité ont dispersé les tentatives de rassemblement.
Des habitants ont fait état de coups de feu tirés tout au long de la matinée dans des quartiers d'Abidjan pro-Ouattara. Dans le quartier de Koumassi, des soldats utilisant des
mitrailleuses montées sur des véhicules militaires ont tiré sur des manifestants, selon des habitants. Trois manifestants au moins auraient été tués.
Dans le quartier de Treichville, on déplore trois morts et 14 blessés, a déclaré par téléphone à Reuters un employé de mairie qui a vu les morts et a participé au transport des blessés à l'hôpital.
Les militaires n'ont fait aucune déclaration.
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