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Une adolescente de 17 ans a été identifiée comme l'une des deux femmes kamikazes qui ont commis les attentats du 29 mars

Djennet Abdourakhmanova était la "veuve du combattant rebelle Oumalat Magomedov, abattu lors d'une opération spéciale le 31 décembre dernier", écrit le journal Kommersant dans son édition de vendredi.Le double attentat suicide a fait 39 morts et 73 blessés dans deux stations du métro de Moscou, le lundi 29 mars.
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Les secours moscovites s'occupent des victimes de l'attentat de la station du Parc Koultoury, la seconde explosion. (AFP Photos)

Djennet Abdourakhmanova était la "veuve du combattant rebelle Oumalat Magomedov, abattu lors d'une opération spéciale le 31 décembre dernier", écrit le journal Kommersant dans son édition de vendredi.

Le double attentat suicide a fait 39 morts et 73 blessés dans deux stations du métro de Moscou, le lundi 29 mars.

Le mari de la kamikaze, Oumalat Magomedov, alias "Al-Bara" et considéré par les rebelles comme l'"Emir du Daguestan", a été abattu le 31 décembre 2009 à Khassaviourt, dans l'ouest du Daguestan, lors d'un échange de tirs avec la police, alors que celle-ci voulait contrôler la voiture dans laquelle il se trouvait. Il était proche du leader rebelle Dokou Oumarov, qui se fait, lui, appeler "Emir du Caucase" et a revendiqué les deux attentats de Moscou.

Publiée par le journal Kommersant, une photo du couple montre une jeune fille voilée et entièrement vêtue de noir, au visage encore poupon, enlacée par le jeune homme, chacun tenant un pistolet.

La revendication des attentats
Mercredi, le chef du groupe rebelle islamiste "Emirat du Caucase" a revendiqué les attentats meurtriers du lundi 29 mars. Dans une vidéo réalisée le jour même, et mise en ligne le mercredi 31 mars, Dokou Oumarov, alias Abou Oussman, a déclaré que cette attaque était "un acte de vengeance" du "carnage" des forces russes le 11 février en Ingouchie, une république instable du Caucase.

Ce 11 février, "des habitants tchétchènes et ingouches ont été exécutés" par les forces russes près du village d'Archty lors d'une opération menée par "les bandits des forces spéciales du FSB" (services spéciaux russes), dit-il. Dokou Oumarov affirme avoir donné personnellement l'ordre de commettre les attentats de Moscou, perpétrés par deux femmes kamikazes dans deux stations du métro au centre-ville, à 40 minutes d'intervalle.

Cette revendication intervient le jour où un nouvel attentat en Russie a fait 12 morts au Daguestan, autre république instable du Caucase.

Lundi 29 mars au matin, à l'heure de pointe, la première explosion a retenti dans la station Loubianka, à quelques centaines de mètres du Kremlin, à 7h57 locales, un lieu hautement symbolique, cette station desservant le siège du FSB (ex-KGB). La deuxième explosion s'est produite à 8h36 sur la même ligne, à la station Park Koultoury, également dans le centre-ville.

Deuil et début de polémique
Le maire de Moscou ayant décrété mardi 30 mars une journée de deuil dans la capitale russe, des habitants venaient déposer des fleurs dans les stations de métro Loubianka et Park Koultoury. De nombreux policiers circulaient dans les rames. Une veillée de prière de l'Eglise orthodoxe à la mémoire des victimes a eu lieu mardi à la mi-journée à la cathédrale du Christ-Sauveur, le plus grand édifice religieux de la capitale.

Au lendemain des attentats, la presse russe accusait le gouvernement du Premier ministre Vladimir Poutine de ne pas avoir réussi à prévenir ces attaques, attribuées par les autorités à deux femmes kamikazes liées à des groupes rebelles du Caucase du Nord. En réaction à ces attaques, l'homme fort du Kremlin a sommé mardi les forces de l'ordre de "curer les égouts" à la recherche des organisateurs des attentats. "Les complices et les organisateurs (...) se sont planqués et c'est une question d'honneur pour les forces de l'ordre que de curer les égouts et de les sortir à la lumière du jour", a-t-il déclaré au cours d'une réunion consacrée à la sécurité dans les transports, selon des images diffusées par la télévision russe.

La capitale russe a été touchée ces dix dernières années par une série d'explosions mortelles, pour certaines revendiquées par des militants de la cause tchétchène, mais elles sont devenues moins fréquentes ces derniers temps. Le dernier attentat d'ampleur dans le métro de Moscou remonte au 6 février 2004. 41 personnes avaient été tuées, 250 blessées.

Un affront à Vladimir Poutine
Le Premier ministre russe Vladimir Poutine, qui se trouvait en déplacement en Sibérie, est rentré à Moscou dès l'annonce des attentats, et a promis que "les terroristes" seraient "anéantis". Ce double attentat est vu par les observateurs comme un coup porté à la réputation de l'ancien président Poutine, qui se pose en champion de l'ordre public et reste considéré comme l'homme aux commandes du pays. "C'est un affront direct à Vladimir Poutine, dont toute l'accession au pouvoir s'est construite sur sa promesse d'écraser les ennemis de la Russie. C'est un affront à son image d'homme d'Etat musclé", a noté Jonathan Eyal, expert britannique des questions de défense.

"La méthode de répression du gouvernement fédéral en Tchétchénie est totalement contre-productive", estime pour sa part Galina Emelianova, de l'université de Birmingham. "Elle n'a fait que pousser l'insurrection hors de la Tchéchénie. La rébellion est de plus en plus multiethnique et s'étend à d'autres parties du Nord-Caucase via des réseaux djihadistes de plus en plus actifs."

Ces attentats interviennent alors que les forces de l'ordre ont multiplié ces derniers mois les opérations d'envergure dans le Caucase du Nord pour y traquer les rebelles d'obédience islamique. Plusieurs de leurs leaders ont été abattus ces dernières semaines.

Infographie animée sur les points chauds du Caucase

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