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Un sommet "sans précédent" sur le viol en temps de guerre

Angelina Jolie et le chef de la diplomatie britannique ont ouvert ce mardi, à Londres, un sommet sans précédent sur le viol en temps de guerre. Il espèrent éveiller les consciences grâce à cet événement de grande ampleur.
Article rédigé par Agathe Ranc
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Angelina Jolie et William Hague à Londres, le 10 juin © REUTERS / Andrew Winning)

Angelina Jolie et William Hague, chef de la diplomatie britannique, ont ouvert ce mardi à Londres un sommet "sans précédent " sur les violences sexuelles pendant les conflits, et l'utilisation du viol comme arme de guerre. Toute cette semaine, les délégations de 140 pays, une cinquantaine de ministre des Affaires étrangères dont l'américain John Kerry, des experts, des associations mais aussi des victimes et des acteurs de terrain sont attendus dans la capitale britannique pour y participer.

Après la ratification par 150 pays d'une Déclaration d'engagement à mettre fin aux violences sexuelles, l'objectif de cette conférence sera d'essayer de nouveau d'éveiller les consciences pour déboucher sur "des actions concrètes de terrain ".

Selon les Nations unies, 36 filles et femmes sont violées chaque jour en République du Congo, où l'on estime à plus de 200.000 le nombre de femmes ayant souffert de violences sexuelles depuis 1998. Entre 250.000 et 500.000 femmes ont été violées au cours du génocide du Rwanda de 1994. Plus de 60.000 lors du conflit en Sierra Leone. Et au moins 20.000 pendant le conflit  en Bosnie au début des années 1990.

Une "mission primordiale" pour John Kerry

William Hague et Angelina Jolie, ambassadrice de bonne volonté du Haut-commissariat de l'ONU pour les réfugiés, seront rejoints vendredi par le secrétaire d'Etat américain John Kerry. Dans une interview au quotidien britannique The Evening Standard , il explique avoir fait du sujet une "mission primordiale " pour l'Amérique.

Le viol en temps de guerre doit être, selon lui, considéré comme "un crime international majeur et plus seulement comme la conséquence inévitable de tout conflit ". "Il faut ensuite convaincre chaque gouvernement de refuser de servir de refuge à ceux qui ont commis ces actes infâmes ,ce qui devrait être l'un des héritages principaux du sommet ", a-t-il expliqué.

Le sort des 200 lycéennes nigériannes enlevées par Boko Haram sera aussi évoqué lors du sommet. William Hague accueillera jeudi son homologue nigérian ainsi que des représentants des états voisins du Bénin, du Tchad, du Cameroun et du Niger.

Un sommet hyopcrite pour certains

Malgré la bonne volonté affichée par les ambassadeurs du sommet, des membres du commissariat des Nations unies pour les réfugiés et d'associations en lien avec les demandeurs d'asile au Royaume-Uni critiquent l'hypocrisie de la position britannique qui laisse à la porte des victimes de viols lorsqu'ils arrivent en tant que réfugiés de guerre.

Anna Musgrave, du Refugee Council, citée par le Guardian, explique : "D’un côté, beaucoup d’efforts sont faits dans les zones de conflits à l’étranger. Mais quand les victimes de ces conflits arrivent sur le territoire britannique, c’est une autre histoire. Souvent, personne ne croit pas ce que racontent ces femmes. Et plutôt que de les protéger le système d’asile les traumatise davantage. Il est primordial que le gouvernement s’empare du problème avec le même enthousiasme à l’étranger et sur son territoire, et qu’il protège les survivantes de violences sexuelles ".

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