Un médecin français volontaire dans l'enfer syrien
Le docteur Lahna navigue entre Alep, Idlib et d'autres villes du nord-ouest de la Syrie, souvent aux mains des rebelles islamistes. Depuis la Turquie, non sans risque, il est arrivé par la route le week-end dernier. Il avait déjà fait un premier séjour de trois semaines en septembre. Depuis 15 ans, ce médecin franco-marocain de 49 ans a fait plusieurs missions humanitaires. A l'été 2014, il était à Gaza. La Syrie, c'est le terrain le plus hostile qu'il ait connu.
De la chirurgie pendant les coupures d'électricité
Là où le docteur Lahna se trouve, quasiment tous les hôpitaux ont été rayés de la carte, visés par l'armée de Bachar al-Assad. La plupart des médecins ont été tués ou bien ont fui. A Alep, 500.000 habitants, il reste une obstétricienne. Et c'est donc dans des bibliothèques, des maisons, d'anciens bureaux que les rares docteurs encore présents reçoivent les patients. Des conditions dantesques avec des coupures de courant sans arrêt.
Dans ce contexte, l'arrivée d'un médecin français "frais" qui n'est pas "usé" par 5 ans de guerre c'est très précieux. D'ailleurs l'information sur sa présence s'est répandue sur des kilomètres. Quantité de patients à différents endroits espèrent qu'il pourra venir les opérer avant la fin de son séjour fin octobre. En France, Zouhair Lahna est chirurgien obstétrique mais là-bas, il gère toutes sortes d'opérations.
Il décrit aussi les difficiles conditions de vie des civils. A part les combattants, ceux qui restent sont les plus vieux -incapables physiquement d'entamer un long exil- et les plus pauvres qui n'ont pas de quoi financer un départ. Ils trouvent à peu près de quoi manger même si c'est peu varié. Pour le reste, tout manque.
Ainsi, avant-hier, le docteur Lahna a permis la naissance d'un petit garçon au milieu de ce chaos. Le soir, il a posté sur les réseaux sociaux une photo touchante, portant dans ses bras, le nourrisson.
"En France, je suis remplaçable "
Depuis 10 jours, l'armée russe intervient dans le ciel de Syrie. Au plan international, les choses bougent, des négociations ont lieu. Entre deux opérations, Zouhair Lahna explique qu'il écoute les conversations, qu'il scrute le ciel et il constate une évolution.
Pourquoi cet engagement ? "J'ai l'avantage de parler arabe" dit-il et "en France, je suis remplaçable" .
Le médecin rapporte aussi que des civils espèrent que l'arrivée des Russes oblige les différents rebelles à se fédérer : laïcs, islamistes modérés et radicaux. D'autres civils, encore, commenceraient à espérer une partition de la Syrie sur le modèle de ce qui s'est fait dans les Balkans. Tout pourvu que le sang arrête de couler.
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