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Un Léonard de Vinci controversé aux enchères : "Ce qui cloche, c’est le majeur de la main droite du Christ"

La vente aux enchères mercredi à New York d'un tableau de Léonard de Vinci constitue un événement. Pourtant, un spécialiste français émet des doutes sur l'intégralité de l'authenticité de l'oeuvre.

Article rédigé par Anne Chépeau
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Le tableau de Léonard de Vinci, "Salvator Mundi", mis aux enchères à New York le 15 novembre, est la propriété du milliardaire russe Dmitri Rybolovlev, qui préside le club de football de l'AS Monaco. (TOLGA AKMEN / AFP)

La vente d'une œuvre de Léonard de Vinci, mercredi 15 novembre en soirée, à New York chez Christie’s, constitue à elle seule un événement exceptionnel, puisque moins de 20 tableaux du peintre florentin ont été préservés. La mise aux enchères est d'autant plus remarquable qu'elle concerne un bien controversé. Non seulement la toile, Salvator Mundiestimée à près de 86 millions d’euros, est au cœur d'un litige judiciaire, mais un historien d'art français met également en doute l'intégralité de son authenticité.

La propriété d'un milliardaire russe

La vente sera suivie de près parce que son propriétaire, le richissime Dmitri Rybolovlev, accuse le marchand d’art suisse qui lui a vendu le tableau en 2013 pour près de 110 millions d’euros, de l’avoir surévalué. À voir ce soir, à l’issue des enchères new-yorkaises. La mise aux enchères est aussi intéressante parce que même si de nombreux experts ont authentifié le tableau, certains émettent des doutes sur le Salvator Mundi, Christ Sauveur du monde. C’est le cas du peintre et historien d’art, Jacques Franck, spécialiste de Léonard de Vinci. "Je ne reconnais pas, dans l’intégralité de cette œuvre, la présence de la main de Léonard de Vinci", déclare-t-il. 

Léonard a mis la main dans le tableau, mais je pense que c’est une œuvre d’atelier, qu’il a retouché plus ou moins plusieurs parties.

Jacques Franck, spécialiste de l'œuvre de Léonard de Vinci

à franceinfo

"Si c’était un véritable Léonard de Vinci, ce serait un événement qui n’existe qu’une fois par siècle", ajoute le spécialiste

Le doute dans le dessin d'un doigt 

Jacques Franck a vu le Salvator Mundi en 2011, à Londres, lors d'une exposition à la National Gallery. Il a vu, dit-il, un tableau extrêmement abimé, avec des parties manquantes, notamment sur le visage. Le spécialiste des œuvres du maître de la Renaissance a aussi remarqué un détail qui ne correspond pas, juge-t-il, aux multiples compétences de Léonard de Vinci. 

Ce qui cloche c’est le majeur dans la main droite du Christ. Sa représentation est fausse dans l’anatomie et dans la perspective. Ça, c’est rédhibitoire pour Léonard qui est un fin perspecteur et un grand anatomiste.

Jacques Franck

à franceinfo

L'historien d'art est affirmatif. Jamais, dit-il, le peintre n’aurait conçu une main fausse, d'autant que des dessins, des représentations de mains absolument magistrales sont disponibles pour étayer la comparaison. Jacques Franck pointe aussi les boucles de cheveux du Christ trop régulières et trop raides, selon lui, pour être de la main de Léonard de Vinci.

Le silence des experts

Jacques Franck est un peu seul à exprimer ouvertement des doutes. "Des gens soutiennent l’authenticité intégrale du tableau. Ils sont libres, mais je ne suis pas d’accord."  Il affirme avoir des collègues qui ne s’expriment pas mais pensent comme lui.

Vu ce que l’on connaît de Léonard de Vinci, La Joconde, La Vierge au rocher, La Belle Ferronnière, ce n’est pas du tout en rapport avec ce que l’on nous présente.

Jacques Franck

à franceinfo

Au-delà du débat entre experts, le mauvais état avant restauration de ce Léonard de Vinci, le seul au monde entre des mains privées, pèsera peut-être sur son prix ce soir à New York.

Un Léonard de Vinci controversé aux enchères à New York - un reportage d'Anne Chépeau

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