Cet article date de plus de dix ans.

Ukraine : vivre au cœur du conflit

Près de 48 heures après la plus grosse offensive jamais menée par l’armée ukrainienne depuis le début des troubles, la tension est toujours présente dans l'Est du pays. Dans le Donbass, aux mains des séparatistes depuis un mois et demi, il y aurait eu 50 morts dont deux civils. Les violences ont surtout lieu dans le quartier de l’aéroport de Donetsk, ville d'un million d'habitants.
Article rédigé par Mathilde Lemaire
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (A la sortie de la ville de Donetsk, le quartier Kievsky est proche de l'aéroport de Donetsk © Radio France - Jean-Marie Porcher)

Le quartier Kievsky près de l’aéroport Prokofiev est un quartier de mineurs et d’ouvriers constitué d’immeubles vétustes au milieu de jolies zones boisée. C’est un secteur de la ville plutôt paisible d’habitude. Mais depuis deux jours, le bruit des armes se mêle au chant des oiseaux. Ivan est père de famille. Il est descendu quelques minutes de son huitième étage pour voir le camion criblé de balles renversé près de chez, lui et les tâches de sang sur la route. Le reste de sa famille reste cloîtrée paralysée par la peur. On a veillé à se ravitailler en eau et en pommes de terre au cas où la situation s'empirait encore.

 

"Je veux que tout ca s’arrête,  que les gens se mettent à table pour commencer à négocier. Nous n’avons pas besoin de cette guerre. C’est impensable ces mères qui attendent le soir la nuit la fin des batailles pour espérer voir rentrer leurs fils. Vous entendez dernières nous ces explosions ? Peut-être l’une d’elle va-t-elle faire des dizaines de victimes ? C’est insupportable. Moi j’ai des enfants encore jeunes. Ils se cachent sous les couvertures et ils me demandent : Papa, dis est-ce que la bombe pourrait tomber sur nous ? C’est trop de peur trop de souffrance !",  raconte Ivan, très nerveux. Il nous raconte que la seule solution qu'il a trouvé pour se calmer un peu, c'est d'écouter de la musique avec sa famille. On devine à son haleine qu'il trouve aussi un peu de réconfort dans la vodka.

  (Sur la route de l'aéroport, les habitants vivent à quelques mètres des affrontements © Radio France - Jean-Marie Porcher)

Une infirmerie de fortune dans une boutique

Un chantier commence sous les fenêtres de l'appartement d'Ivan. Ce sont des séparatistes qui montent un mur avec de très gros blocs de béton pour barrer la route. Un autre barrage de pneus et de sacs de sable est en train d’être installé cinq-cents mètres en contrebas. Et on parle d'un autre mur de béton en train de sortir de terre autour du siège régional du gouvernement, immeuble de onze étages, devenu le bastion des insurgés en centre ville.

 

  (Sur la route de l'aéroport, les séparatistes construisent un mur de béton © Radio France - Jean-Marie Porcher)

Parmi les habitants du quartier Kievsky, beaucoup ont choisi de prendre partie pour ces combattants indépendantistes défenseur de la République Populaire du Donbass. Ils leur préparent à manger, les applaudissent quand ils passent, ou les aident pour décharger du matériel par exemple. Ina, elle, a improvisé une infirmerie dans une boutique.

"Vous voyez : on a mis des matelas parterre. Et là, on a de quoi donner les premiers soins : compresses, antidouleurs, alcool… On a aussi les numéros de téléphone de médecins qui sont de notre côté. On les appellera au besoin. Moi, je suis femme de ménage, mais j’ai mis mon travail entre parenthèses pour être auprès de nos frères et de nos pères qui vont au combat défendre notre territoire, notre peuple" , confie la jeune femme qui a enfilé une vieille blouse et un masque blanc.

  (barrage routier tenu par les séparatistes à la sortie de la ville de Donetsk, en direction de l'aéroport © Radio France - Jean-Marie Porcher)

L’armée dit contrôler de nouveau ce secteur de l’aéroport. "Mensonge ", disent les insurgés qui refusent de déposer les armes. Deux hôpitaux et neuf écoles ont été fermés dans ce secteur. Des abris contre les bombardements ont été mis à la disposition de la population.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.