Ukraine : des violences et une disparition inquiétante
Les quatre membres de la mission spéciale de l’OSCE – un Estonien, un Suisse, un Turc et un Danois – effectuaient une patrouille de routine. Le dernier contact établi avec eux date de lundi soir. Leurs responsables parlent d’une "situation effrayante ". Fin avril, sept observateurs militaires européens déployés sous l'égide de cette organisation avaient été retenus en otage pendant neuf jours par les séparatistes prorusses dans la ville de Slaviansk, plus au nord.
Cette fois, c’est à Donetsk que l’on craint qu’ils aient été enlevés. Donetsk, où les avions de combat et hélicoptères de l’armée ukrainienne ont fait leur apparition lundi. Des insurgés ont péri sous le feu des mitrailleuses. Mais cette violente bataille démarrée à l’aéroport a aussi fait deux morts parmi les civils, lorsque les combats se sont déportés sur la gare ferroviaire. Kiev dit avoir repris le contrôle de l’aéroport de cette cité industrielle et stratégique d'un million d'habitants. Mais sur place, les activistes refusent de déposer les armes et sont déterminés à se battre jusqu'au bout.
À la morgue, on peut voir une vingtaine de dépouilles d’hommes en treillis. Les séparatistes reconnaissent avoir perdu au moins cinquante des leurs dans les combats qui les opposent à l’armée ukrainienne depuis lundi midi. Kiev, de son côté, annonce qu’aucun de ses soldats n’a laissé sa vie dans cette offensive.
De nouveaux barrages
Sur la route qui mène à l’aéroport, on découvre ce mardi les traces des affrontements. Ici, des tâches de sang. Là, un camion des insurgés renversé et criblé de balles. Au loin, on entend encore de temps en temps des tirs de kalachnikovs ou d’arme lourde. Les séparatistes ont souffert mais ne s’avouent pas vaincus, à voir l’énergie qu’ils déploient pour décharger un poids lourd sur cette fameuse route de l’aéroport Prokofiev.
Des sympathisants prorusses en tenue civile aident les combattants à sortir du véhicule des caisses de munitions, d’équipements et de matériel militaire. Il y a aussi des pneus et des sacs de sable. Iouri a les traits tirés après des heures de bataille sanglante. C’est lui dirige ce groupe, qui tente de monter un nouveau barrage.
"Se battre jusqu’au bout pour le peuple du Donbass"
"Nous continuons à maitriser toute la ville, même l’aéroport. Ils mentent quand ils disent qu’ils l’ont repris. Voyez là tout ce qu’on déploie, on s’installe avec des véhicules, des barbelés, des munitions... C’est notre territoire ! ", commente le jeune homme qui ne quitte jamais sa kalachnikov. Il est fatigué mais selon lui, les pertes de ces dernières heures ne redonnent que plus de motivation aux troupes insurgées : "Notre république va tenir le coup, croyez-moi ! Ils ont beau avoir des avions. Nous, nous avons la rage. Comme à Slaviansk, comme à Lougansk, nous sommes déterminés à nous battre pour le peuple du Donbass" .
Un mur de béton dressé
500 mètres plus loin, d’autres activistes montent carrément un mur avec de gros blocs de béton, sous les yeux inquiets de certains habitants du secteur. Ce quartier Kievsky est un quartier d’habitations, avec de nombreux immeubles, de nombreuses familles. Sur le bord de la route, des femmes volontaires improvisent une infirmerie de fortune dans une boutique. Elles ont surtout rassemblé des vivres, quelques lits, et de quoi apporter les tout premiers soins aux blessés qui pourraient encore arriver.
Autre signe du climat de violence qui continue de régner dans la capitale de l’Est ukrainien : le palais omnisports où se trouve la grande patinoire a en partie brûlé. Selon les policiers, l’incendie parti dans la nuit de lundi à mardi est un incendie criminel. On sait que ce grand bâtiment emblématique de la ville est la propriété d’un oligarque anti-séparatiste. Il pourrait avoir fait l’objet d’une vengeance.
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