Turquie : "Le gouvernement turc poursuit son acharnement contre moi", dénonce la sociologue Pinar Selek jugée à Istanbul
"La situation est grave, le gouvernement turc poursuit son acharnement contre moi" réagit vendredi 28 juin sur France Culture, Pinar Selek, sociologue accusée de terrorisme par l'État turc depuis 26 ans. Une nouvelle audience s'est ouverte vendredi 28 juin à Istanbul avec l'apparition d'une nouvelle pièce qui met en cause certaines activités de la figure de lutte pour les droits de l'homme en Turquie : "Le gouvernement turc franchit une étape, je pense, en s'attaquant maintenant à nos activités universitaires ici en France", a-t-elle expliqué.
Pinar Selek travaille à l’université Côte d'Azur à Nice grâce au Programme national d’accueil en urgence des scientifiques et des artistes en exil (PAUSE). Elle a obtenu un poste d'enseignante-chercheuse en 2022 et a concentré ses recherches sur les groupes opprimés et les minorités.
Le ministère de l'Intérieur turc a fait verser au dossier judiciaire un document prétendant qu'une conférence animée par Pinar Selek à Nice le 11 avril 2024 était organisée par le PKK. "C'est évidemment faux, mais aussi une calomnie. Il s'agissait d'une conférence organisée par mon laboratoire", a-t-elle expliqué. "Ils ne renoncent à aucune manœuvre pour m'intimider et m'inciter à m'abstenir de faire mon travail", a-t-elle ajouté.
Accusée d'attentat, mais acquittée à de multiples reprises
La sociologue franco-turque est poursuivie depuis 26 ans pour avoir organisé un attentat. Des experts ont établi que l'explosion était accidentelle. Pinar Selek, qui dénonce un dossier monté de toutes pièces, a été acquittée à quatre reprises.
Emprisonnée, torturée dans les prisons turques, la sociologue a trouvé refuge en France en 2011. Une journée de solidarité aura lieu ce vendredi à l’Hôtel de Ville de Lyon en sa présence. "J'ai relu l'autre jour le Procès de Kafka. Je suis tombée sur une phrase qui dit 'le verdict ne vient pas d'un seul coup, c'est la procédure qui se transforme petit à petit un verdict'. Moi et mes amis et mes soutiens, mon université, l'Académie française, mes collègues, mes éditeurs, mes éditrices, toutes mes amies, nous faisons tout pour transformer ce verdict en victoire contre tous les fascismes", a-t-elle expliqué.
Plusieurs fois acquittée, Pinar Selek craint que le verdict s'inverse, mais la solidarité internationale qui s'organise autour d'elle lui donne de l'espoir : "Ils pensent qu'ils vont vraiment intimider l'Université française. Il y a plein de personnes qui vont aller à Istanbul. Je crois que la solidarité internationale, c'est un plus grand antidote contre le fascisme dans ce monde", a-t-elle assuré.
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