: Reportage "Ça ne me paraît pas très démocratique" : en Turquie, les utilisateurs d'Instagram en colère après le blocage du réseau social par les autorités
Depuis vendredi 2 août, en Turquie, les autorités bloquent l'accès au réseau social Instagram. Si aucune raison officielle n'a été clairement avancée, cette interdiction est intervenue après des accusations de censure portées par Ankara contre la plateforme américaine à la suite de l’assassinat par Israël du chef politique du Hamas, Ismaïl Haniyeh. Lundi 5 août, dans un discours, le président turc Recep Tayyip Erdogan a semblé confirmer les motivations politiques derrière cette décision. Une décision qui provoque la colère de nombreux utilisateurs.
Malgré le blocage, Edanur continue à publier des photos sur son compte Instagram. Comme des millions de Turcs, cette infirmière de 25 ans sait contourner le blocage avec un VPN, qui permet de relocaliser son réseau internet à l'étranger. Mais ça n'empêche pas sa colère : "C'est de la censure, une atteinte claire à la liberté d'expression ! Quand j'utilise le VPN, c'est comme si je rentrais chez moi par la cheminée ou le balcon, comme une voleuse... Mon compte, c’est à moi, c'est ma maison !"
"Fascisme numérique"
Les autorités turques n'ont pas donné de raison claire au blocage d'Instagram. Mais le président Erdogan a accusé le réseau social de censurer les critiques contre Israël et certains messages de soutien aux Palestiniens. Il a été jusqu'à parler de "fascisme numérique".
Mete, un commerçant, approuve cette position, mais pas la méthode : "Il n'y a aucun doute qu'Instagram filtre les messages qui critiquent les attaques d'Israël contre les Palestiniens. Notre gouvernement a raison de dénoncer ça. Mais en bloquant Instagram, comme on dit en turc, 'il brûle toute la couverture pour une seule puce'. Fermer tout un réseau social sur ordre du gouvernement, ça ne me paraît pas très démocratique." Une réunion entre le gouvernement turc et des responsables de la plateforme a eu lieu lundi, sans résultat pour l'instant.
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