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La réunification de Chypre à portée de main

John Kerry était à Chypre le 3 décembre 2015 pour encourager les efforts en vue de réunifier l’île. En effet, depuis mai 2015, les responsables des deux entités grecque et turque ont décidé d’intensifier les discussions, et la réunification pourrait intervenir dès 2016.
Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4min
Un drapeau chypriote turc géant a été peint sur la montagne dominant la partie turque de Nicosie en 2003.

L'île est divisée depuis le 15 juillet 1974. La garde nationale, conduite par des officiers grecs, monta un coup d'Etat contre le Gouvernement chypriote. Ce coup d'Etat fut suivit le 20 juillet d'une opération militaire turque de grande envergure qui aboutit à l'occupation de la principale enclave chypriote turque au nord de l'île. 
 
Des dizaines de milliers de Chypriotes ont été déplacés, avec notamment un transfert de populations entre le sud de l'île devenu majoritairement hellénophone et le nord devenu turcophone.
 
Des lignes de cessez-le-feu et une zone tampon ont alors été établies entre les zones contrôlées par les forces des deux camps. Aujourd'hui encore, sous le contrôle de l'ONU, cette ligne s'étend à travers l'île sur une distance d'environ 180 kilomètres. La zone tampon des Nations Unies a une largeur qui va de 20 mètres à 7 kilomètres.
 
Poignée de mains entre le secrétaire d'Etat américain John Kerry et les responsables chypriotes turc et grecà Nicosie le 3 décembre 2015. (JONATHAN ERNST / POOL / AFP)

Depuis 1974, malgré des tensions, la situation est restée globalement calme sur l’île, se félicite l’ONU. Mais comme le reconnaît l’Organisation, Chypre connaît un régime de cessez-le-feu et non la paix. Nicosie, la capitale, est divisée en deux. Elle détient le triste privilège d’être l’ultime capitale d’Europe à être partagée.
 
Vers une fédération bi-zonale
L’enjeu est désormais de réinventer le vivre ensemble. Il s’agit de réunifier l’île sous la forme d’une fédération des deux communautés en deux zones. Mais les dirigeants doivent prendre des décisions difficiles et lourdes de conséquences. Comment partager le pouvoir ? Quel avenir pour les droits de propriété quand des dizaines de milliers de personnes ont été déplacées ?
 
Mais dans un entretien au journal La Croix, Emine Çolak, la ministre des Affaires étrangères de Chypre Nord se montre optimiste. «Une alchimie positive est apparue entre les deux présidents.» «Les rencontres entre eux sont fréquentes. Ils ont pris le café ensemble dans la vieille ville de Lefkosa, ont assisté à un concert ensemble, sont allés au théâtre... Ils se montrent, polis, mesurés. Cela fait passer les bons messages aux deux populations.»
 
Depuis juillet 1974 l'île de Chypre est coupée en deux zones, turque et grecque. (AFP)

Sur la question de la propriété des terres et des biens, trois options sont envisagées affirme la ministre. Retour des réfugiés, échange de biens ou compensation. La dernière sera sans doute privilégiée.
«Ce sera un règlement au cas par cas. Ce sera compliqué car le nombre d’ayant-droit a augmenté depuis 1974. Mais c’est la question-clé. Si on arrive à un accord, tout le reste se mettra en place», conclut Emine Çolak
 
Il est vrai que l’élection de Mustafa Akinci à la tête de la partie turque en mai 2015 a créé un climat propice. L’homme de centre gauche, longtemps maire de la partie turque de Nicosie, a toujours gardé le contact avec le Sud grec. Ainsi, les deux zones ont décidé d’ouvrir de nouveaux points de passage entre le Nord et le Sud. Les réseaux électriques et téléphoniques seront également reliés.
 
En 2004, un projet de réunification a échoué. Par référendum, les Chypriotes grecs avaient rejeté le plan de réunification proposé par l’ONU. Cette fois, il faut espérer que les ressources en hydrocarbures découvertes ne relancent pas la zizanie entre les deux camps.

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